logo_blanc
Rechercher

Arabie Saoudite : Les Femmes Obtiennent Le Droit De Conduire, Mais…

Les femmes en Arabie Saoudite viennent d'obtenir l'accès au permis de conduire / Getty Images

Un décret signé mardi 26 septembre par le roi Salman d’Arabie Saoudite entrera en vigueur en juin 2018 : il donne l’accès aux femmes Saoudiennes au permis de conduire. Une grande victoire pour les femmes de ce pays ultra conservateur du Golfe, qui ne doit pas masquer les nombreuses interdictions auxquelles doivent encore se confronter les femmes de ce pays.

Il faudra encore attendre un peu. Juin 2018. Le roi Salman d’Arabie Saoudite a signé mardi 26 septembre un décret autorisant les femmes à accéder au permis de conduire, a annoncé la presse officielle. Car aujourd’hui encore, en 2017, l’Arabie Saoudite était le seul pays au monde où les femmes ne pouvaient prendre le volant sous peine de se retrouver derrière les barreaux.

Cette mesure s’inscrit dans ce qui ressemble à un plan d’assouplissement des restrictions, notamment en terme de divertissements : en effet, Ryad met en place un ambitieux plan de réformes économiques et sociales, nommé « Vision 2030 », dont l’objectif est de permettre au royaume de moins dépendre de l’or noir et des religieux. Signe de ces assouplissements, la possibilité donnée la semaine passée aux femmes d’entrer dans le stade Roi Fahd de Ryad afin d’assister à un spectacle musical pour célébrer la 87ème fête nationale du royaume.

Un argument économique

La décision de donner accès au permis de conduire aux femmes est le résultat d’un mouvement d’émancipation commencé dans les années 1960, sous le roi Fayçal, avec l’ouverture des premières écoles pour filles. Ce mouvement s’est poursuivi sous le roi Abdallah qui avait nommé trente femmes au Mailes Al-Shoura, le conseil consultatif, rappelle Le Monde. En 2013, de nombreuses femmes de l’élite Saoudienne, habituées à conduire à Londres et Dubaï notamment, mais pas à Ryad, avaient bravé l’interdiction en prenant le volant et en diffusant des vidéos sur Internet. Elles prenaient le risque d’être verbalisées, certaines avaient été arrêtées.

En novembre dernier, le prince Al-Walid ben Talal avait lancé un appel pour que les femmes obtiennent enfin ce droit de conduire. Pour justifier cette mesure, il n’avait pas fait appel au principe d’égalité, mais à l’argument du coût économique d’une telle interdiction : pour se déplacer, indiquait-il, les femmes doivent soit faire appel à des chauffeurs ou des taxis, ou être conduites par un homme de leur famille, qui délaisse son poste de travail le temps de jouer au chauffeur. Il parlait alors de « demande sociale urgente ». Il a apparemment été entendu par le prince Salman. Le décret précise qu’avant d’accorder aux femmes le droit de conduire, le souverain a pesé les « inconvénients de l’interdiction et ses avantages ».   

De nombreuses restrictions

Mais l’allègement des restrictions sociales ne doit pas masquer une politique musclée du jeune prince héritier Mohammed ben Salman alors que les rumeurs de succession se font plus pressantes. Plusieurs prédicateurs et intellectuels ont par exemple été arrêtés ce mois-ci par le pouvoir, le boycott du Qatar et la privatisation d’entreprises publiques ont également été mal perçues.

Pour les femmes, les restrictions sont multiples dans la vie quotidienne : elle doivent entièrement être couvertes, demander l’autorisation d’un membre masculin de leur famille, père, frère, mari, pour se déplacer à l’étranger, suivre des études, signer un contrat de travail, et même pour subir une intervention médicale. Encore autant de combats à mener.  

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC