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La Conformité Bancaire A L’Heure De La Blockchain

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Les métiers de la conformité dans les banques sont en pleine mutation. La blockchain pourrait permettre de mutualiser certaines tâches liées à la connaissance des clients, l’intelligence artificielle pourrait se généraliser sur les tâches de contrôle et de détection.

 

Les métiers de la conformité se sont développés dans les banques à la fin des années 90, avec le renforcement des réglementations sur la protection des investisseurs, l’intégrité des marchés financiers et les premiers textes sur la prévention du blanchiment et du financement du terrorisme.

L’augmentation du nombre et de la complexité des réglementations, mais aussi l’accroissement du montant des sanctions ont conduit les banques à renforcer leur gouvernance et leurs dispositifs de prévention, de détection et de gestion des risques de non-conformité. Les banques ont renforcé leurs effectifs et emploient aujourd’hui, directement ou indirectement, des milliers de collaborateurs sur des tâches de conformité, avec des enjeux de masse salariale, de formation et d’organisation. En parallèle, les banques ont investi dans des solutions informatiques pour sécuriser et automatiser les processus conformité, mais de nombreuses tâches demeurent encore manuelles (collecte de documents, saisies de données, etc.).

La Blockchain, la Robotic Process Automation (RPA) et l’intelligence artificielle (IA) sont des nouvelles technologies que les banques cherchent à mettre en œuvre pour aller vers une « conformité 3.0 ». La Blockchain peut apporter des économies d’échelle avec une mutualisation sécurisée entre plusieurs établissements de certaines diligences de conformité, typiquement en matière de connaissance client. La RPA peut automatiser des tâches à faible valeur ajoutée telles que des saisies de données dans les systèmes d’information. Les logiciels actuels, par exemple sur blanchiment, génèrent un nombre important de « faux positifs » dont le traitement est à la fois coûteux en temps et générateur de sanctions s’il est mal réalisé : l’IA peut permettre de diminuer le nombre de ces faux positifs et a des domaines d’intervention plus larges encore : reconnaissance documentaire, automatisation des analyses, etc.

La Blockchain pour une conformité 3.0

La transformation des métiers sur la « conformité 3.0 » ne sera pas uniquement menée sur l’autel de la réduction des coûts et des effectifs.

Le renforcement constant de la réglementation sur la conformité a toujours eu un temps d’avance sur les économies découlant de l’investissement dans l’IT. L’amélioration de la productivité marginale liée à l’automatisation dépassera-t-elle enfin l’augmentation des coûts marginaux induits par les nouvelles réglementations ? Rien n’est moins sûr. Les possibilités offertes par la « conformité 3.0 » pourraient tout aussi bien inciter les régulateurs à renforcer, en parallèle, leur niveau d’exigence, sans compter que certaines nouvelles technologies créent des vides juridiques qui vont devoir être comblés par des évolutions réglementaires dont la mise en œuvre sera elle-même porteuse de coûts (validation et back-test des modèles d’IA, mise en conformité avec la protection des libertés individuelles, évolution du cadre réglementaire sur le partage des informations KYC, etc.).

En matière de conformité, l’optimisation des coûts est rarement mise en avant par les dirigeants. Dans les discours, il s’agit surtout d’avoir une conformité qui ne s’exerce pas au détriment de l’expérience utilisateur et des processus qui répondent à la concurrence des GAFAM et GABTX. D’ailleurs quiconque fréquente encore une agence peut s’apercevoir combien les questions administratives prennent un temps croissant lors d’un rendez-vous avec un conseiller et quiconque utilise des services bancaires en ligne sait combien la fluidité de la navigation et la capacité à obtenir immédiatement des réponses sont des éléments qui comptent.

La Blockchain au service de l’expertise

Le renforcement de l’expertise des collaborateurs dans les nouvelles technologies : une priorité pour dessiner les métiers de demain.

A défaut d’une volonté politique de simplification des nouvelles obligations (à l’instar de ce qui a été engagé par la Commission européenne sur EMIR avec la démarche REFIT), le cercle vertueux de l’investissement et de l’innovation sur la maîtrise des coûts de conformité pourrait continuer à n’être qu’une frontière sans cesse repoussée qui devrait continuer à faire la part belle à l’expertise des collaborateurs sur les fonctions conformité. Mais celles-ci devront très certainement se refocaliser vers plus de compétences en technologie, projet, analyse et relation client.

A contrario, les arbitrages consistant à favoriser l’offshoring dans des pays à faible coût de main d’œuvre au détriment de l’investissement IT, notamment dans l’IA, pourraient conduire vers une attrition plus rapidement marquée des emplois sur les fonctions conformité au niveau des sièges sociaux et, à terme, vers une baisse de compétitivité des établissements.

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