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Forum Des Entrepreneurs De L’Upe 13 : Succès De La 20ème Édition Sous Le Signe De La Relance

UPE 13Grand débat du Forum des Entrepreneurs, Upe 13 à Marseille, sur la relance, ce 4 septembre 2020, avec (de g. à dr.) Bruno Cagnol, Patricia Ricard, Jean-Bernard Levy, André Cartapanis, Patrick Martin et Jean-Marc Boursier. Photo Rija Rasoamanana.

Le Forum des Entrepreneurs organisé par l’Upe 13, en partenariat avec Forbes France, a fait le plein avec brio pour sa 20ème édition ce 4 septembre à Marseille, malgré le Covid-19. La participation de Nicolas Sarkozy a été très suivie, ainsi que la table ronde sur la relance économique.

 

Sans faillir à ses engagements, l’Upe 13 (Union Pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône), malgré la situation sanitaire, a réussi à maintenir son événement annuel, qui s’est déroulé à Marseille dans l’enceinte accueillante du tout nouveau cinéma La Joliette, et avec une prouesse : le protocole sanitaire a pu être strictement appliqué (port du masque, prise de température, gestion des flux, jauges des salles…).

Pas moins de 2 200 inscriptions avaient été enregistrées et il a fallu restreindre l’accès à la salle amphithéâtre, notamment lors de l’échange avec Nicolas Sarkozy en fin de matinée. 

La matinée proposait pas moins de 9 ateliers et des plateaux TV délocalisés de la toute nouvelle chaîne B Smart, représentée notamment par Aurélie Planeix, Delphine Sabattier et Thomas Hugues. Ce dernier a relayé en direct auprès de Nicolas Sarkozy diverses questions touchant à la situation économique actuelle.  A propos du rôle de l’Union européenne, l’ancien président de la République s’est alarmé des conséquences déplorables qu’aurait d’un désaccord avec le Royaume sur la finalisation du Brexit. Il appelle à une refonde du modèle européen, estimant que plusieurs « Europe » devront coexister : celle de l’Euro, celle du marché unique et celle de Schengen (« pourquoi pas, jusqu’à l’Albanie, au moins pour en sécuriser les frontières »). 

A propos de la situation de la France, Nicolas Sarkozy a estimé que face au mécontentement de beaucoup de Français, l’une des réponses clé serait « plus de travail et moins de prélèvements – et donc plus de pouvoir d’achat ». Autre remarque à propos de la situation sociale : « La passion égalitaire nourrit l’injustice ; or, certaines formes de justice peuvent préparer beaucoup d’injustices (…), voire des jalousies nationales, de l’amertume et, au bout du compte, beaucoup de problèmes ». Comme au sein d’une famille, avec des enfants, « il faut savoir tenir compte de la différence ».

Petit coup de griffes également à propos de la nécessité de prendre des décisions vite, sans écarter le consensus : « Le leadership est malheureusement devenu illégitime. Je ne crois pas aux décisions prises avec des personnes tirées au sort. (…) Il ne faut pas décourager les plus imaginatifs, les plus inventifs. Je crois au vertical, pas à l’horizontal, pas au nivellement ». Et, un peu plus tard : « Je crois de moins en moins à la cogestion (…) C’est le gouvernent qui décide ».  Et à propos de la crise et la relance, l’ancien président de la République a souligné qu’il ne se sert à rien de vouloir trouver des boucs émissaires (allusion au Pr Didier Raoult, microbiologiste à l’IHU de Marseille). Refusant de se remettre dans l’arène politique, il a souligné : « La crise est une opportunité, le bon moment de prendre de nouvelles orientations ».

 

La Région Sud joue la reconquête

La table ronde de l’après-midi avait pour thème « La relance » au lendemain de la présentation du plan de 100 Mrds € par le Premier ministre Jean Castex. En introduction, Philippe Korcia, président d’UPE 13 (par ailleurs, dirigeant du groupe Voyages Eurafrique) s’est réjoui de la venue de tous les intervenants en dépit des circonstances sanitaires. 

En ouverture du débat, Renaud Muselier, président de la Région Sud, s’est félicité de la mobilisation de ses services notamment au moment du confinement avec la pratique généralisée et efficace du télétravail. Puis, il a précisé les décisions prises : « Dans le cadre de notre plan d’urgence de solidarité et de relance de 1,4 Mrd € déployés en mars dernier pour accompagner les habitants du territoire, ce sont 1,2 Mrd € « d’investissements massifs » liés à la relance qui ont été engagés. Ils concernent les collectivités mais également la modernisation des lycées (éducation, équipements et infrastructures). 762 M € visent ainsi à moderniser le transport public régional. En outre, 100 M € seront injectés dans le programme « Autoroutes au quotidien » parallèlement à un grand programme « Autoroutes durables » en cours avec Vinci et l’Etat. Un autre volet – « Relocalisation industrielle » est prévu, avec le déploiement d’un fonds de participation. Il s’y ajoute un plan d’investissement « Mieux vivre en Provence-Alpes-Côte d’Azur » de 155,5 M € : pour soutenir la production d’énergies renouvelables, la rénovation énergétique des bâtiments et de l’habitat, la transition énergétique pour la rénovation urbaine. Un engagement de 100 M€ est également prévu dans un contrat de plan Etat-Région pour la recherche et les conditions de travail des soignants. Toutes ces nouvelles mesures viennent se greffer au plan climat (« Une COP d’avance »), pesant 30% du budget régional.

Fin septembre, un plan de reconquête de l’économie régionale sera présenté en soutien au plan national annoncé par Jean Castex. Il complétera les mesures annoncées en mars dernier.

 

Un calendrier critique pour la relance

Lors de la table ronde, les intervenants ont été unanimes à souligner l’importance de tenir un calendrier à moyen terme pour l’injection des fonds découlant des 70 mesures du Plan de relance national de 100 Mrds €. Une partie de ces investissements (40 Mrds) vont provenir de l’UE, ce qui pourrait prendre des mois. Nul doute, a souligné André Cartapanis, professeur d’économie à l’IEP d’Aix-en-Provence qu’il faudra d’abord traverser un épisode de suppressions d’emplois – « car la crise actuelle est sans commune mesure avec celle de 2008 et nous ramène aux plus graves crises de l’histoire ». Cependant, grâce aux investissements promis et attendus, la relance pourrait intervenir de façon significative au premier semestre 2021.  

Patricia Ricard, président de l’Institut Océanographique Paul Ricard, a insisté sur la nécessité d’ouvrir de nouveaux horizons d’activité en tenant compte de l’environnement, de la biosphère, du monde marin ici à Marseille, capitale méditerranéenne. 

Co-auteur d’un rapport sur le bio-mimétisme et l’innovation durable, elle a insisté sur la nécessité de multiplier les passerelles, en réussissant 4 leviers permettant de développer et relancer des activités.

Selon elle, il faut accueillir plus de scientifiques dans nos organisations. Il faut travailler, par exemple, sur le bio-mimétisme, sur la multiplication de liens entre chercheurs et entreprises, quelle que soit leur taille. Depuis le début de l’année, elle codirige le groupe de travail « Renforcer la résilience des écosystèmes marins » du One Planet Lab, en marge du G7. Elle a également été nommée à la tête de la délégation française du Sommet des deux Rives (Méditerranée) organisé récemment. Elle a ainsi observé que quantité d’activités nouvelles peuvent être crées grâce au rapprochement entre chercheurs universitaires, entreprises et collectivités territoriales, dans un écosystème encore plus dynamique.

 

Comment contribuer au redémarrage

Jean-Bernard Levy, p-dg d’EDF, a exprimé son espoir d’une relance, portée au sein du groupe par la transition énergétique. Il a rappelé que l’essentiel de l’énergie en France n’est plus dépendante des énergies fossiles. Pour la relance, il a souligné la nécessité de maintenir les investissements à la fois sur les grands projets stratégiques et sur les initiatives décentralisées, dans les territoires, en jouant la synergie entre les acteurs.

Directeur général adjoint du groupe Suez, Jean-Marc Boursier a redit sa confiance dans les orientations prises par le groupe en faveur de l’environnement pour contribuer à la relance de l’activité – traitement des eaux, recyclage des déchets, transition énergétique, etc.

 

La question des prêts PGE

Patrick Martin, président délégué du MEDEF (et par ailleurs président du groupe Martin-Belaysoud) a insisté sur la nécessité de continuer à soutenir les entreprises en cette période de crise. Il a notamment souligné la nécessité de renforcer les dispositifs de reconversions professionnelles alors que des emplois vont être détruits mais que 608 000 postes sont ouverts chez Pôle Emploi. Interrogé sur l’éventualité d’utiliser les prêts PGE pour financer de nouveaux projets, il a estimé que pour le moment, rien n’interdisait de penser que ce soit possible. Ces 650 000 prêts accordés par les banques devront être remboursés ; mais 70 % des montants sont en trésorerie disponible à ce jour, l’amortissement est possible sur six ans, et de nouveaux financements longs (prêts participatifs, fonds propres) seront proposés.

 

Synergies au sein de la Région Sud

Enfin Bruno Cagnol, directeur général de FOSELEV et président du club TOP 20 (les plus grandes entreprises des Bouches-du-Rhône, dont CMA-CGM, ArcelorMittal) a redit l’attente des dirigeants d’entreprise : créer des passerelles entre les acteurs des territoires et ouvrir des perspectives d’activités nouvelles avec la modernisation des industries de la région. Ce cercle d’entreprise a participé à la création et au financement de l’Ecole numérique La Plateforme. 

La transition numérique est également un défi au sein du club Top 20 : « Nous comptons des entreprises engagées dans le solaire. Et nous travaillons à des engagements en faveur d’un mixte énergétique, incluant l’hydrogène, etc. ».  

Dans ce contexte, beaucoup de ces entreprises collaborent avec l’AMU (Aix-Marseille Université) et pratiquent l’ouverture. « Mi-septembre, nous remettons en direction des petites structures, start-up, etc., le Challenge My Med qui valorise les projets marqués RSE, en faveur de la protection et le développement durable de la Méditerranée et du littoral » 

Et le recrutement ? « Ce n’est pas le principal problème, même si certains profils, comme les mécaniciens, sont en tension. Nous allons pousser des formations.  Le souci, c’est de continuer à soutenir les entreprises. Il faut être imaginatifs, y compris avec nos banques pour trouver des instruments. Et l’allègement des charges reste un point important, le plus important », a conclu Bruno Cagnol.

En conclusion de la journée, Philippe Korcia, président d’Upe 13, a chaleureusement remercié tous les intervenants et participants pour le succès de cette 20ème édition, en donnant rendez-vous à tous en 2021.

 

<<< A lire également :Jean-Hervé Lorenzi, Le Cercle Des Économistes, « Nous Allons Évaluer Avec Sérieux le Plan De Relance »>>>

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