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Le financement participatif a su résister à la crise

Le financement participatif, ou crowfdfunding, connait un essor depuis plus d’une décennie en France, et en Europe où de plus en plus d’épargnants particuliers ont investi dans des projets privés depuis une plateforme.

 

Depuis 2015, alors que le crowdfunding français dépassait à peine les 100 Millions d’euros collectés, la croissance des volumes a été forte, et aujourd’hui ce sont près de 2 Milliards d’euros qui ont été investis pendant l’année 2021. Le financement participatif a su traverser la crise CoVid avec une croissance des montants investis entre 2019 et 2020, mais aussi en s’étant révélé comme un marché au service du soutien aux entreprises.

Aujourd’hui les acteurs du financement participatif sont au cœur d’une réforme de leur marché à un niveau européen. Cette harmonisation des règles de ce marché favorisera les passerelles et l’internationalisation des plateformes, et dynamisera le marché au niveau européen. Toutefois, les conditions économiques, géopolitiques et réglementaires entrainent une forte incertitude sur les dynamiques futures de croissance du financement participatif.

 

Le financement participatif a traversé la crise

L’année 2021 confirme la croissance forte des métiers du financement participatif en France. Selon le dernier baromètre du crowdfunding publié par Financement Participatif France, l’association des professionnels du crowdfunding, ce sont 1,88 Milliard d’euros qui ont été collectés auprès de la foule en France. C’est 3 fois plus important que les montants collectés en 2019, alors que ces métiers atteignaient 0,6 Milliard d’euros. La forte croissance concerne en premier lieu le secteur du crowdfunding immobilier, ces montages où les investisseurs prennent une participation sous la forme d’obligations dans un financement immobilier neuf, rénovation ou encore des opérations de marchand de biens. Ce dernier pèse plus de 60 % des montants collectés, favorisé dès 2014 par une réglementation qui protège les investisseurs et qui connait depuis un développement rapide malgré la crise CoVid de 2020.

Le financement participatif a également gagné en renommée par sa faculté à s’adapter au contexte de crise, et en particulier à sa capacité à proposer des financements aux très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME) sous la forme de Prêts Garantis par l’Etat (PGE). En effet, malgré l’urgence de la situation et la jeunesse de cette industrie, les plateformes de crowdfunding ont su se mobiliser afin de permettre aux porteurs de projets de souscrire un PGE en collectant l’argent auprès des investisseurs particuliers. Ce sont ainsi plus de 7 Millions d’euros qui ont été collectés sur les 8 plateformes de crowdlending, métier qui consiste en l’octroi de prêt aux entreprises via une collecte auprès d’investisseurs particuliers, à destination du tissu productif français en difficulté pendant la crise. Cette adaptabilité et réactivité ont permis au grand public de prêter aux entreprises et de profiter d’un placement garanti par l’Etat. Au-delà des montants modestes collectés, c’est bel et bien l’image du financement participatif qui a été positivement impactée.

En tant qu’opportunité de placement attractif, pendant une période où la demande de rendements était forte et les montants d’épargne importants, le financement participatif a présenté de nombreux atouts. Tout d’abord des taux de rendement élevé, en particulier sur le crowdfunding immobilier dont les taux de rendements se situent entre 6 et 12 % brut. En ce qui concerne les taux de rendement du crowdlending dans son ensemble, les taux de rendement sont nettement plus disparates, de par la faiblesse des taux d’intérêt mais aussi de la diversité des profils d’entreprises recourant à ce type de financement. Les rendements s’échelonnent entre 2 % (pour les PGE par exemple) à plus de 12 % pour les projets les plus risqués. Ces rendements importants ne doivent pas omettre les risques supportés par les investisseurs particuliers. Bien que les taux de défaut affichés par les plateformes restent faibles (en lien avec un nombre de défaillance des entreprises faible sur la période CoVid), le placement en crowdlending reste risqué, et les rendements proposés soumis à la conjoncture économique.

Les métiers du financement participatif en action restent sur des montants faibles. Ils représentent un relais de croissance du marché important à l’avenir, en particulier face à l’appétence des investisseurs particuliers à diversifier leurs opportunités de placement, et leur recherche de rentabilité importante.

 

Une croissance forte, et un marché de plus en plus réglementé

Face à la croissance forte du crowdfunding en Europe, l’Union Européenne a publié un Règlement européen le 7 octobre 2020  (entré en vigueur le 10 novembre 2021). Cette nouvelle réglementation a pour objectif d’harmoniser les marchés et les règlements nationaux avec comme objectif de dynamiser et renforcer ces métiers de financement à l’échelle européenne. Portée par la naissance de plateformes supranationales, et constatant une concentration du marché, avec de moins en moins de création de nouvelles plateformes, cette règlementation instaure un statut unique de ESCP (European Crowdfunding Service Provider) qui remplacera progressivement les statuts français actuels d’Intermédiaire en financement Participatif (IFP) et Conseiller en Investissement Participatif (CIP). Ce nouveau statut reflète mieux le rôle d’intermédiaire des plateformes de crowdfunding entre des particuliers et projets risqués.

Ces nouveaux statuts place au cœur de ce métier la transparence des projets soumis par les plateformes, avec des exigences publiées par l’Autorité Bancaire Européenne (ABE). Pour ce faire, la transparence sur l’analyse des risques portés par les projets soumis est renforcée, ainsi que les méthodologies mises en œuvre pour identifier et communiquer sur ces risques. Ceci est notamment important pour les investisseurs particuliers qui supportent la majeure partie des risques de leurs investissements. Cette réglementation induit également une nécessité de protection des investisseurs, en créant de catégories d’investisseurs. En particulier, des règles et des informations supplémentaires seront nécessaires pour les investisseurs les plus vulnérables, accompagnées de seuil d’investissement.

 

Les risques pèsent sur le financement participatif

Bien que le financement participatif connaisse une croissance soutenue depuis plus d’une décennie, ce métier est soumis, comme les autres métiers de la finance, à des risques qui s’accroissent.

D’une part, une recrudescence des défaillances d’entreprises pourrait être observée avec la fin des plans de soutien aux entreprises, mis en place pendant la crise CoVid. Un rehaussement des défaillances des projets de crowdfunding pourrait nuire aux rendements attendus des investisseurs particuliers, et être moins attractifs pour les épargnants les plus averses aux risques. En effet, la multiplication des provisions spécifiques, associées à l’occurrence de procédures collectives et de constatations de pertes dans des portefeuilles de crédit conduiraient mécaniquement à baisser la rentabilité de ces placements.

Ensuite, la remontée des taux obligataires pourrait renforcer l’attractivité des produits moins risqués, et renforcerait le besoin des plateformes de remonter leurs conditions de sélection de projets et d’élargir leur offre.

Enfin, l’inflation grandissante partout en Europe du fait d’une conjoncture géopolitique dégradée pourrait nuire à la collecte de fonds auprès de particuliers. En effet, une inflation forte peut rogner les capacités d’épargne des particuliers, et renforcer leur aversion aux risques qui les détournerait des placements risqués au profit de placement sur les livrets réglementés et autres investissements moins risqués.

 

Article rédigé par Pierre-Michel Becquet, BSI Economics

 

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