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L’innovation au service des océans : ces initiatives qui nettoient nos espaces marins

La pollution des océans n’est que peu visible dans notre quotidien. Seulement 1% de cette pollution se trouve en surface et seulement 5% sur nos plages. Les 94% restants sont au fond de l’océan. Face à ce constat plus qu’alarmant, les initiatives d’associations, startups et ONG n’ont de cesse de se multiplier pour sauver nos océans, grâce à des innovations aussi diverses que variées !

L’océan couvre plus de 70 % de la surface de notre planète mais reste cependant trop souvent en marge des rendez-vous internationaux consacrés au climat et à la biodiversité. Régulateur des grands équilibres environnementaux, pourvoyeur de riches ressources, vecteur majeur d’échanges économiques, lien essentiel entre pays et communautés humaines, l’océan est aujourd’hui menacé par de nombreuses pressions comme les effets du changement climatique, les pollutions et la surexploitation des ressources marines. En février dernier, gouvernements et sociétés se réunissaient à Brest à l’occasion du One Ocean Summit. Un événement sur trois jours dans la capitale des océans, dont l’objectif est d’agir contre les menaces auxquelles doivent faire face les grandes étendues. Durant cette rencontre, des engagements importants ont été prononcés.

One Ocean Summit : pour protéger les mers du monde

Lors de l’édition 2021 du One Ocean Summit, trente nouveaux pays avaient rejoint la Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples. Désormais, pas moins de 84 pays en font partie. Le premier objectif de cette coalition est de protéger environ un tiers des terres et des mers du monde d’ici 2030. Durant l’édition 2022, une quarantaine de pays ont signé un ambitieux traité sur la Haute Mer. La France se veut exemplaire et a déjà annoncé avoir dépassé ce seuil de 30 % pour son propre territoire. Le One Ocean Summit, c’est également l’occasion de s’engager en faveur de la réduction de la pollution plastique et de la pêche illégale. La Clean Oceans Initiative disposera de quatre milliards d’euros d’ici 2025 grâce à l’Agence française de développement et la Banque européenne d’investissement. Par ailleurs, le gouvernement français entend bien multiplier les initiatives en faveur de la préservation des océans. Et si le chemin est très long, les avancées sont nombreuses. Deux décisions importantes ont été prises à l’occasion du sommet brestois : l’extension de la réserve naturelle nationale des terres australes et l’intensification de l’action contre les pollutions, notamment plastique. Étendue d’un million de km², l’aire de la réserve naturelle des Terres australes (Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam) s’étend désormais à 1,66 million de km². Elle devient la deuxième plus grande aire marine protégée au monde. Un patrimoine naturel exceptionnel représentatif de la diversité biologique de l’océan austral. La France a également annoncé la résorption d’ici 10 ans des décharges littorales présentant un risque de rejet de déchets en mer, en métropole comme en outre-mer.

L’innovation technologique pour sauver les océans

En 2017, 150 millions de déchets plastique flottaient sur nos océans, soit une surface de 3,43 millions de km², 6 fois la taille de la France. Chaque année, c’est donc 8 à 9 millions de tonnes de plastique qui se déversent dans nos océans, causant la mort de centaines d’animaux marins tous les jours. Selon une étude de la fondation Ellen McArthur, à cette allure, il y aura autant de masse de poisson que de plastique dans nos océans d’ici 2050. Fort heureusement, associations, startups et ONG se mobilisent en grand nombre pour changer la donne.

S’il est trop tard pour arrêter le tout premier déchet plastique créé par l’homme d’atteindre les océans, il est encore possible de le récupérer, la durée de décomposition du plastique variant entre 100 ans et 1000 ans. Un simple filet tiré derrière un bateau permet déjà de commencer la récolte, et si l’idée paraît simple, certains voient les choses en grand. Thomsea est née de la réaction d’un patron pêcheur face à la marée noire de l’Erika en 2000 où l’absence de matériel de lutte efficace était criante. Trois ans plus tard, lors de la marée noire du Prestige, le premier prototype du chalut Thomsea démontrait ses performances. L’entreprise est depuis lors leader européen dans la collecte par chalutage de toutes pollutions flottantes.

Dans un monde où les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle et la robotique prennent de plus en plus de place dans notre vie quotidienne, pourquoi ne pas s’en servir pour nous aider à corriger nos erreurs et dépolluer nos ports et cours d’eaux ? De manière autonome ou télécommande en main, voilà comment les robots peuvent contribuer à contrer la pollution aquatique. WasteShark, conçu par Ecocoast, est un robot radiocommandé qui collecte des déchets dans les lacs, les étangs, les canaux et les ports de plaisance. Des capteurs peuvent y être ajoutés afin de collecter en continu des données sur le milieu marin. Il est disponible à l’achat, à la location ou via un contrat de service. L’entreprise IADYS, quant à elle, a commercialisé le robot Jellyfishbot en 2018. Celui-ci, qui a fait ses preuves dans le port de Cannes, est maintenant déployé dans plusieurs zones portuaires en France comme à l’étranger. Grâce à son système de guidage radiocommandé d’une portée de 400 mètres, il permet d’aller chercher et ramasser les déchets présents en surface entre les bateaux.

Les navires ont cet avantage par rapport aux autres innovations : une très grande mobilité. La startup Plastic Odyssey, développée par le lauréat Forbes 30 Under 30 Simon Bernard, a transformé un navire en laboratoire flottant, avançant grâce aux déchets plastiques. Cette prouesse technologique est possible grâce à une miro-usine embarquée qui transforme les déchets en carburant par le principe de la pyrolyse (permettant ainsi d’alimenter les moteurs du navire). Le navire servira d’atelier pour construire et tester des machines low-tech et open-source permettant de réduire et de valoriser le plastique. Avec ce navire, Plastic Odyssey se lance dans une expédition au tour du monde de 3 ans afin de diffuser leurs technologies à travers le monde pour développer les économies locales tout en dépolluant notre environnement. Cette expédition est l’occasion de se confronter aux réalités du terrain et d’adapter des solutions aux besoins locaux. L’association The Sea Cleaners, elle, travaille sur un catamaran avec à son bord des systèmes de collectes automatisées et de valorisation énergétique des déchets. Tout comme le navire de l’ONG « Race for Water », ce navire devrait être autonome en énergie grâce à l’éolien et à l’énergie solaire. Et comme le navire de Plastic Odyssey, il utilisera la valorisation des déchets plastiques comme énergie pour l’alimentation de ses moteurs électriques. L’innovation technologique poussée par ces startups contribue chaque jour, à son échelle, à dépolluer les océans. Et si robots, bateaux et filets géants sont des solutions plus que viables, certains se tournent vers le recyclage des déchets marins, comme l’association Sauvage Méditerranée, ou la décarbonisation de l’industrie très polluante du surf, à l’image de la startup Nomads Surfing.

 

Nomads Surfing : la start-up qui révolutionne l’industrie polluante du surf

L’aventure Nomads Surfing démarre d’une rencontre. Nicolas Thyebaut, Thomas Cervetti et Basile Gentil sont expatriés en Malaisie lorsqu’ils font connaissance autour d’un amour commun pour le surf. Pratiquant dans des véritables océans de plastique en Asie du Sud-est, les trois camarades constatent qu’il existe que très peu d’alternatives éco-responsables dans l’industrie du surf. L’idée germe, et Nomads Surfing voit le jour en 2017 à Bordeaux. « Dans l’industrie du surf, tout est à base de pétrole, des ailerons aux combinaisons. On s’est dit : pourquoi ne pas proposer des alternatives green nous-mêmes ? », explique Nicolas Thyebaut. Depuis 2018 et le lancement du site internet, la marque continue de grandir et de faire des adeptes, en quête d’achat éthique. Ethique et moyen de gamme, par volonté des fondateurs de garder la marque accessible aux amateurs du sport de glisse. Dans sa gamme, Nomads ne cesse d’innover et réfléchit beaucoup sur les matériaux qui vont composer ses planches. « On essaie de réduire l’empreinte carbone tout en gardant durabilité et performance pour le surfeur », développe Nicolas Thyebaut. Et pour ce faire, la planche, exclusivement blanche, est en polystyrène expansé, dans un pain de mousse 100% recyclable. Pas de pétrole donc, seulement des ressources naturelles pour la marque bordelaise. La résine utilisée pour les planches est biosourcée à 40%, pour arriver à une planche qui permet de réduire entre 20 et 40% des émissions carbone par rapport à une planche classique. Et la performance n’est pas exclue puisque Nomads compte parmi ses ambassadeurs des surfeurs professionnels, mais aussi des personnalités publiques passionnées de l’océan, comme Renaud Lavillenie, Blair Connor, joueur de rugby de l’Union-Bordeaux-Bègles, ou encore Maxime Sorel, navigateur du Vendée Globe. Des soutiens de taille qui aident à faire grandir la marque.

 

Les planches signées Nomads Surfing, en polystyrène expansé 100% recyclable.

 

Récupérer et transformer les déchets marins en bijoux

Lorsqu’Emmanuel Laurin arrive à Aix-en-Provence en 2015, il est subjugué par la beauté de la Méditerranée et du parc national des calanques, mais surtout, il est frappé par la pollution en mer et la quantité astronomique de déchets, notamment plastique. En 2017, il décide de faire Marseille-Toulon à la nage, ramassant tous les déchets qu’il trouve sur son passage, un projet qu’il appelle Le Grand Saphir, plus tard retransmis sous la forme d’un documentaire. C’est de là qu’émerge l’idée de créer l’atelier Sauvage. « À partir de là, je me suis demandé ce que j’allais faire de ces déchets que j’ai ramassés pendant ces 120 km et c’est à ce moment-là que j’ai créé l’atelier Sauvage », explique Emmanuel Laurin. L’association, qui développe des techniques pour recycler les différents types de déchets, organise également un événement qui réunit ceux qui veulent ramasser des déchets sur les plages de manière ludique. C’est Le Grand Défi, la première compétition de ramassage de déchets. Sur huit kilomètres, 120 participants, dont des champions olympiques de nage ou encore des acteurs de la série Plus Belle La Vie, sont divisés en équipes de quatre. Au total, trois prix à gagner : un pour le plus de déchets ramassés, un pour le déchet le plus insolite, et le dernier pour l’équipe qui trouve Le Grand Saphir, un saphir en plastique recyclé caché sur le parcours.

 

Parmi les créations de Sauvage, le bracelet fabriqué à partir de filets de pêche.

 

<<< À lire également : Sauvage Méditerranée, l’association qui transforme les déchets marins en bijoux >>>

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