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Une ONG dénonce les agissements de Total en Ouganda

KAMPALA, UGANDA - 2020/03/21: Residents of Namuwongo gather to fetch water from a borehole during the coronavirus outbreak. So far only 33 people have been confirmed to be infected with COVID-19 in Uganda, and less than 5,000 across Africa. The government of Uganda has imposed restrictions on business, education and travel, where public transport was banned for at least 2weeks and people were advised to stay at home as a preventive measure against the spread of coronavirus. (Photo by Sally Hayden/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

Dans un rapport publié le lundi 2 septembre, l’ONG Climate Rights International (CRI) met en lumière de nombreuses violations commises contre les populations locales et l’environnement dans le cadre d’un mégaprojet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie, dirigé par les entreprises TotalEnergies et CNOOC. Ce projet, dont le coût total s’élève à 10 milliards de dollars (9 milliards d’euros), prévoit le forage de plus de 400 puits pour extraire le pétrole de la région du lac Albert, à l’ouest de l’Ouganda, ainsi que la construction du plus long oléoduc chauffé au monde (1 443 km), qui acheminera le pétrole jusqu’au port tanzanien de Tanga. De nombreuses associations de défense de l’environnement s’y opposent fermement, estimant qu’il représente une menace pour l’écosystème fragile de la région et les communautés locales.

  • Le rapport de Climate Rights International décrit en détail un « catalogue de violations » associé à l’implantation de Kingfisher, l’un des deux sites de production en Ouganda, géré par CNOOC sur la rive sud-est du lac. L’autre site, appelé Tilenga, est exploité par TotalEnergies sur la rive nord. Des témoignages recueillis auprès de 88 personnes révèlent que les habitants ont été expulsés « de force, souvent avec peu ou pas de préavis », par l’armée ougandaise, qui a détruit des bateaux de pêche, principale source de revenus de la région. Les compensations financières offertes aux habitants ont souvent été acceptées sous « pression » ou « menace » et sont jugées « bien trop faibles ». Deux employés d’une société chinoise impliquée dans le forage ont signalé des actes de pollution volontaire. Selon eux, un ancien superviseur leur aurait ordonné de déverser de l’eau contaminée, mêlée de pétrole et de produits chimiques, directement dans le lac ou sur des terrains vagues autour des sites de forage.

 

  • L’ONG fait également état de violences sexuelles perpétrées par des militaires, qui contraignent les femmes à des relations sexuelles sous peine d’arrestation ou de confiscation de leurs produits de pêche. Des accusations similaires concernent des responsables travaillant sur le projet Kingfisher, y compris un cas impliquant un employé de CNOOC. En outre, il est rapporté que certaines personnes impliquées dans le recrutement demandent des pots-de-vin, exigeant parfois des « faveurs sexuelles » en échange d’un emploi. Des employées expliquent qu’elles risquent de perdre leur emploi si elles refusent d’avoir des relations sexuelles avec leur supérieur.

 

  • Pour les autorités ougandaises, ce projet représente une source importante de revenus, ce qui a conduit à une répression sévère de toute opposition. La région est marquée par une « atmosphère de peur et d’intimidation », selon le rapport de CRI. En juin, Stephen Kwikiriza, un militant pour l’environnement, a disparu pendant cinq jours. Son organisation a déclaré qu’il avait été arrêté et battu par des militaires. Le 9 août, 47 étudiants ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de déposer une pétition au Parlement, peu après l’arrestation de quatre militants devant l’ambassade de Chine.

 

  • Des actions en justice sont en cours en France contre ce projet controversé. Vingt-six Ougandais et cinq associations françaises et ougandaises ont lancé une action civile pour demander réparation pour diverses violations (expropriations forcées, compensations inadéquates, harcèlement…). Par ailleurs, plusieurs associations, dont Darwin Climax Coalitions et Sea Shepherd France, ont déposé une plainte pénale pour « climaticide ». En réponse aux critiques, TotalEnergies a annoncé en janvier une « mission d’évaluation » de ses programmes de relocalisation et de compensation en Ouganda et en Tanzanie.

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