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SeaBubbles Contraint De Renoncer À « Survoler » La Seine

© SeaBubbles

Portés aux nues par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Emmanuel Macron du temps où celui-ci officiait à Bercy, les fameux « taxis volants » estampillés SeaBubbles ne survoleront pas la Seine. La faute à une réglementation trop contraignante et sclérosée.

Le couperet est finalement tombé en ce mois d’octobre… mais comment pouvait-il en être autrement ? Après avoir fait état de ses craintes et de ses doutes au cœur de l’été – et plus récemment encore dans nos colonnes – sur la volonté de la France de faire évoluer sa réglementation en la matière, Alain Thébault, maître-d’œuvre de l’ambitieux projet Seabubbles a finalement déposé les armes, et ses « bulles volantes » ne survoleront finalement pas l’emblématique fleuve de la capitale. Faute d’un accord avec le port autonome de Paris, les « Seabubbles » ont été priées de déployer leurs ailes ailleurs. « Le Port autonome de Paris est régi par des règles mises en place il y a cent quarante ans pour les péniches Freyssinet. Et cela ne semble pas devoir changer ! », a fustigé l’entrepreneur, à l’origine de cette innovation aux côtés de l’ancien champion du monde de planche à voile Anders Brigdal. « On ne va pas continuer à pédaler dans le vide en passant des mois à discuter avec les administrations », a déclaré Alain Thébault empreint de fatalisme à l’AFP, arguant que le port autonome de Paris propose des pontons pour 1000 euros par jour et « pas de branchements » alors que deux communes suisses se disent prêtes à financer les infrastructures.

Une déception manifeste pour le navigateur qui, dans nos colonnes, assurait ne pas en vouloir à Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, tous deux fervents défenseurs des SeaBubbles comme mentionné en préambule. « J’aime beaucoup Anne Hidalgo qui a une vraie vision pour Paris et qui a été la première à nous aider. Tout comme j’ai beaucoup d’estime pour le président Macron, pour lequel j’ai voté, et qui apporte un véritable vent de fraîcheur. Ces deux personnalités, chacune à leur manière, font bouger les lignes.  Malheureusement c’est insuffisant, surtout pour une start-up comme la nôtre qui connaît une croissance très forte ». Forts de ce constat implacable, les deux entrepreneurs n’ont guère d’autre alternative que de traverser la frontière et rejoindre un pays où l’appétence pour les SeaBubbles n’est plus à prouver. En l’occurrence la Suisse.

Le Lac Léman en « terre » d’accueil

« Nous avions eu l’honneur d’accueillir en septembre dernier à bord d’un « Bubble » notre premier chef d’état, en la personne de Doris Leuthard (présidente de la Confédération suisse) accompagnée de quatre conseillers d’état (l’équivalent de nos ministres, ndlr). Nous avons, à cette occasion, senti une dynamique très forte, et les pouvoirs publics suisses sont particulièrement sensibles aux thématiques de développement durable », nous rappelait Alain Thébault. Sans surprise, c’est donc vers la Suisse et les eaux plus sereines – et apaisées – du lac Léman que les « Bulles » vont décoller dès le printemps prochain, accentuant, une fois de plus, la déception de voir une innovation « Made in France » être contrainte de plier bagages pour poursuivre sur la route de la croissance.

Le Port autonome a également fait entendre sa voix, soulignant que les règles étaient les mêmes pour tout le monde.  Pour rappel, les « SeaBubbles » à propulsion électrique reprennent le principe de l’hydroptère développé par Alain Thébault, avec des « foils », sorte d’arcs en fibre de verre, immergés qui, grâce à la vitesse, maintiennent le bateau hors de l’eau à quelque 50 cm au-dessus des vagues. Et ces véhicules d’un genre nouveau ont besoin d’une vitesse de croisière de 30 à 50 km/h pour atteindre leur pleine mesure. « Ce que nous demandions à Paris était de pouvoir obtenir le droit de faire « voler nos bateaux » à une vitesse similaire à celle en autorisée sur les voies sur berge », déplorait l’entrepreneur en septembre dernier.  « Les règles sont les mêmes pour tous et les grilles tarifaires sont votées par notre conseil d’administration », a rétorqué sans plus de cérémonie le Port autonome de Paris. En effet, la réglementation en vigueur interdit de circuler à plus de 12 km/h  sur la Seine dans le cœur de Paris. Les positions étaient donc beaucoup trop éloignées pour espérer aboutir à un accord.

« Nous reviendrons »

Car si Paris n’est pas prête à assouplir sa réglementation pour accueillir les « taxis volants » sur les rives de la Seine, d’autres grandes villes ont déjà fait part de leur intérêt pour le projet du duo d’entrepreneurs. Chicago s’est, par exemple, déclarée prête à faire évoluer les règles après avoir eu « un véritable coup de foudre » pour le projet SeaBubbles. Mais « Windy City » n’est pas la seule à avoir les yeux de Chimène pour SeaBubbles qui a déjà suscité la curiosité de géants de la Tech américaine comme  Google, Twitter ou encore Facebook.

Autre exemple de la « frilosité française » déplorée par Alain Thébault, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), dont l’une des missions est de promouvoir des modes de transport innovants, a refusé, il y a quelques temps, à la jeune pousse une subvention de 200 000 euros.  « Un bel exemple d’archaïsme à la française » avait regretté le navigateur.  En attendant, cet « exil » illustre que la « start-up Nation » cher au président Macron n’est encore qu’illusoire. Surtout lorsque l’un de ses plus éminents représentants est contraint de mettre les voiles et en faire profiter les pays voisins.  Même si Alain Thébault a promis de « revenir » à Paris, l’échec est criant. A qui le tour ?

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