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Baisser Les Dépenses Publiques Et Les Impôts : Le Pari De Bercy

© Getty Images

Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a fait état de sa volonté de mener de front la réduction des dépenses publiques et la baisse des impôts. Une ligne à laquelle le principal intéressé tente de rallier le Premier ministre, Edouard Philippe.

« Je suis convaincu qu’on peut à la fois baisser les dépenses publiques et baisser les impôts pour les Français et pour les entreprises françaises. Je plaide auprès du Premier ministre, auprès du président de la République pour qu’on suive cette ligne-là ». Bruno Le Maire a dévoilé son jeu, ce dimanche, journée agitée sur le front de l’actualité économique, après l’information du Journal du Dimanche faisant état de la volonté du gouvernement de taxer le livret A. Un « serpent de mer » budgétaire qui est donc remonté à la surface, dimanche matin. Une « rumeur » que Bercy s’est évertué à tuer dans l’œuf. Dans un communiqué publié à 11h17, peu avant le déjeuner dominical, le ministère de l’Economie et des Finances a démenti cette éventualité. « Il n’a jamais été question de remettre en cause le régime social et fiscal du livret A. Le projet de loi de finances pour 2018 n’inclura donc aucune mesure en ce sens. Les réflexions évoquées sont conduites dans le cadre du Conseil des prélèvements obligatoires, une instance de réflexion libre et indépendante rattachée à la Cour des comptes. Ses travaux éclairent mais n’engagent pas le Gouvernement ». Fin de citation.

Pour rappel, le JDD avait affirmé que le gouvernement Philippe réfléchissait à revenir sur la fiscalité avantageuse du placement le plus utilisé de l’Hexagone. En effet, la France en compte plus de 62 millions et en 2016, la collecte a atteint 1,75 milliard d’euros, selon la Caisse des dépôts. Bercy a donc circonscrit l’incendie avant que celui-ci ne se propage trop rapidement dans l’opinion, les Français étant particulièrement attachés au Livret A dont le taux a déjà régulièrement baissé. Le conseil des prélèvements obligatoires (COP) rendra d’ailleurs prochainement un rapport à ce sujet qui pourrait servir de « boite à idées » potentielle pour l’exécutif. D’où la tournure utilisée par Bercy dans son démenti. « Ses travaux éclairent mais n’engagent pas le gouvernement ». Mais l’attention du gouvernement était ailleurs ce dimanche, et plus précisément du côté d’Aix en Provence où Bruno Le Maire assistait aux Rencontres économiques et a notamment pu dérouler sa feuille de route en matière de réduction des dépenses publiques, alors que la France doit impérativement contenir son déficit en dessous des 3%.

La difficile équation

Et le ministre a notamment fait état de sa volonté de mener de front ladite réduction et la baisse des impôts. Un challenge particulièrement difficile, mais pas impossible selon l’ancien candidat à la primaire de la droite et du centre à condition d’aller « vite, loin et fort », selon la « presque » maxime de Pierre de Coubertin. Mais la partie s’annonce particulièrement difficile. En effet, le gouvernement va devoir dégager quatre à cinq milliards d’euros d’économies sur le seule second semestre afin de tenir son engagement européen de ramener le déficit public sous le seuil de 3% du produit intérieur brut en fin d’année. Et, comme le rappelle Reuters, le casse-tête budgétaire va encore se compliquer en 2018, avec un objectif de stabiliser l’ensemble de la dépense publique, hors inflation, alors que les dépenses de l’Etat devraient progresser sous l’effet de décisions prises par le précédent gouvernement, comme le plan d’urgence pour l’emploi et les recrutements dans la police et l’armée, par exemple.

Divers éléments qui ont d’ores et déjà contraint le gouvernement à reculer sur la transformation du CICE en baisse pérenne de cotisations sociales pour les entreprises, l’un des points fondamentaux du programme économique du candidat Macron. « Cette mesure a un coût qui est très élevé, c’est 20 milliards d’euros donc le faire tout de suite ça pèserait terriblement sur nos finances publiques », a déminé Bruno Le Maire, avant de marteler que « sur tous les autres sujets, la porte est ouverte à la discussion et ensuite à la décision ». « Dès 2018, engageons le plus possible la baisse des impôts qu’attendent les Français », a souligné le ministre, tout en plaidant également pour que l’allègement de la taxe d’habitation démarre « le plus vite possible ».

Les grands patrons toujours « gaga » de Macron

Les rencontres économiques d’Aix – « mini Davos français » – auxquelles a donc assisté Bruno Le Maire a également permis de se rendre compte que les grands patrons avaient toujours les yeux de Chimène pour Emmanuel Macron. « Je trouve que ce nouveau président et son gouvernement font des débuts extrêmement prometteurs. Ils sont en train de changer l’image de la France à l’étranger. Je le vois partout où je vais. C’est très frappant et cela a été très vite », souligne Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, auprès de Reuters. Même tonalité chez Patrick Pouyanné, PDG de Total. « En ce moment, le monde entier admire la France. Il y a un regain de confiance, d’optimisme dans ce pays. Ce que j’attends de ce gouvernement, c’est qu’il maintienne cette confiance (…), cet optimisme, de façon à ce que justement les Français consomment un peu plus et que les entreprises investissent ». La lune de miel se poursuit entre Emmanuel Macron et les grands patrons. Jusqu’à quand ?

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