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Ligue 1 Et CAC 40 : Pourquoi Cela Ne « Matche » Pas

Getty Images

Alors que certaines entreprises du CAC 40, indice de référence de la Bourse de Paris, enregistrent des résultats impressionnants et jouissent d’une aura internationale, aucune d’entre elles n’est, à l’heure actuelle, présente au sein de l’actionnariat d’un club de Ligue 1. Une « spécificité » française, là où la Bourse de Francfort avec le DAX 30, par exemple, a depuis longtemps su créer des passerelles avec les clubs du championnat allemand.

Si l’effet « Coupe du monde » et le sacre des Bleus ont (trop) rapidement laissé place à une actualité « politico-judiciaire » avec pour étendard Alexandre Benalla, le football devrait rapidement revenir sur le devant de la scène. A la veille du trophée des champions qui opposera le PSG à Monaco en Chine – mondialisation et conquête de nouveaux marchés obligent –  à une semaine de la reprise de la Ligue 1, un tour d’horizon s’impose. Une « revue de détail » qui implique également de se plonger dans l’actionnariat des clubs, l’argent étant le nerf de la guerre, est de constater que les « ponts » entre l’élite du football français et les plus beaux fleurons de l’économie hexagonale restent encore à bâtir. Alors LVMH, Kering, Orange, Engie, Total bientôt parties prenantes dans un club de Ligue 1 ? Comme expliqué par l’Equipe dans un dossier très complet sur la question,  la possibilité de voir Sanofi ou Airbus investir au sein de l’une des 20 écuries de Ligue 1 relève pour le moment du mirage. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué ces dernières années. Paris, Marseille, Monaco, ou plus récemment Bordeaux, ce qui constitue en toute « objectivité »  la crème de la crème de notre championnat (sans oublier Lyon mais dont Jean-Michel Aulas demeure pour l’instant le garant de l’identité française), ont changé de main au cours des dix dernières années. Et aucune société du CAC 40 n’a daigné s’y intéresser.

Résultat, ces quatre équipes qui cumulent 30 titres de champion de France, 31 Coupes de France, 15 Coupes de la Ligue et deux Coupes d’Europe (Ligue des Champions 1993 pour l’OM et Coupe des Vainqueurs de Coupes 1996 pour le PSG) sont passées sous pavillon qatari, russe ou américain. Comment expliquer cette désaffection ? La première raison est avant tout financière. Quand les investisseurs du CAC 40 courent après la rentabilité, devenir actionnaire d’un club de football peut s’avérer contraire au but recherché. Doux euphémisme. « Parmi les critères d’établissement d’un cours de Bourse, il y a la profitabilité et la prévisibilité. Quand vous n’avez aucun des deux, cela ne vous incite pas à y aller. La gestion d’un cours de Bourse nécessite de donner beaucoup de visibilité, d’assurance. Il faut être capable d’annoncer les prévisions et les tenir. C’est tout l’inverse de ce qu’est le sport », explique, dans les colonnes de l’Equipe,  Christophe Chenut, proche de François Pinault PDG de Kering et propriétaire du Stade Rennais. Ce dernier est d’ailleurs la propriété de la holding de François Pinault, Artémis, et non de Kering qui fait partie des sociétés en portefeuille de ladite holding.

Bordeaux sous pavillon américain pour 100 millions d’euros

Pourtant, si Bordeaux vient d’être cédé à un fonds américain pour 100 millions d’euros (plus cher que la cession du PSG, en 2011, à QSI), d’autres clubs de Ligue 1, au potentiel particulièrement attractif, ont été cédés pour moitié moins. L’Olympique de Marseille est ainsi tombé dans l’escarcelle de l’Américain Frank McCourt pour « seulement » 45 millions d’euros. Ce qui correspond peu ou prou à la somme déboursée par le tentaculaire groupe de luxe LVMH, première puissance mondiale du secteur, pour s’offrir le journal « Le Parisien ». Autre aspect rebutant les potentiels décideurs à s’intéresser aux clubs de Ligue 1, « l’arlésienne » de la fiscalité. « Les clubs français, de ce point de vue, courent avec un boulet au pied : le niveau de charges sociales, d’imposition et de droits télé (même si ceux-ci vont passer de 726,5 milliards d’euros par an de 2016 à 2020 à 1,153 milliard d’euros par an pour la « tranche » suivante, 2020-2024) », développe Christophe Chenut, toujours dans les colonnes du quotidien sportif. Pourtant, « un » précédent existe. Celui de Peugeot qui fut de 1928 à 2015 actionnaire du FC Sochaux-Montbéliard, ancienne place forte du football de l’est de la France (deux fois champion de France et deux coupes de France dont la dernière en 2007 face à l’OM), qui se morfond aujourd’hui dans les limbes de l’échelon inférieur, sous perfusion de capitaux chinois.

A défaut d’être au capital de ces clubs, certaines composantes du CAC 40 ont néanmoins « un pied » en Ligue 1. Orange et Véolia figurent, en bonne place, sur les tuniques de l’OM et de l’Olympique Lyonnais. D’ailleurs, l’ex-France Télécom a même « donné » – moyennant un contrat de 3 millions d’euros sur 10 ans – son nom au Stade Vélodrome. Un « naming » très courant outre-Atlantique et qui se développe de plus en plus en France (Outre l’Orange Vélodrome, citons le Groupama Stadium de Lyon, l’Allianz Riviera de Nice ou encore la Matmut Arena de Bordeaux).  Même les « accointances régionales » ne semblent pas émouvoir outre mesure les décideurs du CAC 40. Ainsi, il aurait été – dans un monde idéal – presque naturel de voir l’avionneur Airbus s’inscrire, d’une manière ou d’une autre, dans l’histoire du Toulouse Football Club. Mais le rival de Boeing semble davantage s’intéresser au rugby. A l’inverse, les fleurons allemands comme Volkswagen, propriétaire du club de Wolfsburg, le groupe pharmaceutique Bayer à Leverkusen, ou encore Adidas et Allianz en Bavière, ont lié leur histoire à celle d’un club de première division allemande.  La France va encore devoir patienter avant de voir une société du CAC 40 et un club de Ligue 1 unir leur destin.

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