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Too Big To Fail Et La Suprématie Des Entreprises Technologiques

Credit Photo : Thomas Trutschel/Photothek via Getty Images

Amazon est entrée en bourse en 1997. 20 ans et 400 milliards de dollars plus tard – le montant de sa valeur en bourse – l’entreprise fait partie de ce cartel des très riches, très grosses sociétés technologiques qui abattent une avalanche de chiffres record à chaque publication de résultats. La puissance des GAFA et autres Tech ne semble pas avoir de limite, à tel point que la défaillance de l’une d’entre elles pourrait avoir des conséquences graves sur l’ensemble de l’économie.

 

FAANG, GAFAM… Aux GAFA – Google, Amazon, Facebook et Apple – rajoute-t-on parfois Microsoft ou Netflix. Les acronymes changent de forme mais la suprématie de ces entreprises technologiques ne faiblit pas. A en rendre fous les investisseurs, dont le premier d’entre eux, Warren Buffett, déclarant dernièrement qu’il avait été « trop stupide » de ne pas avoir su estimer une société comme Google. Ces entreprises ont aujourd’hui un impact sur l’ensemble de l’économie mondiale.

Les Tech orientent la bourse

Elles font le bonheur des marchés, et notamment du Nasdaq où elles sont cotées. Indice majoritairement technologique, celui-ci a, pour la première fois, franchi les 6 000 points au mois d’avril avec la remarquable forme des Tech, l’action Apple s’est envolée de plus de 34% depuis janvier ; Facebook et Amazon 28% et Google 20%.

Alors que le marché s’est considérablement affaibli, l’effet d’euphorie Trump en moins, ces sociétés sont peu impactées par la conjoncture mondiale. Apple ne pâtit par exemple pas de la baisse des ventes d’Iphone en Chine. David Stockman, homme d’affaires et politicien américain, observe que « durant les deux derniers mois, les FAANG ont gagné 260 milliards de dollars de valeur, alors que les 495 autres entreprises du S&P500 ont perdu le même montant… ».

Les Tech asphyxient leur marché et partent à la conquête d’autres secteurs

Les GAFA débordent de trésorerie avec 400 milliards de dollars de cash, Apple à elle seule en possédant 250. A quoi leur sert cet argent?

Perpétuer la rupture technologique qui les a menée à une telle domination. Les directions de ces entreprises réinvestissent leurs profits dans la recherche fondamentale, à l’image de Google dans sa quête de la voiture autonome.

Rémunérer les actionnaires. Sauf qu’en réalité, les Tech ne sont pas généreuses en termes de dividendes. Apple affiche un taux de paiement de 23% de son résultat en dividende (40% pour les entreprises américaines) ; Facebook, Google et Amazon ne distribuant pas de dividende.

Faire des débauchages stratégiques, des ponts d’or à des talents aux idées de génie ou aux réseaux relationnels développés, ou rémunérer plus grassement certains salariés, de peur de les perdre, pratique proche du milieu bancaire des années 2000.

Enfin, racheter d’autres entreprises : start-up prometteuse ou concurrent encombrant. C’est par exemple ce qu’a fait Microsoft, avec Skype, Nokia et LinkedIn. Apple ou Google seraient ainsi en mesure d’avaler des mastodontes comme Disney ou Tesla et même de se cannibaliser, la banque Citigroup ayant récemment conseillé à Apple de racheter Netflix.

Selon Jean-Charles Simon, chef économiste à la Scor, c’est le phénomène du Winner takes all où « un leader l’est de plus en plus, en concentrant tous les revenus et profits du secteurs ». Chacune dans sa spécialité : Facebook pour les réseaux sociaux, Apple sur le smartphone… conduisant à un quasi-monopole. Google détient ainsi 92% des parts de marché de la recherche sur internet.

Confirmant l’adage que l’argent va à l’argent, pas étonnant que ces riches entreprises se retrouvent alors « confrontées à des problèmes de riches », selon Jean-Charles Simon, en cherchant à optimiser leur fiscalité.

Les Tech ont un fort pouvoir de persuasion

Grâce à un modèle de création de valeur décentralisée et à leur rayonnement planétaire, elles ne sont plus dépendantes d’un seul territoire. Pourtant américaines, ces sociétés possèdent plus de 90% de leurs réserves d’argent hors de ce territoire, contorsionnistes dans l’art d’éviter les taux d’imposition dissuasifs. Préférant aller vers d’autres Etats comme l’Irlande, où elles peuvent négocier des taux d’impôt réduits en échange de promesses d’emplois. Sans s’en cacher, Tim Cook, le PDG d’Apple, déclare : « Nous ne ramènerons l’argent aux Etats-Unis pas tant qu’il n’y aura pas d’impôt plus raisonnable ». Les Tech sont aussi les maîtresses du lobbying et de la communication, Google et Amazon en tête,  «  afin de peser sur les législations, de retarder des procédures judiciaires, d’obtenir de bons articles dans la presse », pour Bruno Dupray, trader chez Tribuforex.

Une ignorance encore trop grande des régulateurs

Leur capillarité, via leur présence dans de nombreux secteurs les amène à avoir une « mainmise sur les utilisateurs, plaçant les autres entreprises dans une position de dépendance inéluctable » selon Kevin Echraghi, analyste auprès du cabinet Fabernovel. Mainmise sur les utilisateurs, mais aussi sur leurs données confiées au Cloud. Que se passerait-il si, à cause d’une cyberattaque, l’une d’elles disparaissait, emportant avec elle les millions de données confiées ? Ferait-on face à un data crunch – pénurie de donnéesen comparaison du credit crunch ayant eu lieu lors de la faillite de la banque Lehman Brothers ? « Malheureusement, force est de constater que nous continuons à ignorer le fonctionnement précis de ces plateformes, et à en mesurer les conséquences sur l’économie » conclut Kevin Echraghi.

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