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Le Pétrole À La Croisée Des Chemins

Les inquiétudes quant à la capacité de réduire les stocks mondiaux de pétrole ont conduit à la dégringolade du prix du baril la semaine dernière. Cette déconvenue s’explique par le danger que suscite l’accélération de la production du pétrole de schiste américain, associée à la crainte d’un ralentissement de la demande mondiale.

Alors que l’extension de l’accord de l’OPEP et ses alliés semble se dessiner le 25 mai, les déclarations encourageantes des membres du cartel peinent à convaincre les investisseurs. En effet, le prix du WTI (pétrole américain) s’est enfin stabilisé autour de 46$, non loin du prix auquel s’échangeait le baril avant l’accord du 30 novembre. A la croisée des chemins et à la merci de la spéculation autour d’une extension de l’accord, les prix de l’or noir promettent d’être volatils ces prochaines semaines.

Des profits solides pour les producteurs de pétrole et des perspectives qui déstabilisent les cours

La chute amorcée le 4 mai s’est accélérée avec les résultats des entreprises du secteur pétrolier. Ainsi, les bénéfices de Royal Dutch Shell ont plus que doublé par rapport à l’année dernière, alors qu’ExxonMobil, Chevron, Total et BP ont tous battu les prévisions des analystes. Les spécialistes du pétrole de schiste n’étaient pas en reste à l’image de Pioneer, Diamondback Energy, ou encore Chesapeake Energy, qui ont largement battu les attentes. Mais au-delà des résultats, c’est bien les perspectives qui inquiètent, Pioneer (et d’autres) étant prêts à augmenter le nombre de puits en activité ainsi que leur production à court terme.

Dans ce contexte, la crainte de voir les efforts de l’OPEP contrebalancés par les producteurs américains s’intensifie. En effet, selon Baker Hugues, le nombre d’ouvertures de puits de pétrole a augmenté de ~122% depuis mai 2016, tandis que l’extraction d’or noir américain a atteint près de  9.3 millions de b/j (en hausse de ~11.5% depuis l’accord).

Source : DOE – Drilling Productivity Report

En parallèle, la demande mondiale montre des signes de fébrilité

En avril dernier, l’IEA (International Energy Agency) a abaissé sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2017, anticipant notamment une perte d’appétit des pays de l’OCDE. Dans ce sens, le ralentissement récent des ventes de véhicules neufs aux Etats-Unis laisse présager une consommation future d’essence moindre (négatif pour pétrole).

Par ailleurs, les craintes de voir la croissance chinoise fléchir pèse également sur les prix des matières premières alors que les derniers indices PMI manufacturiers ont mis en évidence un ralentissement de l’activité. De plus, le pays commence à montrer des signes alarmants, les autorités s’empressant de mettre en place des mesures de restrictions dans de nombreux secteurs de l’économie (immobilier, marchés financiers, assureurs, banques, etc.)

La demande en provenance de l’Inde a aussi montré une certaine faiblesse suite au processus de démonétisation amorcée par la banque centrale. Ainsi, l’IEA a revu en baisse son estimation de la croissance de la demande indienne de 11% sur l’ensemble de l’année (+235 000 b/j vs +265 000 b/j).

Dans ce contexte, les dernières prévisions de l’EIA (U.S. Energy Information Administration) suggèrent que la croissance de la demande mondiale de carburants (liquides) devrait ralentir cette année pour la première fois depuis 2011.

Source : U.S. Energy Information Administration

Les prix du baril sont suspendus à la décision de l’OPEP

Les déclarations encourageantes de l’OPEP et de la Russie sont légions depuis plusieurs jours, ces derniers essayant de maintenir à flot un baril largement sous pression. L’Arabie Saoudite et la Russie, qui seraient pourtant prêtes à réduire leur production au-delà de 2017 (potentiellement à un niveau inférieur à celui de l’accord existant), peinent à faire rebondir le prix de l’or noir.

Si un consensus semble se dessiner pour étendre l’accord historique conclu le 30 novembre dernier, il pourrait coûter des parts de marché au cartel et à ses partenaires. L’OPEP et ses alliés sont sans conteste dans une situation délicate face à des producteurs américains de plus en plus agressifs mais la menace pourrait également venir d’ailleurs. La production libyenne, qui a récemment atteint son plus haut niveau depuis décembre 2014, pourrait continuer d’accélérer suite à l’accord politique récent trouvé au sein du pays. En parallèle, le Nigéria (également exempté de l’accord) aurait significativement augmenté sa production en mai à 2 millions de b/j tandis que l’Iran est susceptible de faire cavalier seul.

Compte tenu des réactions modérément positives des investisseurs aux déclarations optimistes des producteurs, le cartel semble contraint d’étendre son accord, au risque d’envoyer les prix en dessous de 40$ (pour le WTI). A l’inverse, un accord faciliterait le re-balancement d’un marché en excès d’offre, et permettrait au prix du baril de rebondir.

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