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L’Impact Des Nouvelles Technologies Sur L’Environnement Et Les Droits De L’Homme

La nouvelle technologie est bien plus dangereuse pour l’environnement qu’on ne le pense Par Getty Images

En 1954, le designer industriel Brooke Stevens invente l’expression « obsolescence programmée ». Le concept encourage les mises à jour progressives de la conception chaque année afin de promouvoir une consommation continue des produits. Cette idéologie se voit fermement revigorée aujourd’hui dans la conception des smartphones avec un nombre démesuré de mises à jour.

L’obsolescence programmée est bel et bien effective, mais quelles en sont les conséquences sur l’environnement ? Et comment une approche datant du milieu du XXe siècle influe-t-elle sur nos normes culturelles actuelles en matière d’utilisation et d’abus de la technologie ?

Outre l’obsolescence de la conception, il existe des facteurs technologiques d’obsolescence tels que les plongeons critiques de l’autonomie des batteries, l’évolution de la durabilité, la détérioration de l’apparence et le facteur de réparabilité qui contribuent tous à la manière dont les smartphones sont achetés ou mis à niveau. Bien qu’il existe des listes suggérant quels téléphones mobiles sont les plus écologiques, elles sont largement discutables étant donné le coût humain de la technologie et compte tenu du cobalt contenu dans chaque batterie rechargeable au lithium-ion sur la planète. Cette batterie ne se limite pas au smartphone, mais le chiffre d’affaires des smartphones positionne ces produits comme le désastre écologique et humain numéro un pour les nouvelles technologies aujourd’hui.

Aujourd’hui, environ 60 % du cobalt est extrait en République démocratique du Congo (RDC) où les mines sont contrôlées par des groupes armés et des milices violentes. Selon Laura Dodd, ces groupes ne font que proliférer depuis la loi Dodd-Frank (2010) qui oblige les sociétés minières d’étain, de tungstène, de coltan et d’or à exercer une diligence raisonnable pour atténuer les risques associés aux mines en RDC et dans ses environs. De plus, certains journalistes comme Siddharth Kara, qui sont allés sur le terrain récemment, ont trouvé dans ces mines une multitude d’enfants, certains ayant à peine 6 ans. Depuis le règne brutal du roi Léopold II de Belgique sur le commerce du caoutchouc, la RDC n’est en effet pas étrangère aux violations des Droits de l’Homme. Il existe d’ailleurs de nombreux documents sur les impacts sociaux négatifs de cette exploitation minière qui vont bien au-delà de l’esclavage des enfants et des guerres civiles.

Les impacts écologiques de l’exploitation minière sont bien connus, mais l’exploitation du cobalt présente certains dangers que beaucoup ignorent, tels que la destruction des communautés végétales qui dépendent des sols naturellement enrichis en cuivre et en cobalt en RDC. Il y a également des problèmes avec la poussière qui contient des métaux dangereux comme le cobalt et l’uranium. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang et d’urine sur 72 résidents de Kasulo (RDC), dont 32 enfants, et les ont examinés par rapport à un groupe ayant une composition similaire dans un district voisin. Les résultats ont démontré que les enfants vivant dans le district minier avaient dix fois plus de cobalt et d’autres minéraux beaucoup plus dangereux dans leur urine que les autres enfants, soit beaucoup plus que les limites acceptables fixées par la réglementation européenne.

Mis à part le cobalt, les batteries pour smartphones et les batteries électriques automobiles nécessitent d’autres minéraux précieux tels que le lithium.  Il y a trois ans, à Tagong, à l’est du plateau tibétain, des manifestants avaient jeté des milliers de poissons dans les rues pour protester contre la fuite chimique de la mine de lithium de Ganzizhou Rongda. Il s’agissait là de l’un des trois incidents de ce type survenus depuis 2009. L’ironie de la situation réside dans le fait que ce sont ces batteries électriques qui, à terme, remplaceront les énergies fossiles. Elles sont considérées comme l’avenir de la régénération écologique alors même que nous assistons à une nouvelle vague de catastrophes écologiques liées à l’extraction des minéraux qui font partie intégrante de ces batteries.

Et comme si ce qui précède ne suffisait pas, les dommages causés par l’extraction du nickel ne sont pas moins présents là où les communautés minières, comme celle de Cerro Matoso en Colombie, rapportent des taux élevés de malformations congénitales et de problèmes respiratoires associés à l’extraction et la fusion du nickel.

Ce qui est clair, c’est que nous avons besoin d’une alternative aux batteries lithium-ion. Jusqu’à ce qu’une telle option soit trouvée, nous devons utiliser les nouvelles technologies de manière mesurée et faire attention quand nous les achetons. Par exemple, ne pas jeter son téléphone portable à la poubelle lorsque il se casse ou tombe à l’eau car ce n’est pas un moyen écologiquement viable de recycler la technologie du téléphone. Il existe de nombreuses façons de recycler les téléphones mobiles anciens ou même cassés. Apple permet de rendre son ancien téléphone afin de l’échanger contre un modèle plus récent à un prix moins élevé. D’autres entreprises proposent également d’acheter l’ancien iPhone et d’en vendre un autre dans la foulée. De cette façon, les anciens téléphones mobiles peuvent être recyclés ou revendus, et ainsi mis à la disposition d’un autre utilisateur.

Le recyclage des déchets électroniques est pris de plus en plus au sérieux, mais il a du mal à suivre le rythme de l’offre, les déchets électroniques ayant atteint 44 millions de tonnes en 2017. Au fur et à mesure que s’accroît la nécessité de créer davantage de programmes de recyclage des ordinateurs, il faut garder à l’esprit qu’une grande partie de ces déchets électroniques sont toxiques pour l’environnement et qu’il vaut mieux les recycler plutôt que les laisser dans des décharges, là où un tiers des déchets électroniques finit encore.

La première étape de la conservation écologique vis-à-vis des smartphones doit être l’interrogation de soi : a-t-on vraiment besoin de ce nouvel appareil ? En fait, avant même d’acheter un nouveau mobile, il faut se renseigner sur le coût humain de cette technologie, et commencer à utiliser les nouvelles technologies avec parcimonie.

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