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L’énergie nucléaire pourrait réduire de moitié les émissions de carbone dans le monde

énergie nucléaireCentrale nucléaire de production d’électricité de Cruas-Meysse le 13 février 2022. | Source : Getty Images

ÉNERGIE NUCLÉAIRE | Bien qu’affichant un énorme taux de croissance, les énergies renouvelables représentent toujours une part relativement faible de la consommation énergétique globale. Ainsi, elles sont encore insuffisantes pour freiner la croissance de la consommation de combustible fossile.

 

Dans un précédent article intitulé « Renewable Energy Grew At A Blistering Pace In 2021 » (« Les énergies renouvelables ont augmenté à un rythme effréné en 2021 »), Robier Rapier a souligné l’incapacité des énergies renouvelables à suivre la demande énergétique globale :

« […] voici le défi auquel le monde est confronté. Dans le contexte de l’augmentation mondiale de 5,1 exajoules de la consommation d’énergie renouvelable, la demande énergétique mondiale a augmenté de 31,3 exajoules en 2021, soit près de six fois plus. »

Le taux de croissance des énergies renouvelables a été bien plus important que celui de toute autre catégorie d’énergie, mais les énergies renouvelables représentent toujours une part relativement faible de la consommation énergétique globale. Ainsi, ces énormes taux de croissance ne se traduisent pas encore par une consommation d’énergie suffisante pour freiner la croissance de la consommation mondiale de combustibles fossiles. Cela pose un sérieux problème lorsque les émissions mondiales de dioxyde de carbone continuent d’augmenter.

L’énergie nucléaire est unique parmi les sources d’énergie. Elle peut être adaptée à l’échelle de très grandes centrales, c’est une énergie garantie (disponible à la demande) et elle ne produit pas de dioxyde de carbone pendant le processus de production d’électricité.

Un article de 2017 de la University of Texas a identifié l’énergie nucléaire et l’énergie éolienne comme les sources d’énergie ayant les plus faibles émissions moyennes actualisées de dioxyde de carbone. L’intensité carbonique moyenne actualisée est calculée en divisant les émissions d’une centrale électrique durant sa vie par la production globale d’électricité prévue.

Le nucléaire et l’éolien affichaient respectivement 12 et 14 grammes de CO2-eq (équivalent CO2) par kWh d’électricité. En revanche, l’électricité produite à partir du charbon, qui reste la première source d’électricité au monde, génère près de 70 fois plus de CO2-eq par kWh d’électricité.

Sur la base des statistiques de consommation de charbon figurant dans la dernière édition de la BP Statistical Review of World Eneergy 2022, la consommation mondiale de charbon est responsable d’environ la moitié des émissions de dioxyde de carbone dans le monde. Le remplacement des centrales électriques au charbon par des centrales nucléaires pourrait ramener les émissions de dioxyde de carbone à des niveaux qui n’ont plus été observés depuis les années 1970.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, alors pourquoi les gouvernements ne choisissent pas cette option ?

L’on peut se demander où en seraient les choses aujourd’hui sans la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986. L’appétit du monde pour l’énergie nucléaire avait augmenté rapidement, jusqu’à ce que cet accident change radicalement la trajectoire de croissance.

L’épisode Tchernobyl a eu un impact considérable sur le taux de croissance mondial de l’énergie nucléaire, mais celle-ci a tout de même connu un taux de croissance respectable. Pendant les 25 années qui ont suivi l’accident à Tchernobyl, l’énergie nucléaire a continué à croître dans le monde entier, mais elle a finalement connu un recul important après la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011.

Ces deux évènements ont donc fait toute la différence. Ils ont contribué à susciter la méfiance du public à l’égard de l’énergie nucléaire, et c’est compréhensible. Si vous voyez des catastrophes nucléaires obligeant des milliers d’habitants à abandonner leur domicile en un instant, il est évident que vous serez méfiants vis-à-vis de l’énergie nucléaire. Le grand public a peur des radiations. Or, dans de nombreux cas, cette peur est irrationnelle.

Bien qu’il soit impossible de changer le passé, il est possible d’améliorer l’opinion du public sur l’énergie nucléaire. Il est possible de construire, de concevoir et d’exploiter des centrales nucléaires qui ne subiront pas les mêmes conséquences que Tchernobyl et Fukushima. Il faudra naturellement un certain temps pour convaincre un public sceptique.

Cependant, les enjeux sont trop importants, et l’énergie ainsi que les ressources nécessaires doivent être consacrées à cette fin. Sinon, réduire sérieusement les émissions mondiales de carbone pourrait être un défi insurmontable si l’on se base sur la croissance globale de la demande d’énergie et sur l’incapacité des énergies renouvelables à suivre la croissance de la demande.

Les fruits les plus faciles à cueillir se trouvent dans la région Asie-Pacifique, qui est déjà à l’origine de la majeure partie des émissions de carbone dans le monde. Il faut aider des pays comme la Chine ou l’Inde à passer du charbon à l’énergie nucléaire. Cela ne veut pas dire que ces pays ne construisent pas de centrales nucléaires, au contraire. Cependant, ils doivent en construire davantage et plus rapidement.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Robert Rapier

<<< À lire également : Le charbon allemand et les centrales nucléaires françaises enfoncent un peu plus l’Europe dans la crise énergétique >>>

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