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L’Oréal Tenté Par Le Rachat De La Participation De Nestlé ?

Atmosphere during L’Oreal Paris Style Lab Los Angeles Opening at L’Oreal Store in Los Angeles, California, United States. (Photo by Donato Sardella/WireImage for Bragman Nyman Cafarelli)

L’entrée du fonds activiste américain, Third Point, dans le capital de Nestlé a déclenché une onde de choc sur les marchés. Désormais « possesseur » de 1% du géant helvétique de l’agroalimentaire, Third Point enjoint très fortement Nestlé à se séparer d’activités non-stratégiques, au premier rang desquelles sa participation – à hauteur de 23% – dans l’Oréal. Une possibilité qui « dynamite » le titre du leader mondial des cosmétiques qui truste la tête du CAC 40.

Désormais huitième actionnaire de Nestlé, le fonds activiste Third Point -qui a déboursé 3,3 milliards de francs suisses pour s’offrir 1% du capital du groupe helvétique- semble décider à faire le « ménage » dans la maison Nestlé. Le fonds piloté par Daniel Loeb, déjà connu pour ses campagnes visant entre autres le japonais Sony et l’américain Honeywell, a enjoint, dans une lettre aux investisseurs, la direction de Nestlé à améliorer ses marges – de 18 à 20% à l’horizon 2020 contre un peu plus de 15% actuellement-, lancer un plan de rachats d’actions et céder des actifs non stratégiques. Tout un programme ! Le dernier aspect n’a pas manqué de suscité les commentaires des analystes dans la mesure où ce « volet » de cession d’actifs non stratégiques concerne au premier chef l’Oréal, dont Nestlé possède 23% du capital. Il n’en fallait pas davantage pour que les spéculations aillent bon train sur cette potentielle cession. Même si certains analystes demeurent réservés sur la possibilité de voir Nestlé sortir de l’Oréal. « Nous ne pensons pas que Nestlé voudra perdre la flexibilité financière que lui procure sa participation dans L’Oréal ou les opportunités stratégiques potentielles d’une éventuelle fusion Alimentation-Pharmacie-Beauté », souligne ainsi le bureau d’études américain Bernstein, cité par Reuters.

Fort de ce postulat, le broker estime l’hypothèse que Nestlé cède ses parts dans l’Oréal résolument faible – « moins de 10% », abonde Bernstein- qui, est revanche, juge davantage crédible que Nestlé prenne le virage stratégique d’une amélioration de ses marges. « Nous estimons à 75% à la probabilité que le groupe helvétique, en réponse à Third Point, s’engage dans une stratégie d’amélioration de ses marges, sans pour autant atteindre l’augmentation de 400 points de base réclamée par le fonds », développe Bernstein qui, en profite, pour égratigner voire-même fustiger l’attentisme de Nestlé jusqu’à présent. « Comme à Unilever, on peut reprocher à Nestlé d’avoir été nonchalant et complaisant et ne de pas avoir pleinement exprimé son potentiel. Il pourrait désormais être contraint à agir par une force extérieure ». Pour rappel, la marge d’Unilever est légèrement supérieure à celle de Nestlé dans la mesure où elle dépasse légèrement les 16%. Une raison supplémentaire, pour Third Point, de prendre des mesures pour redresser la barre du vaisseau-amiral Nestlé.

L’Oréal à un plus haut historique

Diverses données qui de, facto, ont galvanisé l’action l’Oréal qui grimpe de plus de 4% depuis l’ouverture et s’est installé très confortablement dans aux premières loges du CAC 40. Au point même d’atteindre son nouveau record à 197,5 euros pour un titre l’Oréal. Tout cela grâce à l’arlésienne de la cession des 23% de Nestlé. Une « rumeur » qui revient régulièrement pointé le bout de son nez mais qui permet donc, cette fois-ci, à l’Oréal de signer son record historique. Toutefois, si Nestlé- qui a déjà cédé 8% du capital à l’Oréal en 2014- souhaite céder la totalité de ses actions, qui pourrait être tenté d’en faire l’acquisition ? Difficile d’imaginer l’Oréal « faire entrer » de nouveaux investisseurs dans son capital. Faute de « candidats crédibles », le géant des cosmétiques pourrait ainsi être tenté de sauter sur l’occasion pour rafler la mise et racheter les 129,9 millions d’actions détenues par Nestlé. Une possibilité pas si saugrenue que cela.

Pour parvenir à ses fins, l’Oréal devrait débourser la bagatelle de 24,4 milliards de dollars. Une somme largement dans ses moyens si l’on considère que le groupe, dont la capitalisation boursière avoisine les 110 milliards d’euros, ne supporte aucun endettement et peut compter sur 1,75 milliards de trésorerie. En outre, le groupe de cosmétiques possède également une participation à hauteur de 9,15% dans Sanofi. Un investissement valorisé, au cours de clôture de vendredi soir (87,88 euros), à 10,74 milliards d’euros. Toutefois, cette perspective aurait pour « conséquence mécanique » de voir la famille fondatrice, les Bettencourt, augmenter leur participation qui se situe, à l’heure actuelle, à hauteur de 33,05%.

« Pas de commentaires »

Si l’opération semble réalisable d’un point de vue strictement financier, Nestlé peut-il se permettre de céder la totalité de sa participation dans l’Oréal ? « La direction précédente n’était pas très ouverte aux critiques », souligne Jean-Philippe Bertschy, analyste de Vontobel toujours cité par Reuters. Et de poursuivre. « L’une des priorités de la nouvelle direction est d’améliorer la communication aux actionnaires et les relations avec les investisseurs ; je pense qu’il écoute avec soin ce que les investisseurs ont à lui dire ». Nestlé qui, à l’instar de l’Oreal caracole en tête de la Bourse de Zurich, a d’ores et déjà annoncé qu’il envisageait de céder son activité américaine de confiserie qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 830 millions d’euros. Une « broutille » par rapport à l’opération l’Oréal mais qui illustre le fait que le groupe suisse n’est pas forcément sourd aux doléances et aux desideratas de ses actionnaires. Comme de coutume, ni l’Oréal ni Nestlé n’ont émis le moindre commentaire.

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