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Altruwe : le média social qui souhaite viraliser l’altruisme

Quel est le point commun entre le moine Matthieu Ricard, le romancier à succès Laurent Gounelle, le président du groupe SOS Nicolas Froissard et le chef étoilé Thierry Marx ? L’altruisme ! Alors que de nombreuses études montrent que le narcissisme progresse dans la population pendant que l’empathie diminue, je souhaite interroger cette semaine Jérémie Mani et Yves Delnatte à l’origine d’Altruwe, le média social de ceux qui contribuent à changer notre époque.


 

Pourquoi l’altruisme est en cœur de votre application ? En quoi est-ce si important ? 

Jérémie Mani : Yves et moi sommes deux entrepreneurs qui avons revendu nos entreprises respectives et souhaitions nous consacrer à un projet sans but lucratif, riche de sens. Nous aurions pu choisir de nous investir dans une association, mais laquelle choisir ? Et puis quel impact cela aurait, au final ? Au lieu de cela, on s’est demandé s’il y avait un point commun à toutes ces associations, une inclinaison ou un état d’esprit partagé. Et si oui, si cette inclinaison pouvait être cultivée et infusée dans la société pour que plus de gens aient envie de s’engager.

Yves Delnatte : C’est en lisant Matthieu Ricard qu’on a conclu que l’altruisme était probablement ce plus petit dénominateur commun partagé par tous ceux qui s’engagent pour une cause. Dans son Plaidoyer, Matthieu Ricard montre que l’altruisme non seulement se cultive – c’est-à-dire qu’on ne nait pas altruiste, on le devient – mais aussi qu’il se partage, via le mimétisme social. Alors nous avons cherché un moyen de « rendre l’altruisme viral », de mettre en avant les contenus et récits altruistes et inspirants en espérant que cela convainque un plus grand nombre de gens d’être moins égocentrés.

 

Apparus comme outils de communication ou encore de rapprochement, on a tendance à dire aujourd’hui que tout est de la faute des réseaux sociaux : faîtes vous le même constat ? 

Jérémie Mani : A titre personnel, je viens de ce milieu-là. J’ai dirigé pendant 10ans une entreprise de Modération de contenus sur les Réseaux sociaux. J’ai été le témoin et le commentateur dans les médias de ce que vous décrivez. Mais il est difficile de faire entendre une position nuancée. Certains médias ne garderont que la phrase choc. Et les autres ne vous donnent que quelques secondes pour synthétiser votre position. Or, non, il n’y a pas que du négatif dans les réseaux sociaux ! Si je ne devais prendre qu’un exemple, ce sont les groupes Facebook Wanted Community, qui rassemblent 1 million de membres sur la thématique de l’entraide et de la solidarité. Et il y a plein d’autres, dont on ne parle pas assez.

Yves Delnatte : les réseaux sociaux, en tant qu’outils, sont des formidables mécaniques de viralisation de contenus, de mise en relation d’individus. Cela peut aussi servir à la promotion d’initiatives positives ! C’est notre pari en tout cas. Altruwe s’est construite comme une plateforme sociale qui permet de rassembler des contenus inspirants, positifs, qui donnent envie d’agir. Afin dans un second temps de les partager massivement sur les réseaux sociaux, pour en démultiplier la portée. Nous sommes convaincus qu’il y a de nombreuses personnes sur ces réseaux là qui ne demandent qu’à voir et partager ces articles, vidéos ou podcasts qu’on trouve sur le Web mais souvent coincés entre 2 faits divers et 3 homicides.

 

Seuls avec tous. Est-ce qu’on seul parce qu’on passe trop de temps en ligne, ou passons-nous trop de temps en ligne justement parce qu’on se sent seul ?

Jérémie Mani : Il faudrait définir ce que veut dire passer « trop » de temps en ligne. Car en ligne on peut s’instruire, découvrir des paysages où l’on n’aura jamais l’occasion de mettre les pieds, s’amuser…

Yves Delnatte : (…) ou en effet combler un vide en enchainant des vidéos qu’on aura oublié dès le lendemain, car elles ne nous nourrissent pas l’esprit. En tout cas, le monde numérique n’est pas négatif en soit. C’est notre conviction, sinon nous n’aurions pas créer une application mobile pour véhiculer l’altruisme. Si des gens se sentent seuls, qu’ils ou elles viennent nous rejoindre, nous sommes un groupe de bénévoles dynamiques et motivés !

 

Il y a des millions de bénévoles rien qu’en France (et nous sommes une Application visant toute la francophonie). C’est déjà un gros travail de se faire connaitre auprès de tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de l’altruisme

 

Comment fonctionne l’Application ? Est-ce qu’on peut encourager des comportements altruistes avec Internet alors qu’on observe souvent le contraire, notamment avec la mode des « selfies » ? 

Yves Delnatte : J’invite tous vos lecteurs à la télécharger pour se faire une idée ! En rappelant que c’est gratuit et sans aucun but lucratif. Ils verront que c’est très simple : on peut consulter des contenus sélectionnés pour leur tonalité positive, éclairante ou qui donne envie d’agir. Et d’un clic, si on le souhaite, partager ces contenus à ses proches pour enclencher ce mimétisme social dont on parlait. Tout est fait pour que vous y passiez le moins de temps possible tout en ayant le sentiment légitime d’avoir fait quelque chose de positif.

Jérémie Mani : Ceux qui le souhaitent peuvent aussi s’impliquer plus amplement, en modérant les contenus soumis par la communauté par exemple. On aime se présenter comme l’inverse d’une ruche : vous prenez dans l’App ce qui vous intéresse et allez polliniser votre entourage (vos amis Facebook, vos groupes WhatsApp, vos collègues de bureaux…) avec ces contenus. Et si vous le faites entre deux selfies, on promet de ne rien dire ! L’ego prend beaucoup de place sur les réseaux sociaux, mais pas toute la place.

 

Finalement, comment Altruwe peut aider à transformer les interactions en ligne en des relations plus importantes et concrètes ? Que dites-vous à ceux qui refusent de croire à la générosité, à la solidarité et à l’altruisme chez l’être humain ? 

Yves Delnatte : Très honnêtement, on ne va pas chercher à convaincre ceux que vous mentionnez. Il y a des millions de bénévoles rien qu’en France (et nous sommes une Application visant toute la francophonie). C’est déjà un gros travail de se faire connaitre auprès de tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de l’altruisme. On n’a pas vocation à rassembler des millions de membres. Uniquement ceux qui souhaitent marquer leur engagement pour l’altruisme.

Jérémie Mani : Notre pari, c’est que plus on est confronté à des contenus qui donnent envie d’agir, plus cela a de chances d’influencer favorablement notre comportement. Cela ne réduira pas la haine en ligne ; d’ailleurs ce n’est pas notre combat. Mais cela poussera plus de gens – on l’espère – à tenir compte d’autrui dans leurs actes quotidiens.

Comme Matthieu Ricard l’écrit – avec beaucoup de justesse – « L’altruisme est la seule réponse pragmatique aux défis du XXIe siècle » ! 

 

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