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Interview Avant/Après : Elsa Hermal, Cofondatrice D’Epicery

À 27 ans, Elsa Hermal a déjà travaillé dans le milieu du cinéma, au service marketing du groupe Pernod Ricard et pour l’accélérateur de start-up allemand, Rocket Internet. Fin 2015, elle a décidé de se lancer à son tour dans l’entrepreneuriat avec Epicery, un service de livraison d’épiceries de quartier.

Bureau. Avant : En Suisse, dans les bureaux de Pernod Ricard, il y avait un bar au milieu du bureau, ça mérite d’être souligné tout de même ! Les chefs étaient dans des bureaux fermés, le reste de l’équipe en open-space. Il y avait une certaine hiérarchie. Après : Je suis au milieu de mes équipes, pour favoriser les échanges et la communication. Il y a une certaine mixité entre les stagiaires, les salariés et les associés que l’on ne trouve pas ailleurs. Fin avril, nous allons emménager dans nos nouveaux locaux avec une salle de réunion agréable et surtout une très belle cuisine pour faire des dégustations une fois par semaine. Cela nous permettra de nous assurer de la qualité des produits des commerçants avec qui nous travaillons et bien sûr de passer un bon moment collectif.

Collègues. Avant : Même si j’étais presque la plus jeune, nous avions tous le même profil : venant d’écoles de commerce, avec des stages dans des grands groupes. Je faisais toujours attention à rentrer dans les cases et ne pas faire de remous. La convivialité était de mise et les apéritifs entre collègues favorisés, mais on sentait bien la hiérarchie. Même si on s’en doutait, on ne comprenait pas forcément les enjeux politiques. Après : Dans notre équipe, il y a des profils très différents. Quelqu’un de l’hôtellerie, ou une mixologue au service client. Chacun peut se faire sa place et s’exprimer. Si une stagiaire a une bonne idée, on peut l’implémenter demain. Il y a une émulation collective, mes équipes m’enrichissent. L’ambiance est très cool, je me sens beaucoup plus libre, plus spontanée. On joue la transparence aussi, tout le monde est au courant de tout. C’est un cocktail de bienveillance, de performance et de motivation.

Salaire. Avant : J’avais un salaire très élevé et surtout j’avais une certaine exigence que les recruteurs suivaient. Après : Nous avons fait une petite levée de fonds de 700 000 € donc chacun a accepté de revoir ses exigences à la baisse, avec 10 ou 20 % de moins qu’ailleurs. C’est le cas des associés mais aussi des salariés. J’ai déjà de la chance de me verser un salaire pour pouvoir vivre à Paris.

Journée type. Avant : Je n’avais pas toujours envie de me lever le matin mais j’étais très investie. À tel point qu’en Suisse, on me disait souvent de partir tôt, vers 17/18h. Mais, ça ne me dérangeait pas de rester un peu plus, c’était même un peu frustrant de voir partir mes chefs alors que je savais qu’il restait des choses à faire. En fait, je me mettais la pression toute seule. Chez Rocket Internet par contre, je faisais 8h-22h, en bossant même le week-end. Après : Aujourd’hui, je me réveille avant mon réveil et je sautille d’impatience. C’est encore pire pendant les vacances qui me servent uniquement à déconnecter. Sinon, nous sommes assez cool pour les horaires, mais s’il y a des gros rushs, il peut nous arriver de travailler les jours fériés. En tant qu’entrepreneure, c’est 24 heures sur 24, il n’y a pas une seule seconde où je n’ai pas une idée pour Epicery. Ce n’est pas pesant, cela me nourrit en énergie tout le temps.

Réussites. Avant : C’était des projets qui prenaient beaucoup de temps, entre 4 et 6 mois, avec un impact considérable mais limité puisque ramené à l’échelle d’une grande entreprise. J’avais moins l’impression de changer le monde quand j’organisais des dégustations dans des grands magasins. Après : Ce sont plutôt des petites étapes, en faisant beaucoup de bricolage. On se demande toujours si cela a un impact et ce qu’on peut faire demain pour changer les choses. C’est surtout une réussite humaine avec les premiers salariés. Ils étaient tellement motivés que je me suis sentie portée par eux. C’est très puissant. Avec les commerçants également, qui apprécient notre travail.

Frustrations. Avant : Je ne me sentais pas vraiment stimulée, ni par ma hiérarchie, ni par mes collègues. Certains pouvaient ne pas être motivés par les projets. La routine influe aussi. Surtout, je n’étais pas en cohérence avec la vision de l’entreprise. J’avais l’impression de faire des missions contraires à mes valeurs. Après : On n’a pas toujours les moyens d’aller créer une fonctionnalité du jour au lendemain. Tout doit être priorisé. On a envie de faire des choses mais on doit d’abord voir si nos clients en ont besoin et si les commerçants peuvent répondre à ce besoin.

Ambitions. Avant : Je n’avais pas forcément envie de gravir tous les échelons pour être à la tête d’un grand groupe. Je cherchais du sens, un équilibre entre mes missions quotidiennes, mes motivations et mon idéal de vie. Après : J’ai réussi à trouver cet équilibre en devenant entrepreneure. Pour Epicery, c’est de devenir le premier service permettant aux particuliers de mieux s’alimenter et aux petits commerces de continuer à exister.

Réseaux sociaux. Avant : Je les utilisais déjà pas mal, mais de façon moins pointue qu’aujourd’hui. J’ai essayé d’instaurer quelques pratiques chez Pernod Ricard. Dans le milieu des start-up, ils faisaient déjà un peu plus partie de mon quotidien. Après : Mes comptes pro et perso sont mélangés. Je suis en contact avec certains de nos investisseurs sur Facebook donc je fais attention à mes photos de soirée ! Les barrières sont plus floues, il y a moins d’attente que dans le salariat traditionnel. Pour Epicery, nous les utilisons tout le temps. Facebook et Instagram sont les premiers canaux de communication avec nos clients. Sur Linkedin et Twitter, c’est plus professionnel mais tout aussi important. En interne, Slack remplace les emails, sur des thèmes de marketing, de communication ou plus triviaux comme ce qu’on mange ce midi.

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