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Renault : Carlos Ghosn Dans La Tourmente, Bruno Le Maire Réclame Une « Direction Intérimaire »

Getty Images

Selon Nissan, principale composante de l’Alliance avec Renault, Carlos Ghosn aurait utilisé de l’argent du constructeur japonais « à des fins personnelles ». Une situation qui a enjoint Bercy à se positionner et Bruno Le Maire de réclamer « une direction intérimaire », Carlos Ghosn n’étant, selon lui, plus en situation de diriger le groupe Renault. 

L’onde de choc pourrait s’avérer dévastatrice et a déjà sévèrement ébranlé le titre Renault en Bourse, en chute libre de 9% en fin de sur la seule journée de lundi et encore en baisse de 1% dès les premiers échanges de mardi à la Bourse de Paris. Afin d’éviter que le poison de la suspicion ne se distille encore davantage, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des finances – l’Etat est actionnaire à hauteur de 15% de Renault- a demandé, mardi matin, la mise en place d’une direction intérimaire, Carlos Ghosn n’étant, selon le locataire de Bercy, plus en situation de diriger le groupe Renault. « En revanche, nous n’avons pas demandé le départ formel de M. Ghosn du conseil d’administration pour une raison qui est simple, nous n’avons pas de preuve et nous sommes dans un Etat de droit », s’est tout de même empressé d’ajouter le ministre. Pour rappel, selon une enquête interne diligentée par Nissan, « l’autre moitié de l’Alliance », au sujet  de « pratiques possiblement inappropriées de la part de Carlos Ghosn et du directeur délégué Greg Kelly pendant plusieurs mois », l’emblématique PDG de Renault aurait utilisé de l’argent du groupe « à des fins personnelles ». Des informations qui ont conduit le patron de Renault a être arrêté au Japon ce lundi après ces soupçons de fraude fiscale.

Des éléments suffisamment graves pour que Nissan prenne les choses en main au point que le conseil d’administration proposera, dès jeudi, que Carlos Ghosn soit démis de ses fonctions de président. Mitsubishi Motors, troisième tête de l’Alliance, a également abondé dans ce sens et souhaite l’éviction le plus rapidement possible du dirigeant franco-brésilo-libanais. De son côté l’Elysée – l’Etat est actionnaire de Renault à hauteur de 15,01% – s’est refusé à tout commentaire, arguant qu’une procédure était en cours. Mais d’après les révélations tombant au compte-gouttes, Carlos Ghosn aurait sous-évalué sa rémunération de 5 milliards de yens – soit l’équivalent de 38 millions d’euros (sur une rémunération totale de 10 milliards). Comme rappelé par Reuters, l’irruption des démêlés judiciaires de Carlos Ghosn tombe au plus mauvais moment pour le constructeur automobile français et son partenariat avec Nissan et Mitsubishi, l’homme fort de la première alliance automobile mondiale n’ayant pas encore finalisé un plan de succession pour garantir la pérennité cet édifice inédit, dans l’éventualité de son départ.

Mitsubishi réclame aussi son départ

Toujours est-il que cette information a clairement jeté un froid sur le titre Renault, les analystes se perdant en conjonctures. Il y a la version « optimiste »: « En cas d’erreur de reporting, nous pensons que le sujet pourrait se solder par une amende pour Ghosn, et un impact limité pour Renault ou Nissan », commente Exane dans une note citée par Reuters. Et la version « plus sombre » pour l’avenir à plus long terme de l’Alliance, toujours selon Exane. « Dans l’hypothèse pessimiste d’un délit plus grave, et si Carlos Ghosn n’est pas en mesure de se maintenir à la tête de Renault et/ou à la présidence de Nissan, alors des questions plus complexes vont se poser sur le futur à long terme de la structure de l’Alliance et sur la perspective de toute fusion ». Toutefois, ce mardi matin, Exane a abaissé sa recommandation sur Renault à « Neutre » contre « Surperformance » tandis que Bank of America a également dégradé son appréciation sur le constructeur à « Neutre » contre « Achat » précédemment. 

Mais l’Etat, en dépit des précautions oratoires d’usage, suit avec attention le déroulé des événements, car en tant qu’a actionnaire à hauteur de 15% dans le capital du groupe au losange, il se doit de préserver ce fleuron de l’industrie française. « Il est trop tôt pour se prononcer sur la réalité et la matérialité de faits sur lesquels je ne dispose pas d’éléments supplémentaires », a toutefois évoqué Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Bruxelles. »Par contre, l’Etat en tant qu’actionnaire sera extrêmement vigilant à la stabilité de l’Alliance et au groupe », a-t-il ajouté, et « à la stabilité nécessaire pour l’ensemble des salariés du groupe, auxquels je veux ici dire que l’Etat actionnaire assurera tout son soutien. » Si en France, la nouvelle a été accueilli avec une certaine stupéfaction, il en est de même au Japon où Carlos Ghosn est l’un des rares dirigeants étrangers à tenir les rênes d’une entreprise japonaise. Le patron français est même considéré comme le « sauveur » de la faillite de Nissan 

« Préserver l’Alliance »

En bourse, le coup est rude pour l’ensemble des valeurs européennes automobiles qui ont subit le contrecoup de cette nouvelle, tandis que, sans surprise, à l’instar de Renault, le titre Nissan coté à Francfort a décroché de près de 12%. Tentant d’apaiser l’incendie naissant, le directeur général de Nissan, qui souligne que  » les pratiques financières de Carlos Ghosn sont inacceptables et graves « , affirme dans le même temps vouloir mettre tout en œuvre pour que l’Alliance avec Renault soit préservée. Une doléance partagée par Bruno Le Maire et le gouvernement. Comme évoqué en préambule, la mise à l’écart de Carlos Ghosn sera à l’ordre du jour du conseil d’administration de Nissan, ce jeudi. Cela ne pourrait être que la première étape de la chute de Carlos Ghosn qui pourrait ensuite perdre son fauteuil au conseil d’administration de Mitsubishi et de Renault. Les prochains jours vont s’avérer cruciaux pour l’avenir de l’emblématique dirigeant. 

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