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Prix Du Pétrole : L’Arabie Saoudite Envoie Le Marché Du Brut Dans Le Mur ?

pétroleoil pumps at sunset, industrial oil pumps equipment.

Certains analystes outre Atlantique sonnent l’alarme à cause du surplus considérable de la production de pétrole par rapport à la demande en chute libre depuis l’arrivé du COVID-19. Le surplus mondial est actuellement de l’ordre de 15 millions de baril de brut par jour et pourrait atteindre 20 millions même par jour dans les semaines à venir. Tandis que l’Arabie saoudite mène la guerre contre tous les producteurs du monde dont la Russie et les Etats-unis, en augmentant sensiblement la production du Royaume, une histoire de mettre fin à leur rôle de producteur d’appoint et augmenter leur pourcentage dans le marché mondial.

L’Arabie saoudite est le premier pays producteur de pétrole au monde (avec la Russie et les États-unis à ses trousses) mais avec des coûts de loin les plus faibles. Afin de récupérer des parts du marché mondial, et en premier lieu parmi les autres membres de l’OPEP dont la Russie qui tient la position d’observateur rapproché, le Prince Mohammed bin Salman et son ministre, le Prince Abdulaziz, tiennent bien la menace de mettre le marché à genou.

Un réajustement en baisse du niveau de la production mondiale sera absolument nécessaire pour retrouver l’équilibre dans un marché ou la demande s’est effondrée à cause de la pandémie de coronavirus. Il est estimé que le monde, du jour au lendemain, consomme 20% de brut en moins. Néanmoins, l’Arabie saoudite a fait augmenter sa production de plus de 2 millions de baril par jour en février suivi de 2 millions de plus par jour en mars. Selon les accords de l’OPEP, l’Arabie saoudite exportait auparavant environ 7 millions de barils par jour. Il est prévu par Ryad une augmentation de sa production pour le mois d’avril à 12,3 millions de barils par jour.

Les prix de référence, le ‘West Texas Intermediate’ (WTI) aux Etats-unis, tombé à 20 dollars le baril cette semaine contre 60 dollars au premier janvier de cette année, et le ‘Brent’ de la mer du Nord, tombé à 23 dollars, sont aux niveaux jamais vu depuis 2003.

Les barils de brut ‘non consommés’ doivent être stockés purement et simplement. Ce surplus pose des problèmes pour un système mondial qui a l’habitude d’acheminer le pétrole vers la consommation. Le pétrole n’est normalement pas produit pour que l’on le stocke. En plus, les puits ne sont pas efficacement réglables. On n’ouvre pas un puits pour l’arrêter et ensuite le rouvrir. Ça coule de source – c’est le cas de le dire.

Pour ralentir le rythme de production des puits aux Etats-unis par exemple, il faut les laisser s’épuiser. En même temps, il faut arrêter le forage de nouveaux puits. Cette activité est à la base d’une industrie gigantesque en Amérique (avec le Canada inclus) qui représente une quantité d’emplois incalculables. La perte de ces emplois préoccupe déjà la Maison Blanche. On peut imaginer les coups de fil entre Washington et Ryad à ce sujet.

Les intervenants sur le marché du pétrole constatent une capacité limitée de stockage dans le monde qui se remplit d’une façon alarmante. Le système aux États-unis exige désormais que les producteurs puissent justifier le destinataire bona fide du brut qu’ils livrent dans les pipelines. Sachant que les producteurs touchent un prix de ‘grossiste’ à la tête des puits vis-à-vis du prix WTI, il y a déjà de très fortes décotes de prix selon la qualité de brut. On parle du prix inimaginable de seulement 13 dollars au Texas pour du brut dans quelques contés et même de seulement 5 dollars pour le brut lourd du Canada. Avec une capacité de stockage libre de l’ordre de 135 millions de barils et une surproduction de l’ordre de 2 millions de baril par jour en Amérique, il n’y aura plus de capacité pour emmagasiner le brut d’ici 10 semaines. On envisage le cas de figure ou les producteur pourraient ‘payer’ pour que l’on prenne leur barils. Le prix $zero n’est pas à exclure.

Il ne reste que les pétroliers comme moyen de stocker du brut. Cette capacité disponible est estimée aujourd’hui à 100 millions de barils. Mais le surplus saoudien, sans parler du brut superflu de tous les autres pays producteurs, s’accumule rapidement sur le marché. Occuper les pétroliers comme lieux de stockage fait parti du jeu de Vitol Group et de Gunvor Group, les deux plus grands traders de la planète.

Le pétrole de schiste, qui représente la production en marge aux États-unis et dont les coûts sont les plus élevés, est en ligne de mire de l’Arabie saoudite et de la Russie. D’après les experts russes, si la baisse des prix peut éliminer la plupart de la production du pétrole de schiste aux États-unis dans les mois à venir, le prix du brut peut retrouver un niveau de 60 dollars à la fin de l’année. C’est ainsi que les États-unis joueront le rôle de producteur d’appoint et cela selon des forces traditionnelles du marché. Dorénavant la production excédentaire sera américaine et non plus saoudienne ou russe.

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