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L’Oréal En Tête Du Cac 40 Après La Disparition De Liliane Bettencourt

© Getty Images

Orphelin de sa propriétaire historique, dont le décès a été annoncé hier soir, l’Oréal est au pinacle à la Bourse de Paris, le titre du groupe de cosmétiques progressant de près de 4%, surperformant allègrement le marché. Une progression imputable à un regain de spéculations autour de l’actionnariat de l’entreprise.

Rachat de Nestlé par l’Oréal… voire même rachat de l’Oréal par Nestlé ! Les spéculations et les scénarii les plus fous circulent actuellement au sujet du devenir du groupe de cosmétiques après la disparition annoncée jeudi soir de sa propriétaire historique, Liliane Bettencourt, âgée de 94 ans. Un « événement » qui a donné l’occasion aux analystes d’échafauder diverses hypothèses, comme souvent dans des cas similaires, essayant de guetter le moindre signe et décortiquer la moindre prise de parole de des deux actionnaires majoritaires, en l’occurrence la famille Bettencourt Meyers et ses 33% et Nestlé, auréolé de 23% du capital. Mais cette « guerre de position » va durer un certain temps avant le début – peut-être – des grandes manœuvres : en effet, les deux parties sont liées par un pacte d’actionnaires qui leur interdit d’accroître leur part dans L’Oréal jusqu’à six mois après le décès de Liliane Bettencourt. Mais en attendant, comme souligné en prélude, les spéculations battent leur plein.

Premier de cordée, le bureau d’études britannique Jefferies, cité par Reuters, qui estime que l’Oréal devrait sortir l’artillerie lourde et ainsi racheter les parts de Nestlé.  « La spéculation autour de la structure actionnariale future de l’Oréal et les intentions de Nestlé est désormais inévitable », avance le broker avant de dérouler son scénario : le groupe de cosmétiques se positionnerait ainsi pour s’emparer de la participation de Nestlé, celle-ci étant estimée à 23 milliards d’euros, ce qui permettrait à l’Oréal, après annulation des titres rachetés à Neslté d’obtenir un effet relutif majeur, qui ferait grimper le bénéfice net de l’entreprise. Une hypothèse qui avait été pourtant balayé d’un revers de main, il y a quelques mois par l’analyste Bernstein, ce dernier évaluant le degré de faisabilité de l’opération à environ 10%. « Nous ne pensons pas que Nestlé voudra perdre la flexibilité financière que lui procure sa participation dans L’Oréal ou les opportunités stratégiques potentielles d’une éventuelle fusion Alimentation-Pharmacie-Beauté » avait abondé l’intermédiaire.

Nestlé à l’offensive ?

Il n’en fallait pas davantage pour hisser le titre l’Oréal à son plus haut de quatre mois au sein d’un Cac 40 qui ronronne, grignotant à peine 0,30% à mi-journée.  Cette « arlésienne » de la cession des 23% pose également la question de la puissance financière du groupe, s’il veut concrétiser cette opération. Une possibilité pas si saugrenue que cela d’un point de vue stricto-économique.  Le prix de 23 milliards d’euros est largement dans les « cordes » de la société si l’on considère que le groupe, dont la capitalisation boursière avoisine les 110 milliards d’euros, ne supporte aucun endettement et peut compter sur 1,75 milliards de trésorerie. En outre, l’Oréal possède également une participation à hauteur de 9,15% dans Sanofi…et Nestlé voit, depuis quelques mois, s’accentuer la pression sur ses épaules de la part du fonds activiste américain Third Point qui réclame, notamment, que le groupe helvétique se sépare d’actifs non stratégiques, à commencer par sa part dans L’Oréal.

Le fonds piloté par Daniel Loeb, déjà connu pour ses campagnes visant entre autres le japonais Sony et l’américain Honeywell, a enjoint, dans une lettre aux investisseurs, la direction de Nestlé à améliorer ses marges – de 18 à 20% à l’horizon 2020 contre un peu plus de 15% actuellement -, lancer un plan de rachats d’actions et céder des actifs non stratégiques, à commencer par l’Oréal. Seulement voilà, d’autres analystes ont un regard bien différent sur cette « bataille au sommet ». Par exemple, JPMorgan évoque carrément un rachat de l’Oréal par Nestlé ! « A un moment d’intenses changements et de restructurations des portefeuilles dans l’industrie, un rachat éventuel de l’Oréal par Nestlé ne peut pas être écarté totalement », soulignent les analystes dans une note citée par Reuters.  Une possibilité tout de même hautement improbable.  Un scénario un brin « radical » qui rend les analystes de Jefferies particulièrement circonspects. « Ce serait une opération énorme et risquée pour Nestlé », soulignent-ils.

Dernière possibilité, le prolongement de cette « guerre de position » en l’occurrence le statu quo : satisfaits de la gouvernance et de la qualité de la direction du groupe, la famille Bettencourt-Meyers pourrait être tentée de « laisser les choses en l’état », même si la pression est davantage sur les épaules de Nestlé, tancé par les activistes de Third Point, même si sa direction a annoncé il y a quelques mois sa volonté de céder son activité américaine de confiserie qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 830 millions d’euros. Une « broutille » par rapport à l’opération l’Oréal mais qui illustre le fait que le groupe suisse n’est pas forcément sourd aux doléances et aux desideratas de ses actionnaires.  Mais le dossier l’Oréal s’annonce d’un tout autre calibre. Les analystes n’ont pas fini de tirer des plans sur la comète.

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