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Slack, Comment Stewart Butterfield A Mis A Profit Ses Echecs

Connaissez-vous la particularité de Stewart Butterfield, le fondateur de l’application collaborative Slack qui vient de faire une entrée tonitruante à la Bourse de New York ? C’est à la fois un serial loser et un serial winner. Par deux fois, il a cherché à créer un jeu vidéo multijoueurs en ligne, par deux fois il a échoué dans ce projet. Mais à chaque fois, il a réussi à tirer d’une fonctionnalité périphérique l’occasion d’un changement de direction pour l’entreprise – un pivot, en bonne langue startupesque.

En 2002, il crée le jeu Neverending Game avec Caterina Fake… et c’est au final la fonctionnalité de partage de photos associée qui rencontrera un succès tel que la startup se recentrera sur son développement. Ainsi est créé Flickr, racheté par Yahoo! en 2005.

Nouvelle tentative en 2011, avec la sortie du jeu en ligne Glitch. Il trouve bien quelques fans, mais ceux-ci ne se révèlent pas assez nombreux. En revanche, le service de messagerie interne, conçu parce que l’équipe de développement est répartie entre les Etats-Unis et le Canada, a du potentiel. Il est testé avec succès auprès de quelques start-up amies, puis lancé officiellement à l’été 2013 – c’est la naissance de Slack, qui s’introduira en bourse à la fin du mois.

Ces revirements sont monnaie courante dans la vie des start-up, et certains exemples en sont très connus – à l’image d’Odeo, service de podcasts et ancêtre de Twitter. La sérendipité, c’est-à-dire la découverte fortuite mais heureuse quand on cherchait autre chose, est ainsi l’un des grands principes de l’économie numérique en mutation permanente. Mais si l’on souligne souvent l’issue du processus – le pivot en lui-même – la démarche à adopter pour y parvenir est encore plus intéressante.

Car tirer parti de la sérendipité requiert l’alliance paradoxale de deux qualités distinctes : savoir prendre beaucoup de recul… pour mieux se refocaliser ensuite.  Ceci afin d’être non seulement capable de repérer la pépite d’or au milieu de la rivière, mais aussi d’arriver à la saisir et à l’exploiter.

Revenons à l’exemple de Stewart Butterfield et de Slack. Connaissant son évidente passion pour les jeux vidéo, on ne peut qu’être admiratif devant sa clairvoyance, sa capacité à ouvrir son champ de vision plutôt que de céder à la tentation du biais de confirmation de son idée initiale. Toute comme est remarquable, une fois re-précisé le besoin utilisateur auquel son entreprise s’attelle, à réorienter toutes les ressources pour rapidement passer à l’échelle et matérialiser la nouvelle vision. C’est comme cela que Slack a pu obtenir le statut de « licorne » – soit une valorisation supérieure à 1 milliard de dollars – 8 mois seulement après son lancement.

Pour s’inspirer des aventures de Stewart Butterfield et favoriser la sérendipité au sein de son entreprise – en particulier lorsqu’on est une grande organisation déjà établie à la recherche de relais de croissance – deux méthodes existent.

D’une part, la recherche a priori de la sérendipité : dans l’écosystème des start-up, c’est la logique des VC – les investisseurs en capital-risque. On ne place pas ses œufs dans le même panier, on expérimente, et on sait bien que sur 10 idées testées seulement une d’entre elles crèvera l’écran.

D’autre part, la recherche a posteriori de la sérendipité, dont le modèle est cette fois-ci l’entrepreneur. Cela renvoie en fait aux méthodes agiles et au lean startup : toujours veiller à être le plus proche possible de ses utilisateurs, d’itérer constamment en écoutant leurs retours. C’est seulement de cette façon que l’on peut identifier leurs points de souffrance les plus importants, qui constitueront autant d’opportunités économiques.

En tout cas, j’ai hâte de voir Stewart Butterfield créer sa prochaine start-up de jeux vidéo. Car, qu’il réussisse enfin à s’imposer dans ce domaine, ou que dans l’échec – tout relatif – il mette la main sur une nouvelle mine d’or, le résultat sera à coup sûr passionnant.

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