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Tesla : Mais À Quoi Joue Elon Musk ?

Getty Images

Le patron de Tesla a enflammé Wall Street, hier soir, en annonçant via un tweet son intention de retirer le constructeur de voitures électriques de la cote. Brièvement suspendu, le titre a terminé en hausse de 11%

« J’envisage de retirer Tesla de la cote à 420 dollars ; le financement est assuré ». Un tweet sans équivoque qui a mis « le feu aux poudres » à Wall Street et qui a permis au titre Tesla de bondir dans la foulée de cette « annonce », avant d’être brièvement suspendu par les autorités compétentes, pour finalement reprendre sa « marche en avant ». Ainsi, l’action Tesla a finalement terminé en hausse de 11% à 379,57 dollars après une poussée à 387,46, non loin de son record de 389,61 dollars qui remonte à septembre 2017.  Conscient de « l’impact » de son message à la fois équivoque et sibyllin en matière de « modus operandi », Elon Musk s’est ensuite fendu d’une explication plus « détaillée » sur le blog du groupe automobile. L’entrepreneur d’origine sud-africaine souligne que le ce retrait de la cote « permettrait à Tesla d’opérer dans les meilleures conditions, libre autant que possible de toute distraction et de tout raisonnement court-termiste ». Fin de citation. Assailli de questions sur Twitter à la suite de ce message, Elon Musk a néanmoins précisé qu’il n’y aurait « aucun changement » dans la gouvernance de Tesla, qu’il resterait donc « maître à bord » et qu’il n’envisageait nullement non plus de fusionner Tesla et SpaceX, constructeur de la fusée Falcon Heavy.  Celui qui détient également 20% du capital de Tesla a également affirmé qu’il n’avait aucune intention d’augmenter sa participation.

Dans sa missive, Elon Musk  souligne que les actionnaires ont le choix entre vendre leurs actions au prix de 420 dollars ou rester dans le capital, ce qu’il dit espérer. Il n’a fait aucune mention de la nature des financements qu’il dit avoir pour mener à bien l’opération.Alors véritable stratégie et volonté de se dégager de la pression des investisseurs ou simple coup de communication dont l’entrepreneur est friand ? Pressé de toutes parts pour faire de Tesla un constructeur rentable,  les résultats se font encore attendre tandis que le groupe subit une concurrence « sur son terrain de jeu » de plus en plus sévère de la part des constructeurs européens lancés à tombeau ouvert sur la route du véhicule électrique.  Quitter Wall Street aurait un avantage certain pour Elon Musk : lui permette d’échapper aux exigences de transparence des investisseurs et autorités de régulation sur les marchés cotés. Lui qui a récemment ferraillé avec régulateurs, analystes et journalistes « s’achèterait » ainsi une forme de « tranquillité ». « Tesla considère les tweets comme un moyen de communication public. Je pense qu’il est sérieux. Et en plus cela permet un ‘short squeeze’ après un bon trimestre », a commenté Chaim Siegel, chez Elazar Advisors, cité par Reuters.

Un fonds souverain dans la course ? 

Une telle opération, si elle prend corps, constituerait le plus important LBO (leveraged buyout, acquisition financée par de la dette) de l’histoire, devançant nettement le rachat pour 45 milliards de dollars de la compagnie d’électricité texane Energy Future – qui finit en faillite en 2014. Mais plusieurs sources bancaires, interrogées par Reuters, sont dubitatives. Elles disent ne pas avoir eu connaissances des projets de l’impétueux entrepreneur avant ses tweets et, surtout, ne voient pas de quelle manière ce projet pourrait être financé, compte tenu de la situation financière de Tesla qui continue de brûler de la trésorerie. « Pour moi il est inimaginable que quelqu’un finance le rachat d’une entreprise aussi endettée et qui perd autant d’argent alors qu’elle a d’énormes besoins d’investissements », abonde Mark Spiegel, gérant du fonds spéculatif Stanphyl Capital Partners, et toujours cité par Reuters.  Toujours est-il que les supputations vont désormais bon train pour savoir qui sera le partenaire susceptible d’épauler Elon Musk dans ce lourd processus.

Pour lesdites sources bancaires citées par Reuters, le partenaire idoine ne pourrait être qu’un fonds souverain ou encore un fonds important investi en technologies, comme le Vision Fund du japonais Softbank. Concernant la première possibilité,  une autre source a fait état, ce mardi, d’une preise de participation, de l’ordre de 5% dans le capital de Tesla, du fonds souverain saoudien Public investment Fund (PIF). Autre hypothèse : celle du mastodonte chinois Tencent Holding, qui a également pris une participation de 5% l’année dernière. Si Tesla a dépassé en termes de capitalisation boursière un constructeur traditionnel comme General Motors, l’étau de Wall Street continue de se resserrer autour d’Elon Musk qui a promis de faire de Tesla un groupe rentable.  Une perspective contrariée, cette année, par des  problèmes récurrents de production à son camp de base de Fremont, en Californie, ce qui a perturbé la montée en cadence de la nouvelle berline Model 3, essentielle pour sa rentabilité future.  En plein cœur du mois d’août, Elon Musk a trouvé le moyen de mettre la pagaille dans les marchés. La suite au prochain épisode.

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