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Future of Money | La Chine frappe fort : les mesures protectionnistes sur les spiritueux européens plongent les marchés dans l’incertitude

La guerre commerciale entre la Chine et l’Union Européenne (UE) vient de prendre une nouvelle dimension. Face à la décision de Bruxelles d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois, Pékin a réagi avec vigueur en annonçant des mesures protectionnistes visant les importations de spiritueux européens. L’enjeu dépasse le cadre d’un simple ajustement tarifaire : il s’agit d’une attaque stratégique sur l’un des secteurs clés de l’économie européenne, qui pourrait redéfinir les relations commerciales entre les deux géants économiques. En analysant en profondeur les conséquences de cette décision, on comprend qu’elle pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère de tensions commerciales aux conséquences profondes pour l’économie européenne.

 

Un coup dur pour l’Europe

La Chine, deuxième marché mondial pour les spiritueux, a choisi de cibler un secteur qui dépend étroitement de ses exportations vers ce pays. Avec un dépôt de garantie atteignant jusqu’à 39 % pour des marques prestigieuses comme Hennessy et Rémy Martin, Pékin envoie un message sans équivoque : toute attaque sur ses intérêts économiques sera suivie de représailles. L’enjeu n’est pas seulement de faire pression sur les producteurs européens, mais de mettre à mal un secteur qui représente des milliers d’emplois directs et indirects.

En ciblant les spiritueux, Pékin touche au cœur de l’économie de régions entières. En France, le cognac est une industrie qui regroupe 15 000 emplois directs et 70 000 emplois indirects. Les grands producteurs comme LVMH, Pernod Ricard ou Rémy Cointreau, déjà fragilisés par la baisse de la demande mondiale en raison de l’inflation, voient désormais l’accès à un marché stratégique compromis. La conséquence immédiate est une chute drastique des valeurs boursières : LVMH perd 4,3 %, Rémy Cointreau plonge de 8 %, et Pernod Ricard abandonne 3,95 %.

Cette décision s’inscrit dans une logique de représailles économiques où chaque camp cherche à utiliser ses atouts pour peser sur les négociations. En frappant sur un secteur aussi dépendant du marché chinois, la Chine espère obtenir de Bruxelles un rétropédalage sur les mesures envisagées contre les constructeurs automobiles chinois. C’est une bataille d’influence où chaque mouvement a des répercussions sur la confiance des investisseurs et l’avenir économique de certains secteurs stratégiques.

Si l’on observe les répercussions à court terme, les pertes boursières et les inquiétudes des producteurs ne sont que la partie visible de l’iceberg. La véritable question est de savoir si l’UE pourra se permettre de maintenir ses positions sans provoquer une guerre commerciale de grande ampleur, aux conséquences potentiellement dévastatrices pour son économie. La Commission européenne, déjà fragilisée par des divisions internes, voit dans cette riposte chinoise une tentative de déstabilisation qui pourrait faire basculer des négociations déjà tendues. La France, qui représente 99 % des exportations de cognac vers la Chine, se retrouve en première ligne et pourrait payer un lourd tribut si les relations commerciales entre l’UE et la Chine venaient à se détériorer davantage.

 

Un jeu de pouvoir à double tranchant

Au-delà des conséquences directes sur le secteur des spiritueux, cette décision pourrait être le prélude à une escalade commerciale plus large. Si l’Union Européenne décidait de maintenir ses droits de douane sur les véhicules électriques chinois, rien n’empêche Pékin de cibler d’autres secteurs stratégiques, comme l’industrie du luxe ou encore l’automobile, qui sont déjà sur la sellette. Les analystes craignent que cette situation ne mène à une réplique en chaîne où chaque secteur touché en entraînerait un autre dans sa chute, créant un cercle vicieux de représailles.

Le secteur du luxe, autre pilier de l’économie française, est particulièrement vulnérable. Toute nouvelle restriction d’importation pourrait engendrer une perte substantielle de parts de marché en Chine, qui représente une part significative du chiffre d’affaires des grands groupes européens. LVMH, Kering et Hermès pourraient subir des reculs de leurs ventes, avec des conséquences immédiates sur l’emploi et l’investissement en Europe. En ciblant des secteurs à haute valeur ajoutée, la Chine montre qu’elle ne craint pas d’utiliser le levier économique pour contraindre ses partenaires à reconsidérer leur position.

Le cas des véhicules électriques, qui a déclenché cette réaction en chaîne, est particulièrement sensible. Avec des surtaxes allant jusqu’à 35 % pour les constructeurs chinois, l’UE cherche à défendre ses intérêts face à un afflux massif de véhicules subventionnés par Pékin. Si la Chine est capable de riposter avec une telle force sur le secteur des spiritueux, on peut aisément imaginer qu’elle n’hésitera pas à déployer des mesures similaires sur d’autres industries. L’incertitude plane sur les prochains mois : à mesure que les négociations piétinent, le spectre d’une guerre commerciale de grande envergure se dessine, menaçant de plonger l’économie européenne dans une période de turbulence majeure.

Dans ce contexte, la position de l’Allemagne, principal partenaire commercial de la Chine en Europe, sera déterminante. Berlin, déjà réticent à l’idée de surtaxer les véhicules chinois, pourrait décider de prendre ses distances avec Bruxelles pour préserver ses intérêts économiques. Une telle division au sein de l’UE affaiblirait sa capacité à faire face à la puissance chinoise, offrant à Pékin une victoire diplomatique éclatante.

Face à cette situation, l’UE doit se poser la question de la cohérence de sa stratégie commerciale. Doit-elle poursuivre sur la voie d’un protectionnisme ciblé, au risque de voir ses industries stratégiques menacées par des représailles chinoises ? Ou doit-elle chercher une solution négociée pour éviter de plonger dans une guerre commerciale potentiellement désastreuse ? Une chose est certaine : toute décision devra être prise en gardant à l’esprit que la Chine, en frappant les spiritueux européens, a montré qu’elle est prête à utiliser tous les moyens à sa disposition pour défendre ses intérêts.

 


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