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Orange Bank : Opération Conquête

© Getty Images

Façonnée et (patiemment) ciselée dans l’antichambre de l’opérateur téléphonique, Orange Bank est officiellement mise sur orbite ce jeudi. Objectif avoué : « cannibaliser » un quart du marché de la banque en ligne en France.

Tout vient à point qui sait attendre. Le célèbre adage sied parfaitement à Orange Bank dont le lancement, maintes fois repoussé, est (enfin) intervenu ce jeudi matin. Et c’est peu dire que l’opérateur historique nourrit de hautes ambitions pour sa nouvelle tête de gondole, en l’occurrence « s’octroyer » 25% du marché de la banque dans l’Hexagone. « Nous visons 2 millions de clients en dix ans. Mais j’espère que nous ne nous arrêterons pas à deux millions et que nous serons leader sur ce marché dans quelques années », a développé André Coisne, directeur général d’Orange Bank sur Reuters TV et qui préside aux destinées de la banque en ligne depuis l’an dernier après avoir supervisé les lancements des banques en ligne d’ING Direct et BforBank, la banque en ligne du Crédit agricole. Si comme évoqué en préambule, ce monumental projet a connu des retards à l’allumage, force est de constater que le contexte semble désormais idoine pour œuvrer à l’implantation de cette nouvelle offre.

Sur le front réglementaire tout d’abord, avec l’entrée en vigueur, l’année prochaine, d’une nouvelle directive européenne imposant aux banques de rendre accessibles des données sur leurs clients, évidemment à la condition que ces derniers donnent leur accord. Une « mine d’or » pour les nouveaux entrants comme Orange qui disposeront ainsi d’une manne considérable d’information et de « matière » pour conquérir de nouveaux clients et leur proposer des offres « ciblées » davantage en adéquation avec leurs besoins. Autre bonne nouvelle « conjoncturelle » pour Orange, l’augmentation significative des paiements sur internet dans la mesure où 793,5 millions de transactions en ligne ont été enregistrées l’an passé contre « seulement » 586,2 millions en 2014. En outre, comme relayé par Reuters, Le cabinet Ernst & Young estime que le nombre de clients qui ouvriront un compte ou souscriront un prêt en ligne devrait être multiplié par six pour atteindre 17 millions dans les 10 prochaines années.

25 000 demandes de « renseignements »

S’il est évidemment trop tôt pour préjuger de l’accueil des clients, le maitre-d’œuvre d’Orange Bank offre néanmoins quelques éléments de réponse. « Quelque 25 000 personnes ont demandé à recevoir des informations », souligne André Coisne. Une « goutte d’eau » néanmoins au regard des 21 millions de clients Orange, mais un « bon début » pour le directeur général qui voit là une formidable opportunité pour les opérateurs télécom de diversifier leurs activités. Pour fidéliser leurs clients, beaucoup d’opérateurs ont jusqu’à présent misé sur les contenus en incluant dans certains forfaits l’abonnement à un service de musique en streaming comme Deezer, un kiosque presse ou une chaîne sportive, à l’instar d’Altice qui tisse sa toile dans l’audiovisuel.

Car le grand rival d’Orange a également annoncé la mise sur orbite prochaine de sa propre banque en ligne. Altice a, en effet, déposé une demande d’agrément auprès de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour lancer sa propre offre bancaire. « Ce qui semble se dessiner est bel et bien une banque à la dimension européenne, qui s’appuierait sur le réseau de 1 200 boutiques en Europe, dont 600 en France, avec l’espoir de recruter une grande partie de ses 40 millions de clients européens » évoquait Le Parisien-Aujourd’hui en France. La nouvelle offre de Altice qui devrait, comble de l’originalité, répondre à la nomination « Altice Bank », ne devrait être disponible qu’entre la fin de l’année 2018 et le printemps 2019. 

Quid des acteurs traditionnels ?

Face à cette offensive remarquée des géants des télécoms, comment s’organise la riposte du côté des banques « canal historique » ? Outre l’arrivée d’Orange Bank et donc bientôt de SFR, une disposition de la Loi Macron, permettant de faciliter les démarches des particuliers désireux de changer de banque, pourrait également provoquer « un exode massif » vers les banques en ligne. C’est d’ailleurs en ce sens que la banque a fait l’acquisition en avril dernier de la « pépite de la Fintech hexagonale », Compte-Nickel. Cette dernière est un service de comptes bancaires en temps réel, ouvert à tous, sans conditions de revenus, de dépôts ou de patrimoine. En revanche, ce service ne permet ni découvert, ni crédit.

Hormis ces deux derniers aspects, le compte bancaire dispose des mêmes prérogatives qu’un compte classique. Celui-ci s’ouvre chez un buraliste agréé par la Banque de France et donne droit à son détenteur à un espace internet pour suivre ses opérations, une MasterCard internationale, ainsi qu’à un Relevé d’identité bancaire (RIB) pour domicilier ses revenus, recevoir et émettre des virements sur son compte et enregistrer des prélèvements. « C’est un cran supplémentaire d’intensité concurrentielle que nous allons devoir affronter », avait estimé en mai Philippe Brassac, le directeur général de Crédit agricole selon des propos relayés par Reuters. Mais il paraît peu probable qu’Orange se mue en banquier, cette activité ne devrait représenter qu’une infime partie de ses revenus. Les banques traditionnelles peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Pour l’instant.

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