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La Clé Du Succès : Savoir Demander De L’Aide

Brisons d’emblée un mythe. Le self-made-man n’existe pas. Oui, il existe des personnes parties de rien et qui sont parvenues au sommet. Mais sur le chemin, elles ont eu la chance – ou l’ont souvent provoquée – de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Et si c’était cela la clé du succès ? Savoir demander de l’aide.

« Je suis très bonne pour demander de l’aide. C’est une de mes compétences, et c’est important de l’avoir. » Zoe Chace, jeune – et déjà multi-primée –  productrice du célèbre podcast This American Life, affirmait sans détour sa technique imparable pour progresser : apprendre des autres. « J’essaie de ne jamais tourner le fait de demander de l’aide comme un problème pour la personne, mais comme une manière d’améliorer ensemble le produit. Si la personne m’aide, je serais ensuite en mesure de faire les choses seule. »

Une posture décomplexée, bien loin de la figure mythique du self-made-man, ce personnage – souvent masculin – parti de rien et qui se serait construit seul. 

Et chez nos entrepreneurs, comment s’accommodent-ils entre ces deux postures, incompatibles au premier abord : faire par soi-même, et savoir s’imbiber des conseils, des lectures, des coups de pouces de son entourage ou de professionnels ? « Est-ce que le porteur de projet est à l’aise avec l’idée de demander de l’aide à son premier cercle et les transformer en ambassadeur ? », pose, comme une question rhétorique Arnaud Burgot, COO de la plate-forme française de financement participatif Ulule, vers laquelle se tournent régulièrement les néo entrepreneurs ou les jeunes artistes.

Activer son réseau

Julia Durey se lance. Cette trentenaire dynamique construit pas à pas son entreprise, après avoir travaillé cinq ans dans la communication. Une aventure qu’elle mène seule. « C’est inévitable de demander de l’aide car même en étant polyvalent, il est impossible d’avoir toutes les compétences. » La jeune femme a donc activé son réseau, et le réseau de son réseau. « Pour tout », souligne-t-elle. « La création de la marque, du logo, la rédaction des communiqués de presse, les aspects juridiques, etc. » Il n’y a que pour la création de son site Internet que Julia Durey a embauché les services d’une agence spécialisée.

« J’ai mis du temps à passer le cap », avoue la jeune femme. « J’avais peur de déranger, je n’avais pas de budget donc j’étais un peu gênée. » A sa grande surprise, elle se rend rapidement compte que les amis de ses amis passent du temps sur son projet, et viennent aux nouvelles après avoir rendu le petit coup de pouce.

« Il n’est pas nécessaire de devenir un expert de chaque problématique, mais il est indispensable de comprendre pour pouvoir anticiper et prendre les bonnes décisions. » Son credo aujourd’hui, « oser demander ». Si le réseau est indispensable pour démarrer, pour passer la vitesse supérieure, Julia Durey ressent aujourd’hui le besoin de se tourner vers des professionnels de l’entrepreneuriat et commence à chercher un incubateur sur lequel s’appuyer. « Il faut admettre quand on ne peut plus faire seul », reconnaît la jeune femme dont le déclic est venu en constatant que le développement de son projet n’est pas aussi rapide qu’elle souhaiterait.

Faire appel à un expert du secteur

Pour les fondateurs de l’application mobile Le Ciseau, Naël Hamameh et Jean de La Porte, appeler à l’aide était une nécessité stratégique. « Quand nous avons démarré, c’était une évidence de nous faire aider car nous ne venions pas du monde de la coiffure », racontent les deux entrepreneurs qui ont travaillé dans la finance et la communication numérique. Ils rencontrent Jean-Claude Aubry par une relation commune. « Avec ses 50 ans de métiers, il nous a orienté vers les vrais sujets et nous a évité de faire fausse route. »

Car avant de lancer une application permettant aux coiffeurs de remplir leur salon aux heures creuses, Naël et Jean comptaient se lancer sur le créneau de la coiffure à domicile. « Ce n’est pas parce qu’on maîtrise le numérique que l’on a réponse à tout », lancent comme un avertissement les deux entrepreneurs. Pour compléter leur accompagnement ils ont fait monter à leur board des personnes ayant investi dans l’entreprise. « Une fois par trimestre, ils nous permettent de faire un bilan, de prendre du recul. »

Même le dirigeant doit poser des questions

Même en atteignant un poste de direction, demander de l’aide peut être salvateur. Elsa Bahamonde, une franco-espagnole, s’est lancée dans le e-commerce dans les années 2000. Chez Vente Privée puis Pixamania, elle a eu la charge d’ouvrir des bureaux à l’étranger. Formée en droit, elle a découvert un univers technique. « Chez Vente Privée, j’ai passé beaucoup de temps avec les équipes techniques pour comprendre qu’il y a des algorithmes, du machine learning, du big data, etc. La science infuse n’existe pas, les équipes ont les connaissances et c’est en leur posant des questions, en passant du temps avec eux que l’on avance. » Aujourd’hui directrice générale Europe du Sud et de l’Est chez Criteo, elle avoue qu’il s’agit aussi d’une technique de management. « Demander aux gens ce qu’ils font cela crée de la proximité. »

Article publié dans le 3ème numéro de Forbes France, été 2018

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