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Kymono Met Les Startuppers En Uniforme

Olivier Ramel de Kymono a fait les pulls de son lycée

La start-up Kymono, propulsée par The Family, fait le pari d’habiller les start-up pour l’hiver. Des T-shirts flanqués du logo de l’entreprise et portés par les livreurs ou par l’ensemble de l’équipe lors d’un événement, mais aussi des bombers, des k-ways, des pulls et des casquettes à enfiler tous les jours, comme un accessoire de mode. Quand la culture d’entreprise colle à la peau, même en dehors des horaires de bureau. 

Et si, cet hiver, vous portiez un blouson affublé du logo de votre entreprise ? Drôle d’idée ? C’est pourtant ce que propose Kymono, une jeune pousse lancée en février dernier et qui compte rhabiller les start-up de la tête aux pieds, mais chacune à leur image. Olivier Ramel, son tout jeune fondateur – 26 ans – reçoit dans le showroom de l’entreprise installé dans un recoin de The Family, l’espace parisien hybride dédié aux start-up, et déserté en ce mois d’août. Quelques t-shirts accrochés aux murs et suspendus à des cintres, un catalogue de mode et un Mac ouverts sur la table, des plantes et un fauteuil chiné, Kymono s’intègre parfaitement au décor néon-brocante de The Family. Normal, la jeune pousse est un bourgeon de la maison-mère. « Nous voulions faire un truc cool, à l’image des start-up », explique Olivier Ramel.

Barbe parfaitement taillée, coiffure impeccable, look branché et sourire d’ancien étudiant en école de commerce, Olivier Ramel a l’entrepreneuriat enthousiaste. Il faut dire qu’il n’en est pas à son coup d’essai. En 3ème année à l’ESCE, une école de commerce post Bac, il crée avec un ami une « boisson apaisante ». « L’inverse du Red bull ». L’idée prend, à tel point que l’entreprise est revendue au Portugal et la boisson est sirotée jusqu’au Brésil. L’année suivante, il propose avec un camarade un stand de nourriture fraîche et saine dans leur école. Le concept fonctionne, à tel point que le projet étudiant devient Mooti, grâce à l’ingéniosité d’un inventeur qui a mis au point un produit nomade : un plateau repas designé. Fin 2016, Olivier quitte l’entreprise pour se lancer en solo.

Dumas high school

Kymono prend ses racines dans la toute première tentative entrepreneuriale du jeune homme. « Au lycée, j’ai créé les pulls de mon établissement. À l’américaine ! », s’amuse Olivier Ramel. « J’ai cherché les fournisseurs, passé les accords… Et j’ai vendu 400 sweat-shirts sur 1000 élèves. » Des vêtements avec inscrit Dumas high school, pour le lycée Alexandre Dumas. « Après Mooti, je voulais faire un truc avec The Family », souligne-t-il. Début 2017, il prend un café avec Alice Zagury. Le contact passe immédiatement. « Je lui ai raconté mon parcours, et là, Alice me dit ‘’mais mec, toutes les start-up veulent des fringues !’’. » Il se trouve qu’Olivier connaît un jeune entrepreneur dans le textile qui a acheté une usine en Normandie. Ainsi est née Kymono, la start-up qui habille les start-up.

« La culture et l’identité d’une boîte permettent de recruter et de garder les talents », assure Olivier. « Les belles boîtes ont une belle culture d’entreprise. » Pour lui, cette culture d’entreprise passe par « l’ambiance, la manière de communiquer en interne et en externe. Le sentiment d’identité est en forte croissance, mais le problème est que les fringues brandées, c’est horrible ! C’est moche, c’est mal coupé, c’est de mauvaise qualité », affirme le jeune homme. Chez Kymono, le vieux concept du t-shirt imprimé est remis à la mode start-up. Le fournisseur textile est en Belgique et Hugo Bentz, le troisième cofondateur avec Olivier et The Family, importe le coton bio vierge et le travaille dans son usine de Normandie. Ils se veulent respectueux des travailleurs et de l’environnement.               

La start-up, ce nouvel accessoire de mode ?

Avec Kymono, l’expérience start-up devient totale. Les fondateurs et leurs employés pensent start-up, mangent start-up, dorment start-up, et peuvent désormais s’habiller start-up, des chaussettes à la casquette. Quand la culture d’entreprise colle à la peau, même en dehors des horaires de bureaux, ou quand la « start-up nation » met ses jeunes en uniforme. Kymono, parce que « la mode japonaise a une bonne image et que le kimono est l’accessoire des guerriers », explique Olivier Ramel. « Là, les startuppers le mettent pour monter sur le ring. » L’entrepreneuriat, ce nouveau sport de combat.

Contradiction suprême, l’esprit start-up censé prôner l’innovation, l’originalité, le renouveau en arrive à costumer ses acteurs. Un uniforme qui se veut cool et coloré, différent d’une entreprise à l’autre, sur lequel il est même possible de scotcher un sticker émoji : la jeune pousse a mis au point plusieurs manières d’inscrire un logo, plusieurs coupes, plusieurs coloris. La start-up, ce nouvel accessoire de mode ? Ont déjà pris l’habit : « Google – j’ai mis un mois et demi à les convaincre – Zenly, Agricool, Clustree, Station F, Minute buzz, LVMH… » Et évidemment, The Family. « Aujourd’hui, nous faisons essentiellement les start-up, mais les grands groupes nous contactent également car ils veulent être comme les start-up. »  

Flux tendu

« On travaille à flux tendu, le client paie à la réservation. » Pas de stock, pas de perte. Des commandes de 1500 euros en moyenne, une surprise pour le jeune entrepreneur qui avait deux craintes : « que les boîtes ne se fournissent qu’une seule fois chez nous et que ce soit de petits lots. » Dans les deux cas, c’est l’inverse. 30% des clients de Kymono sont récurrents. « Plus ils commandent, plus ils commandent », s’enthousiasme le jeune homme. Certains pour de très grosses sommes, jusqu’à 10 000 euros, d’autres pour de toutes petites, autour de 200 euros. « Les start-up qui ont aujourd’hui dix salariés sont susceptibles d’en avoir cent dans un an, donc il faut qu’ils pensent immédiatement à Kymono », anticipe Olivier Ramel qui met l’accent sur l’expérience client – les start-up co-créent le produit – et le partenariat qu’il tisse avec les entreprises. La sienne double son chiffre d’affaires chaque mois sans avoir eu besoin de levée de fonds et s’auto-finance depuis le début. Et déjà des clients en Allemagne, en Espagne, en Angleterre. « Ce qui change, c’est juste les frais de transport. »  

En série

Et Kymono ne compte pas s’arrêter en si beau chemin. « Nous nous positionnons comme culture designer », précise Olivier Ramel. « Aujourd’hui nous faisons des fringues, mais à l’avenir nous voudrions aussi proposer la déco, la culture d’entreprise, les enseignes… » Comme à chaque fois, le jeune entrepreneur semble reprendre une idée qui existe déjà (le pull imprimé, le plateau repas portatif) et le transforme en machine marketing. Kymono a déjà été contacté par un client désireux d’avoir « le même type d’enseigne que la nôtre », indique Olivier Ramel en pointant du doigt le logo en 3D accroché au mur de son entreprise. La production en série des start-up est en marche.   

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