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COP27 : Deux victoires évidentes, trois défis et une facture de 65 000 milliards de dollars

COP27COP27. | Source : Getty Images

La COP27 se déroule actuellement en Égypte dans un contexte mondial incertain. Les piliers du trilemme énergétique (accessibilité, sécurité et durabilité) semblent précaires, alors que les gouvernements s’efforcent d’établir des priorités et de les maintenir en équilibre.

 

À l’occasion de la COP27, Forbes vous propose d’analyser les cinq thèmes qui pourraient façonner l’avenir de l’énergie et des ressources naturelles.

 

  1. Moins de pays ont renforcé leur CDN en 2022, mais aucun revirement n’est attendu

L’année dernière, dans le cadre du Pacte de Glasgow pour le climat, 193 pays ont accepté de renforcer leurs engagements d’ici la fin 2022. Toutefois, seuls 26 pays ont effectivement renforcé leurs ambitions à ce jour. Cela n’est pas surprenant compte tenu des prix élevés des matières premières, des défis géopolitiques posés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des craintes de récession.

Les engagements annoncés font état d’une baisse de 9 % des émissions d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010, alors qu’une réduction de 45 % est nécessaire pour maintenir le cap fixé par l’Accord de Parsi. Les objectifs pour 2030 seront plus difficiles à atteindre, mais des progrès peuvent encore être réalisés à Charm el-Cheikh. En effet, il est peu probable que les pays réduisent ou annulent leurs engagements lors de la COP27.

L’organe des Nations Unies responsable de l’Accord de Paris a déclaré le mois dernier que le monde est actuellement sur la voie d’une augmentation de la température mondiale comprise entre 2,4 °C et 2,6 °C. Les experts estiment qu’il existe des voies crédibles pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Cependant, celles-ci nécessiteraient une augmentation significative des fonds investis pour développer et adopter de nouvelles technologies.

 

  1. Les marchés volontaires du carbone ont progressé plus rapidement que les régimes de conformité en 2022

L’adoption de l’article 6 a été l’un des principaux succès de la COP26. D’une part, ce succès a permis d’accroître la transparence des marchés du carbone au cours de l’année écoulée et a contribué à tripler la taille du marché des compensations. D’autre part, les marchés de conformité ont été mis sous pression en raison des prix élevés des matières premières. La croissance moyenne des prix sur les marchés réglementés (tels que les systèmes d’échange de quotas d’émission de l’UE et du Royaume-Uni) a été modérée depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le marché volontaire a connu un essor l’année dernière, en raison de sa grande fiabilité et liquidité. Les pays responsables de 14 % des émissions annuelles mondiales ont mis en place des accords bilatéraux pour échanger des compensations de carbone, et d’autres pays prévoient de le faire. Un soutien supplémentaire durant la COP27 en faveur de règles plus strictes en matière de comptabilité, de vérification indépendante et de valorisation améliorerait la transparence du marché et profiterait à la fois aux solutions naturelles plus traditionnelles et aux technologies marginales, telles que les projets de captage, de liquéfaction, de transport et de stockage/utilisation du CO2.

 

  1. La réduction des émissions de méthanes pourrait alléger la pression sur les objectifs de réduction des émissions de carbone

Le méthane est beaucoup plus toxique que le CO2, mais son temps de séjour dans l’atmosphère est plus court. Toute action visant à réduire rapidement sa concentration peut donc être extrêmement bénéfique, d’autant que les objectifs de réduction des émissions de carbone pour 2030 semblent difficiles à atteindre.

L’engagement mondial concernant le méthane a été approuvé par 125 pays. Ces derniers se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2020. Cet engagement couvre dans l’ensemble près de 75 % de l’économie mondiale et plus de la moitié des émissions de méthane.

Le renouvellement de cet engagement pourrait constituer une victoire évidente pour la COP27, en éloignant les pays de sujets plus controversés. Les États-Unis ont franchi une étape importante en août en adoptant la loi sur la réduction de l’inflation, qui instaure une taxe sur le méthane. Les technologies de captage et de réduction du méthane sont déjà développées. Ainsi, d’autres pays pourraient suivre l’exemple des États-Unis durant la COP27. Parallèlement, les principaux émetteurs comme la Chine, la Russie et l’Inde pourraient subir des pressions pour s’impliquer davantage le respect de l’engagement mondial concernant le méthane.

 

  1. Le charbon a le vent en poupe malgré les promesses de réduction progressive, mais les investissements dans les technologies d’avenir prennent de l’ampleur

Compte tenu des graves déficits d’approvisionnement en énergie auxquels ils sont confrontés aujourd’hui, plusieurs pays ont choisi de remettre en service des centrales électriques, notamment des centrales au charbon. Il leur faudra donc plus de temps pour tenir leurs engagements en matière de réduction progressive de la production d’électricité à partir du charbon.

Cependant, l’élan donné au CUSC (captage, utilisation et stockage du dioxyde de carbone) et à l’hydrogène compensera en partie l’augmentation temporaire du charbon sans dispositif d’atténuation. Ces technologies sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques à long terme. Selon le scénario de transition énergétique accélérée à 1,5 °C de Wood Mackenzie, le CUSC et l’hydrogène représentent environ 35 % de la réduction des émissions requisesd’ici 2050. Plus l’écart entre les émissions de carbone en 2030 se creuse, plus le rôle de ces technologies sera crucial pour maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C d’ici 2100.

Même au plus fort de la pandémie et de la guerre en Ukraine, les annonces de projets de production d’hydrogène à faible teneur en carbone et de CUSC se sont poursuivies. On estime que la réserve de projets a augmenté d’environ 25 %depuis la COP26. Une dizaine de projets ont déjà fait l’objet d’une analyse financière, et 40 autres devraient prochainement être étudiés d’ici 2023.

Au sein des secteurs où il est difficile de réduire les émissions, les entreprises ont revu leur objectif net zéro depuis la COP26 et développent activement de nouvelles technologies pour la production d’acier à faible teneur en carbone, de ciment, de produits chimiques, d’ammoniac, d’aluminium et d’énergie flexible. On estime que plus de 30 accords d’achat ont été signés en 2022 pour accélérer cette transition.

Du côté des investissements publics, trois déclarations de politique générale méritent d’être mentionnées. La loi sur la réduction de l’inflation aux États-Unis, REPowerEU et le programme de transformation verte du Japon ont défini des mesures incitatives et des objectifs qui pourraient accroître rapidement les flux de capitaux vers les technologies du futur. Combinées, ces politiques pourraient contribuer à créer la masse critique indispensable pour faire baisser les coûts et renforcer la compétitivité de ces technologies par rapport aux combustibles traditionnels.

 

  1. Le financement de la transition est une question controversée

Les inondations, les tempêtes et les canicules ont augmenté tant en fréquence qu’en intensité ces dernières années. La crise actuelle de l’approvisionnement énergétique, les prix élevés et les craintes de récession ont fait des dégâts en 2022. Les pays en développement sont les plus exposés à ces défis et feront tout leur possible pour signaler l’insuffisance du financement climatique comme un obstacle majeur au progrès. En réalité, la COP27 a été présentée comme « la COP africaine » et ces pays devraient intensifier leurs appels pour un financement accru.

Les économies développées n’ont une fois de plus pas atteint le soutien annuel de 100 milliards de dollars. En 2020, elles ont contribué à hauteur de 83 milliards de dollars. Le monde en développement soutient que ce montant doit être augmenté, car il est insuffisant pour atteindre les objectifs climatiques. Certains experts estiment que le coût de la transition à lui seul dépasse 400 milliards de dollars par an.

Wood Mackenzie estime qu’il existe suffisamment de capitaux dans le monde pour combler le déficit de financement, mais que le cadre politique et les incitations sont trop faibles pour permettre un investissement efficace et résoudre le trilemme énergétique. On estime que 65 000 milliards de dollars en investissements cumulés seront nécessaires d’ici 2050 pour construire de nouvelles sources d’approvisionnement dans les secteurs de l’énergie, de l’électricité et des énergies renouvelables, des métaux et des mines, des infrastructures électriques et des technologies à faible émission de carbone.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Wood Mackenzie

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