logo_blanc
Rechercher

Schengen, La Nouvelle Prison Des Entrepreneurs

schengenTravel Concept

S’il est bien un sujet qui est passé sous silence, c’est l’impact de la fermeture des frontières sur notre balance du commerce extérieur. Dans la marée de dettes que nous sommes en train de générer, cela semble une goutte d’eau. Ce serait une grave erreur. Pourquoi faut-il ouvrir Schengen au plus vite ?

Il était une fois, avant le Covid, des PME et un pays qui souffraient déjà d’une balance du commerce extérieur rouge sang et sauvée, de temps à autre, par une vente record d’avions souvent invendables, ou une commande d’Airbus. Nos PME ont en effet une incapacité congénitale à s’y développer, et restent désespérément nationales, voire régionales ou moins. La fermeture des frontières nous éloigne un peu plus d’une révolution sur ce sujet et l’obstination de ne pas ouvrir les frontières de Schengen va nous reléguer un peu plus dans le bas encore, vers le tréfonds du classement, face aux USA et à la Chine. Entre autres.

C’est une parmi les nombreuses mesures qui ne peuvent pas attendre la réaction d’un gouvernement, décidément « jusqu’auboutiste », qui ne craque sur des dates d’ouverture ubuesques que face au réalisme grec, italien ou allemand,  et qui est manifestement incapable d’avouer qu’il souhaite maintenir la fermeture des frontières pour sauver le tourisme français, en obligeant les consommateurs y prendre leurs congés. Pourtant nous devrions non seulement ouvrir comme le veulent nos concurrents touristiques, mais également faire une exception rapide en faveur des voyages d’affaires, qui doivent impérativement reprendre.

Il faut ouvrir Schengen. Vite !

Tout d’abord parce que rien ne justifie de fermer plus longtemps. En quoi risquons nous moins d’un Parisien qui se déplace dans le sud que d’un Américain, un Marocain ou un Taiwanais ? En quoi serions-nous même plus dangereux pour un habitant de Floride qu’un New-Yorkais ? La réponse est simple : RIEN. Cette crise restera le premier exemple d’hystérie politique collective du jamais vu, qui demandera une analyse construite après la crise.

Ensuite parce que nous votons tous les 5 ans pour maintenir une démocratie et non une dictature qui nous dicte nos déplacements. La dernière fois que nos frontières étaient contrôlées ainsi, c’était pendant la seconde guerre mondiale. No comment.

Et enfin, car c’est une urgence économique :

Nous devons pouvoir reprendre le chemin des acquisitions. La crise fait des morts économiques. Des milliers d’entreprises en difficulté, des concurrents, en situation difficile, c’est toujours triste, mais c’est la vie des affaires, et cela représente des opportunités incroyables d’acquisitions à réaliser pour nos entreprises qui seraient encore riches en cash. Et heureusement, nous avons quelques sociétés riches, n’en déplaise aux syndicats et autres insoumis qui nous préféreraient tous pauvres. Des grandes entreprises, bien sûr, mais aussi quelques ETI leaders dans leur secteur. Nous avons laissé les commerces de première nécessité ouverts ? Laissons les affaires de première nécessité se réaliser au profit de la France. Pourquoi se refuser de sortir plus forts de la crise après nous avoir aveuglément enfermés chez nous, sans raison valable au regard des chiffres quasi définitifs des morts dans le monde. Invisibles sur les courbes de mortalité.

Nous devons ouvrir au tourisme, car tel une boîte de Pandore, cela rouvrirait les perspectives d’une des rares industries où nous sommes les leaders écrasants dans le monde, l’industrie aéronautique. Même en arrêtant l’A380 (stupidement en tant que consommateur, car cet avion est fantastique), nous avons encore une avance incroyable sur Boeing du fait de ses déboires, et devons l’exploiter avant qu’ils ne fixent leurs problèmes, et prendre un maximum de commandes dans l’entre-temps. Ouvrir Schengen, c’est laisser reprendre les vols et l’industrie qui l’accompagne, en amont et en aval. Masqués et « gelés » les risques sont ridicules, les bénéfices pour la France, énormes. Si Schengen ouvre, Trump ouvrira aussi.

Nous devons ouvrir à l’Afrique, qui plus que jamais prouve non seulement sa résistance (peu de morts même si tout n’est pas parfaitement comptabilisé, moins de 2000 morts, c’est 1 jour de décès aux USA au pic de la crise), et son potentiel de croissance préservé, quand nos économies vont mourir d’agonie et de décroissance. Combien de zones de ce type dans le monde ? Combien de pays comptent 1,5Mds d’individus de moins de 25 ans ? Fermer les frontières plus longtemps serait une erreur terrible. Nous devons nous y positionner bien plus fortement, dans cette Afrique que la France a abandonnée par aveuglement (passée à la 9ème place alors qu’elle occupait la 2nde il y a encore peu).

Les USA rouvrent progressivement au Canada, et ont annoncé vouloir ouvrir aux pays hors Schengen qui sont désormais sortis d’affaire. La maladie circule toujours, mais ne fait plus de victimes. Ouvrons ! Les Allemands et Autrichiens, Italiens et Espagnols ouvrent aussi, bloquant Mr Castaner et ses pathétiques moulinets verbaux d’un geste barrière réconfortant. Aux USA, dans le digital, il y aura des affaires à faire pour certaines pépites et entreprises françaises, notamment celles qui sont en pointe sur ce qui concerne le Covid, qui  pourraient y exporter leur modèle et lever des fonds à un niveau impossible en France.

Cette mauvaise plaisanterie a assez duré. Même si je n’en tire aucun enseignement (mais on devrait), ni conséquences, car ce serait de la manipulation de mauvaise facture, vous aurez tous remarqué que les pays les plus touchés au monde, sont ceux… qui ont confiné le plus durement. Belgique (championne de la mortalité), France, Espagne, Italie. Ceux qui n’ont pas confiné restent sous nos scores (comme la Suède avec 38 morts pour 100 000 sans confinement ou presque), sans même mentionner l’Allemagne ou l’Autriche, qui déconfinent du coup encore plus vite une économie dans laquelle les entreprises fonctionnaient à 70% pendant la crise, elles. Hong-Kong, Taiwan, Vietnam, pas de confinement dur non plus et chacun moins de 300 morts. Même la Floride, raillée un temps par certains médias français, affiche moins de 2000 morts pour 22M d’habitants, 5 fois moins qu’en France. Pas de confinement dur, d’auto-attestations insensées, d’interdiction de jogging ou de fermeture systématique de parcs, des dîners entre amis, pendant que mes amis à moi à Miami ou Abidjan m’envoyaient des photos de leur vie ensemble préservée…

Nous devons prendre le monde de vitesse et en profiter pour gagner des parties de chasse économique. Nos grands groupes doivent pouvoir repartir, eux aussi, à la conquête, cela permettra de recruter une partie de ceux qui perdront leur emploi dans les semaines à venir, à la « faveur » de plans de sociaux, dont nous n’avons vu que la partie émergée.

Nous devons ouvrir Schengen et pour une fois, être en avance sur l’intelligence collective et trouver un moyen de compenser la récession que nous sommes en train de provoquer et que 500Mds ne répareront pas. 500Mds, cela fait riche dans un dîner parisien, mais divisé en 27 pays, cela fait moins de 18Mds par pays !!! Alors parlons sérieusement et libérons nos énergies, celles de Français qui, à force d’être sous cloche, sont vraiment en train de le devenir. La Chine s’est lancée dans une frénésie d’achat, car elle a compris que tout était potentiellement à vendre. Le pouvoir leur reviendra de façon incontrôlable, si nous ne nous lançons pas très vite nous aussi. Si nos « emplettes sont nos emplois » pour parodier le slogan des années 80, c’est le moment de sauter dans un avion et ramasser les feuilles mortes, qui se ramassent à la pelle. Un magasine économique de renom indiquait les 13 sociétés mondiales qui sortiraient plus riches de la crise, et le moins qu’on puisse dire, c’est que les noms ne sonnaient pas très Européens. Il faut ouvrir. Maintenant.

 

<<< À lire également : L’Union Européenne Ferme Ses Frontières Pour 30 Jours>>>

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC