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Le « Risque Mélenchon » Fait Trembler Les Marchés Et Grimper La Dette Française

© Getty Images

Porté par le vent sondagier au point de s’inviter parmi les prétendants crédibles à la victoire finale du 7 mai prochain, Jean-Luc Mélenchon fait vaciller les marchés qui considèrent désormais cette hypothèse avec le plus grand sérieux…et la plus grande méfiance.

La « hype Mélenchon » se poursuit. Autrefois promis aux limbes sondagières, le candidat de la France insoumise est désormais l’homme fort de cette fin de campagne, au point de « mordre les mollets » de François Fillon et le bouter hors du podium. Crédité au gré des enquêtes de 17 à 19% des suffrages, l’ancien sénateur socialiste est, depuis ce lundi, testé dans les scenarios de second tour. Un « privilège » jusque-là uniquement dévolu à Marine Le Pen, Emmanuel Macron et François Fillon. Ainsi, le cofondateur du Parti de gauche, s’il était opposé à la présidente frontiste selon lesdites enquêtes, remporterait la victoire et s’installerait pour cinq ans à l’Elysée. En revanche, en cas de confrontation avec le leader d’En Marche!, Jean-Luc Mélenchon s’inclinerait selon toute vraisemblance et laisserait à Emmanuel Macron le soin de revêtir le costume de Président de la République.

Mais c’est la première hypothèse qui cristallisent les craintes des marchés, en l’occurrence le « choc des extrêmes », la confrontation Mélenchon / Le Pen. Un face à face qui prend de plus en plus d’épaisseur au regard de l’irrésistible ascension du député européen couplé aux difficultés d’Emmanuel Macron, incapable de faire « le trou » et installer une distance de sécurité suffisante avec le troisième prétendant, et ce malgré les difficultés, depuis le début de l’année civile, de François Fillon, englué dans « les affaires ». Ainsi, le « risque politique » face au spectre « Mélenchon-Le Pen » plane au-dessus des places financières et notamment sur le marché obligataire.

Le « spread » France-Allemagne au plus haut

En effet, l’écart de rendement – correspondant à la dénomination de « spread » en jargon financier- entre l’obligation française (OAT) et le « Bund » allemand a atteint ce mardi un plus haut de six semaines. Dans le détail, le fossé entre les deux obligations a atteint les 75,20 points de base selon les données Tradeweb citées par Reuters, ce qui induit une augmentation de la prime de risque pour détenir de la dette française plutôt qu’allemande, considérée dès, lors, comme plus sûre.

Ce spread, très surveillé sur les marchés, avait atteint 84,5 points de base en février après la publication de sondages donnant Marine Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour. Dans ce contexte, les valeurs refuges par excellence au premier rang desquelles l’or ou encore la devise nippone, le yen, sont particulièrement recherchées par les investisseurs.

Les marchés actions et les valeurs bancaires retiennent leur souffle

Mais le marché de la dette n’est pas le « seul » à trembler sur ses fondations. Sur le front des actions, la tension est également palpable. Ainsi, une victoire finale de la présidente du Front National ou de Jean-Luc Mélenchon ferait office de cataclysme, notamment pour les valeurs bancaires, qui pourraient être particulièrement impactées au regard de la position des deux impétrants sur la question européenne. Pour rappel, Jean-Luc Mélenchon prône purement et simplement une sortie des traités européens en cas d’échecs des négociations avec les partenaires de l’Union quand Marine Le Pen caresse l’espoir d’un retour à une monnaie nationale, et de facto, la fin de l’euro.

Mais certains analystes jugent néanmoins l’hypothèse d’un tel face à face peu crédible. C’est notamment le cas de la banque américaine Citigroup qui mise davantage sur une victoire finale d’Emmanuel Macron, après avoir longtemps « parier » sur l’alternance, et un triomphe de François Fillon. « Nous changeons notre scénario de base pour une victoire de Macron (probabilité de 35%) », lit-on dans la note de Citigroup, relayée par Reuters. « Fillon est notre scénario alternatif (30%) », poursuit-elle. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il ne recueille « que » 10%. Pour rappel, Citigroup estimait, en août dernier, à 65% la probabilité d’une victoire d’Hillary Clinton face à Donald Trump…

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