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Chronique d’Effectuation #22 : Prof En Poche, Ils Sont Restés Sur Les Bancs De L’Ecole

Par Getty Images

Qui n’est jamais resté plusieurs heures devant un devoir scolaire sans comprendre ce qui était attendu par le professeur ? Entre énervement des parents et exaspération des enfants, l’anarchie dans la maison est vite arrivée lorsqu’il est question de devoirs scolaires ! Quel parent laisserait ses chers chérubins dans une incompréhension totale de leurs cours ? Très peu, et c’est sur ce point qu’intervient Prof en Poche.

 

En deux mots. Un prof sur demande. 

Oui, des solutions de soutien scolaire existent, mais elles restent ponctuelles et sont bien souvent contraignantes en plus d’être un gouffre financier. Prof en Poche est le premier professeur virtuel francophone, disponible sur Facebook Messenger, iOS et Android. Cet assistant pédagogique digital permet aux élèves de réviser efficacement et de faire leurs devoirs sur le support qu’ils utilisent le plus : le mobile. Avec un chatbot – discussion avec une intelligence artificielle – disponible 24h/24 et des professeurs en ligne de 17 heures à 21 heures, les collégiens et lycéens sont accompagnés dans leurs parcours scolaires et leurs orientations.

 

 

L’équipe. Ils sont tombés dans la marmite quand ils étaient petits.

A la tête de ce projet deux frères, Vincent et Paul. “On est tombé dans l’Éducation lorsqu’on était petit, nos parents ont monté une école de soutien scolaire il y a 35 ans”, rappelle Vincent. Ce terreau fertile permet aux deux frères de développer le concept de leurs parents.

 

 

Les chiens ne font pas des chats. Le troisième associé de cette belle aventure, Samuel, formé à l’Université Technologique de Compiègne, vient d’une famille d’enseignants-chercheurs en mathématiques. Pour Vincent, choisir Samuel comme associé était une évidence: “On a super bien accroché, lui aussi a des parents dans l’enseignement. L’éducation numérique ça le bottait et c’est une brique importante d’avoir un CTO aussi brillant au sein d’un projet technologique comme le nôtre”.

Le terreau natal de Prof en Poche est au centre de l’organisation de cette start-up qui s’est bien agrandie en 3 ans. “À Pau, on a des cerveaux” annonce fièrement Vincent. Le début de Prof en Poche s’est fait en terres paloises, il est donc important pour eux d’y rester et de continuer à développer l’écosystème déjà présent. Samuel est donc entouré d’une équipe de 3 techs au quotidien. Vincent et Paul sont, quant à eux, à Station F à Paris avec 4 collaborateurs pour bénéficier du développement marketing et commercial.

 

Le problème. Smartphone à la main.

Les chiffres sont simples” assure Vincent, les élèves français passent chaque année en moyenne 900 heures à faire leurs devoirs et 1500 heures sur leurs téléphones. Et d’après les chiffres de Prof en Poche, 8 élèves sur 10 utilisent leurs smartphones lorsqu’ils font leurs devoirs. Certes, nous pourrions instinctivement penser que l’utilisation des portables distrait les jeunes lorsqu’il travaillent. Eh bien détrompez-vous, le smartphone est vu par les élèves comme un moyen d’information. Consultation de pages Wikipédia, demande d’aide sur Facebook, communication des énoncés sur Snapchat sont autant d’usages que d’exercices !

Nous avons affaire aujourd’hui à une génération ultra connectée”, ajoute Vincent. Avec cette génération adepte du zapping, comment allier le numérique à l’éducation traditionnelle pour répondre aux besoins de ces jeunes qui veulent que tout aille plus vite ?

 

L’idée. L’Éducation et les nouvelles technologies au cœur.

La première ébauche du projet vient d’une demande d’un jeune que Vincent et Paul suivaient dans l’école de soutien de leurs parents. Parti à Londres, le jeune homme ne trouve pas de professeur particulier et demande donc à Vincent de le suivre. À plus de 1000 km de distance, une seule solution s’offre à eux : Skype. Puis, le bouche à oreille fait son effet et le jeune homme apporte de nouveaux élèves londoniens à Vincent qu’il suit à distance. 

Les deux frères réalisent alors qu’il y a “une carte à jouer, car il est difficile pour les expatriés de trouver des professeurs particuliers”. Rapidement Vincent et Paul se rendent compte que cette problématique est également valable en France. Pour eux, les cours particuliers à distance peuvent être une nouvelle pratique efficace.

Les élèves sont de plus en plus intéressés par les nouvelles technologies et sont habitués à la souplesse prodiguée par cette utilisation du numérique. Forts de ce retour “terrain”, Vincent et Paul décident de créer Prof en Poche : “des professeurs qui gravitent autour d’élèves qui peuvent demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin”.

 

 

La Mise en oeuvre. “Hyper User-Centered”.

Notre trio palois s’attache à développer rapidement -en quelques semaines- la toute première version de la plateforme Prof en Poche. Celle-ci proposait des visios avec des professeurs et des podcasts. Vincent fait alors face à un premier souci “produit” et améliore la plateforme pour gérer la sélection des professeurs.

Pour remédier au problème marché/produit, Prof en Poche effectue son premier pivot. Finie la place de marché du soutien scolaire, place à l’application mobile. Avec le soutien de la Technopole Hélioparc de Pau et particulièrement de son directeur, Olivier Farreng, le projet décolle. Pour offrir un service gratuit aux élèves, Prof en Poche signe son premier contrat avec une collectivité en séduisant la ville de Pau “pour favoriser l’égalité des chances et l’accessibilité”.

 

 

Peu de temps après la signature de ce premier contrat, une partie de l’équipe part à Paris. Puis, d’autres contrats arrivent. Ici encore, l’écosystème permet à Prof en Poche d’évoluer. Avec des mentors de différents domaines, le nombre d’utilisateurs et de clients du service est multiplié par 5 en seulement 3 mois.  L’équipe gagne un temps précieux lors de son séjour à l’accélérateur NUMA. Le développement du chatbot de l’application a été très rapide grâce à l’aide reçue par Xavier ayant précédemment développé Lara, le chatbot de Meetic, l’un des premiers chatbots francophones en terme de nombre d’utilisateurs. Cette nouvelle fonctionnalité est déterminante dans la phase d’accélération “les élèves avaient envie d’être pris en charge directement” avoue Vincent. Aujourd’hui localisé en partie à Station F, Prof en Poche développe des solutions d’assistance éducative utilisées par plus de 200 000 apprenants.

 

Les difficultés. Faire d’une pierre deux coups.

Le recrutement des professeurs a été “une grosse partie du boulot” pour l’équipe de Prof en Poche.  Cette sélection méticuleuse est décisive pour apporter de la fiabilité à la solution. Prof en Poche compte dans son réseau une cinquantaine de professeurs triés sur le volet. Vincent nous rassure : “On connaît tous les professeurs et on organise tous les mois des réunions de suivi”.

La reprise de l’école de soutien familiale et le développement de leur application a confronté Vincent et Paul à de durs choix. Les deux frères mettent alors à disposition des élèves de l’école de soutien Prof en Poche. Cette action leur permet de développer leurs solutions par le retour des élèves et de diminuer le temps de cours particuliers en face à face. Aujourd’hui plus de 150 élèves sont suivis dans ce véritable « learning lab » de Pau, une centaine au Pays Basque, et l’entreprise devrait ouvrir un nouveau learning lab à Paris au second semestre 2019.

 

 

Les Finances. 2019, année du décollage.

En 2018, l’entreprise a connu une période de forte croissance sur l’usage de ses produits et d’un point de vue commercial. En effet, en plus des 900 parents abonnés aux services Prof en Poche, ce sont plus de 30 clients BtoB qui travaillent avec l’entreprise. « Cela va des collectivités qui achètent le service pour le distribuer gratuitement aux habitants, aux grands comptes qui utilisent nos technologies pour former leurs salariés, en passant par des écoles post-bac, des banques ou encore des assurances qui utilisent Prof en Poche comme un media pour communiquer efficacement auprès de leurs cibles (ndlr les jeunes de 15 à 18 ans)», précise Vincent Escudé. « Nous travaillons également sur un grand projet dont la sortie est prévue en septembre 2019. Il s’agira de fournir aux jeunes de primaire un assistant en mathématiques répondant aux principaux enjeux pour les enfants : démonstrations faisant appel à une logique spatiale et développant l’intuition, limitation de l’usage des écrans, plaisir d’apprendre, solution bon marché ».

La start-up, qui a réalisé une levée de fonds « family and friends » fin 2017, est aujourd’hui dans l’optique de « bootstrapper » et de financer elle-même son développement par la déclinaison de son expertise sur des produits et des marchés innovants. Elle compte ainsi doubler son effectif et dépasser 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2019.

Chronique co-réalisée avec @Jean Rognetta, Directeur de la rédaction de Forbes France et Florian Bercault & Adèle Pasquier d’Estimeo.

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