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La Chine Et L’Inde Veulent Lancer Un « Bitcoin National »

© Getty Images

Suscitant un engouement manifeste, les cryptomonnaies, à l’instar de la plus célèbre d’entre elles le Bitcoin, attisent la convoitise des pouvoirs publics désireux de pouvoir, eux aussi, « prendre leur part du gâteau ».  L’Inde a, par exemple, récemment fait état de sa volonté de lancer sa propre « monnaie numérique ».

« Lakshmi ». Telle serait, selon certaines sources, l’appellation de la première cryptomonnaie officielle – l’oxymore est manifeste – sur rampe de lancement en Inde. Les pouvoirs publics locaux inscrivent ainsi leurs pas dans ceux de leurs voisins chinois qui ont, eux aussi, émis l’idée de pouvoir lancer leur propre monnaie numérique. L’objectif est simple : essayer – même si la ficelle paraît un peu grosse – d’avoir enfin la main sur un marché qui échappe à tout contrôle et toute régulation des autorités locales. Mais cette « alternative »  qui va à rebours même de l’ADN de ces monnaies a néanmoins peu de chance de trouver son public, comme nous le confirme Jean-David Bénichou, expert en « cryptocurrencies » et PDG de Via.io. « Ces monnaies virtuelles suscitent la défiance de tout ce qui est organisé et régulé. Le paradigme de base des cryptocurrencies est justement celui-ci : moins de centralisation, moins de régulation et plus de pouvoir entre les mains des utilisateurs ».  De facto, introduire un tiers « officiel » au sein de cette relation semble voué à l’échec.

« C’est aller à l’encontre de l’essence même des cryptomonnaies que de les « forcer » à se rallier sous la bannière des régulations nationales. Ces monnaies virtuelles sont l’émanation d’un mouvement libertarien  fondé sur des technologies en Open Source qui reposent sur deux composantes complètement autorégulées, à savoir le réseau internet et la puissance de calcul des ordinateurs qui y sont connectés », abonde l’expert.  La Chine a néanmoins franchi une étape significative avec l’interdiction, il y a quelques semaines, des « levées de fonds par émission de jetons digitaux ». Baptisé ICO – à ne pas confondre avec IPO (introduction en Bourse), la confusion étant fréquente au regard de leurs acronymes respectifs. « Par le biais d’une ICO, vous faites l’acquisition de Token et vous devenez propriétaires d’un instrument de paiement, ce qui n’est pas du tout la même chose qu’une IPO », précise Jean-David Bénichou.

Les levées de fonds en cryptomonnaies interdites en Chine

Pour rappel, les ICOs se sont multipliées en Chine cette année et l’agence Chine nouvelle a rapporté en juillet que 65 opérations avaient été réalisées depuis le début 2017 pour un montant cumulé de 2,62 milliards de yuans (330 millions d’euros) auprès de 105 000 investisseurs. Une manne colossale dont voudraient évidemment profiter les autorités chinoises qui prônent l’interdiction, toujours selon certains spécialistes, pour pouvoir comprendre en profondeur les spécificités de ce marché. Maîtriser tous les tenants et les aboutissants le temps de l’interdiction avant de faire montre de davantage de « flexibilité » en matière de réglementation. Tel semble être le postulat de Pékin. « A de nombreux égards la Chine n’est pas différente des Etats-Unis ou de Singapour quand elle dit, OK nous devons faire marche arrière jusqu’à ce que nous comprenions comme nous pouvons les gérer. Je pense que ce ne sera qu’une mesure temporaire », confirme, de son côté, Zennon Kapron, directeur de Kapronasia, un cabinet de consultants spécialisé dans les technologies financières, et cité par Reuters.

Car c’est manier la litote que de dire que ces nouvelles monnaies occupent le devant de la scène depuis quelques mois, certains responsables des plus éminentes institutions financières s’étant également emparé de ce phénomène, à l’instar de Jamie Dison, PDG de JPMorgan qui a, dans ces dernières déclarations, tiré à boulets rouges sur le Bitcoin et même prédit sa disparition. « Cette monnaie ne va pas marcher. On ne peut pas avoir un système où des gens créent une monnaie avec du vent et penser que les gens qui l’achètent sont vraiment malins ». Et d’asséner – à ses yeux du moins – le coup de grâce. « C’est un marché limité, pire que les bulbes de tulipes (référence au premier krach de l’histoire, à Amsterdam au XVIIe siècle). Peut-être que ça montera à 20 000 dollars avant que cela n’arrive, mais cela finira par exploser ».

« Le Bitcoin va continuer sa marche en avant »

Une analyse cinglante mais littéralement démontée par Jean-David Bénichou dans nos colonnes. « Jamie Dimon est surtout d’une très grande mauvaise foi. Preuve en est : JPMorgan a essayé de déposer 173 brevets autour de la technologie de la blockchain au cours des trois dernières années tandis que son ancienne directrice générale est devenue la dirigeante d’une société de bitcoins à New York. Il a, mieux que quiconque, parfaitement compris l’enjeu colossal incarné par les cryptomonnaies ».  Un « oracle de malheur » aux yeux de Jean-David Bénichou.  Force est de constater que le Bitcoin, après avoir connu un été agité avec sa scission en deux monnaies distinctes, le Bitcoin « canal historique » et son émanation le « Bitcoin Cash », poursuit sa marche en avant.  Après avoir connu un trou d’air il y a deux semaines, sa perte est déjà comblée pour moitié. S’il ne faut « jamais dire jamais », son implosion à court terme ne semble toutefois pas d’actualité.

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