Rechercher

L’élection présidentielle ne doit pas être synonyme de statu quo des chefs d’entreprise

Les raisons de suspendre ses décisions sont multiples. Mais attendre expose l’entreprise à davantage de risques encore du fait de la recomposition en cours des marchés. Le chef d’entreprise doit intégrer l’incertitude dans ses plans et s’appuyer sur ses pairs et partenaires pour ne surtout pas s’arrêter.

 

L’élection présidentielle française approche et va occuper une part croissante des discussions et de l’actualité. Les syndicats patronaux et associations entrepreneuriales partagent leurs propositions aux candidats les uns après les autres. Après le MEDEF le janvier 2022, la CPME a formulé ses propositions le 11 février. Parmi leurs doléances : une réduction du coût du travail et des impôts de production, l’adoption d’une politique de l’offre ou encore une maîtrise des dépenses publiques.

 

L’accumulation de fausses bonnes raisons de ne rien faire

Pour autant, les chefs d’entreprise doivent se prémunir d’un travers courant en ces temps électoraux : l’attentisme, qui conduit à ne prendre aucune décision et à attendre la désignation du nouveau président de la République et l’annonce de premières mesures concernant des entreprises. Surtout que les fausses bonnes raisons de ne rien faire s’accumulent.

Ce premier trimestre de 2022 est marqué au niveau économique par la hausse des matières premières, la pénurie de certaines matières et l’inflation. Au niveau social, ce sont les “arrêts maladies Omicron” et les tensions sur le pouvoir d’achat qui se combinent aux périodes de vacances scolaires. Et bientôt, le démarrage de la campagne électorale laisse planer un doute sur la façon dont le monde de la finance va réagir selon les résultats des sondages, puis du premier tour, puis les pronostics du second tour, etc. Tout est réuni pour… ne rien faire.

Or cette attitude est particulièrement risquée. Car sans prise de risque, pas d’investissement ! Et avec le temps qui passe et les charges qui défilent (elles ne s’arrêtent pas), il sera de moins en moins réaliste d’envisager rattraper le manque à gagner avant la fin de l’année fiscale.

Le risque est aussi qu’à force d’attendre, l’entreprise peut se faire dépasser par un concurrent qui n’a pas peur, prend des risques et peut retourner le marché sans laisser à personne le temps de le rattraper ou juste de le suivre. Les cartes sont en train d’être rebattues avec une évolution des supply chains et des business models au gré des contraintes (augmentation des matières premières, tensions géopolitiques et sociales, etc.) et des enjeux (réchauffement climatique, pénuries, nouveaux modes de travails, etc.). La seule certitude est que l’indécision est un risque réel de conduire une entreprise au dépôt de bilan ou à la liquidation.

 

Attendre vs ne pas attendre

La seule vraie question à se poser est : « qu’attend-on exactement ? ». Dans une période de contingences comme celle que nous vivons, rien ne sert à attendre de voir émerger des certitudes pour guider les prises de décision. En revanche, il n’y a pas de risque à poursuivre son plan de développement. Personne ne dit que c’est facile d’avancer à l’aveugle mais l’attentisme est antinomique avec la fonction de chef d’entreprise.

On attend du chef d’entreprise, tel un capitaine de navire ou un commandant de l’armée, qu’il fixe le cap, explique le plan à suivre et mette en action son équipage ou ses troupes pour atteindre l’objectif. Même si certaines situations ralentissent les directives de “supérieurs”, cela ne doit pas l’empêcher de prendre des décisions et d’avancer.

 

Miser sur deux bonnes pratiques

Comment s’y prendre ? En intégrant les incertitudes au plan de développement, et en préparant des plans B, C et D. Tous ne donneront pas des résultats mais ce n’est pas le plus important. S’il n’est pas toujours possible de respecter chaque plan à la lettre, le fait de s’être organisé en amont pour pouvoir les exécuter donne une longueur d’avance, on est plus réactif et agile le moment venu parce qu’on est déjà prêt à agir.

Le chef d’entreprise gagne également à se connecter à d’autres entrepreneurs, à des operating partners ou à des mentors, etc., afin d’échanger avec eux sur les solutions existantes et de bénéficier de leurs retours d’expérience. Ces réseaux lui permettront aussi de s’informer sur les options financières et juridiques, de monter des partenariats.

Si la tentation est bien là avec le démarrage prochain de la campagne électorale et les échéances du vote en avril, l’attentisme ne saurait être de mise face à la situation économique actuelle qui demande de rester mobilisé plus que jamais. Alors les entreprises françaises confirmeront et renforceront encore cette formidable et réelle capacité de résilience dont elles déjà su faire preuve lors de la crise sanitaire.

 

<<< À lire également : Julia Ménayas, cofondatrice d’Helios : « La prochaine révolution bancaire ne sera pas technologique mais écologique » >>>

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC