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Les Participations De L’Etat Français… La Quadrature Du Cercle

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Avec la cession de 4% du capital d’Engie la complexité de la gestion des participations de l’Etat Français apparaît au grand jour une fois de plus. L’Etat Français, à travers l’Agence des Participations de l’Etat (APE), détient des parts du capital de plusieurs grandes entreprises Françaises cotées : Renault, Peugeot, Safran, Thales,  Orange,  Airbus, EDF, Air France, Areva, CNP, Eramet et Aéroport de Paris.

 

Le montant global de ces participations atteint 59.7 Mds€ à fin décembre 2016. L’Etat Français, avec un succès que l’on peut qualifier de médiocre, gère ce portefeuille en tentant de ménager des intérêts et des objectifs disparates. Le résultat est évidemment décevant pour beaucoup des entreprises concernées, pour les contribuables et pour les salariés de ces entreprises.

Le placement de 4% d’Engie est un peu une caricature de la gestion du portefeuille de l’APE : la situation d’Areva, autre participation de l’APE, est tellement désastreuse qu’une augmentation de capital massive est devenue indispensable. L’Etat va devoir trouver rapidement 4.5 Mds€ pour cette opération ! EDF est aussi en difficulté et l’Etat devra là aussi trouver environ 3 Mds€. Pour trouver ces montants, l’Etat va devoir recourir à l’emprunt et à des cessions sur son portefeuille via l’APE. Une cession de 4% d’Engie permet de trouver un peu d’argent sans changer trop profondément la structure du capital dont l’Etat restera actionnaire de 29% (32% des droits de vote). Avec ce type de contrainte, le cours de bourse est un peu accessoire (!) et il n’est pas étonnant de ce fait que les titres aient été cédés pratiquement au plus bas après une baisse de près de 70% depuis 2008 !

En fait, si on analyse ligne à ligne les détentions de l’APE, la situation est extrêmement complexe : il y a des équilibres actionnariaux à préserver, des relations avec les syndicats à ménager et des ambitions industrielles à poursuivre, le tout sous pression de l’opinion publique…

Le problème de fond est qu’il n’y a pas de stratégie claire affichée. Une gestion au coup par coup en fonction des besoins à l’achat ou à la vente ne peut pas mener à de bons résultats. L’Etat va ainsi souscrire à des augmentations de capital (EDF, Areva) : quel est l’objectif ? Pourquoi ne pas traiter réellement le cas Areva en repensant le dispositif ? Il est probable que ces augmentations de capital ne résolvent pas les problèmes de ces entreprises… Statistiquement ce type de situation ne s’arrangent pas avec le temps.

Renault, Peugeot, Airbus ou Thalès : la participation de l’Etat est le fruit d’équilibre avec les autres actionnaires. L’Etat ne peut pas toucher facilement les proportions sans conséquences pour ces entreprises. Là aussi : quelle est la stratégie de l’Etat à un horizon 10 ans sur ces participations ?

De la même façon, on imagine mal l’Etat sortir d’Air France ou EDF sans lourdes conséquences sociales. Dans un autre registre, l’Etat ne peut pas sortir d’Aéroport de Paris sans changer la loi. Dans tous les cas, sans une ligne directrice claire, le résultat déçoit forcément.
Les seules participations peut-être vendables seraient Orange (5 Mads€) ou Safran (4 Mads€). Est-ce une bonne idée de vendre Orange à moins de 15 € ? Safran à 67 € serait une bonne vente sur le plan financier mais le secteur est stratégique !

 

La situation devient de plus en plus complexe et l’absence de stratégie claire sur l’ambition de l’Etat avec ce portefeuille de près de 60 Mds€ conduira probablement à de lourdes pertes financières. Le prochain Président devra rapidement mettre en œuvre une réelle stratégie pour gérer cet important actif.

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