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Crise De 2008, Où En Est-On 10 Ans Plus Tard ?

Getty Images

En septembre 2008, la planète financière était durement secouée par la faillite de la 4ème banque américaine, Lehman Brothers.  Où en sont les banques 10 ans après, en particulier en Europe ?

Chacun d’entre nous se rappelle ce qu’il faisait le 11 septembre 2001 lors des attentats du World Trade Center. Tous les financiers se rappellent aussi comment ils ont vécu les jours  fatidiques pour Lehman : La certitude qu’une solution serait trouvée en début de week-end, le doute quand l’ État américain a refusé la reprise par Barclays… la sidération quand il s’est avéré que la faillite aurait lieu, l’inquiétude à l’ouverture des marchés le lundi matin…

En quelques heures suite à l’annonce du dépôt de bilan,  10 000 Mds de Dollars de capitalisation ont été perdus par les marchés financiers. Cette destruction de valeur était quasiment sans équivalent, sur une aussi courte période, dans l’histoire de la finance. Ce sont bien sûr les banques américaines qui étaient les plus sanctionnées : ce jour-là, le S&P 500 reculait de 5%, Wells Fargo -10%, Goldman Sachs -12%, Morgan Stanley -14%,  Citigroup -15% , Bank of America -21%.

L’accident Lehman avait les fameux « MBS » comme origine. Ces Mortgage Backed Securities sont des titres à moyen et long terme adossés à des actifs, en l’occurrence à l’époque  à des actifs immobiliers. Pour résumer le problème, Lehman Brothers, comme beaucoup d’autres banques avait, directement ou indirectement, d’énormes positions dans des actifs de ce type. Or, ces MBS étaient « gagés » sur des actifs immobiliers totalement surévalués. Au début du ralentissement de l’immobilier aux Etats-Unis, la situation de surévaluation est devenue intenable. Le retour au « vrai » prix a fait chuté Lehman. La faillite de la banque américaine a provoqué une remise à des prix plus raisonnables sur de nombreux autres actifs entraînant des pertes en cascade pour de nombreux acteurs financiers dont beaucoup d’épargnants.

En Europe, la situation, sans être aussi extrême qu’aux Etats-Unis, était comparable. Heureusement pour elles, les banques européennes ont bien souvent été sauvées ou au moins soutenues par leurs États.

Sur ces dix dernières années, pressées par la régulation et les contrôles en tout genre, les banques européennes ont renforcé leur bilan. Elles sont objectivement en bien meilleures positions pour affronter des situations difficiles qu’il y a 10 ans.

Le paysage n’est certes pas homogène entre les banques : Les banques italiennes ou grecques détiennent encore trop de dettes de leur État, en Allemagne de nombreuses petites banques restent fragiles du fait de leur taille. Des banques comme Deutsche Bank ou Commerzbank se traitent respectivement 78% et 90% plus bas que leur niveau de septembre 2008.

A ces situations ponctuellement délicates s’ajoutent des niveaux de taux longs toujours aussi bas et des incertitudes politiques (Brexit , Italie) mais surtout un poids de dettes de faibles qualités. Le poids de ces emprunts accordés à des acteurs fragiles est certes passé de 6,4% du bilan il y a 10 ans à 4,2% aujourd’hui mais le cumul de ces problèmes pèse sur la rentabilité des banques européennes.

En Europe le poids des dettes non performantes est deux fois supérieur à ce qui est constaté aux Etats-Unis ; en effet ces dernières ont très rapidement nettoyé leur bilan et sont repartis de l’avant dès 2010 là où les banques européennes sont encore engluées dans une situation de rentabilité faible. Il leur reste encore beaucoup à faire pour rattraper une partie de leur retard par rapport aux banques américaines dont la supériorité est incontestable dans le monde de la finance.

Il faut qu’elles finissent le nettoyage de leur bilan, renforcent encore leur fonds propres pour être plus sûre et qu’elles aménagent leur dispositif en procédant à des cessions des entités non stratégiques pour elles. Les principales banques américaines hormis Citigroup ont vu leur valeur pratiquement doubler en 10 ans… là où la BNP ou la Société Générale par exemple peinent à retrouver leurs cours de 2008.

Dans ce contexte les banques françaises font figure de bons élèves en Europe : leur fonds propres sont suffisants, elles ont repensé leur dispositif et ont toujours été raisonnables dans leur politique de risque pour accorder des prêts et portent moins de risque que les banques italiennes par exemple. Elles sont certes moins rentables que leurs concurrentes américaines mais offrent désormais un risque relativement faible.

Comme leurs homologues européens néanmoins le risque politique italien pèse sur tout le secteur : à chaque tension sur la dette italienne, les banques italiennes sont sous pression et par « ricochet » cela pèse sur tout le secteur en Europe.

10 ans après, les banques européennes sont plus sûres, mais compte tenu des risques politiques à court-terme, il est plus prudent d’attendre pour acheter ou renforcer. Pour les actionnaires actuels, en particulier sur les banques françaises, la politique de distribution des dividendes assez généreuse (supérieure à 4% pour BNP et Société Générale)   permet de traverser cette période d’incertitudes relativement sereinement en attendant des jours meilleurs.

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