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Plafonnement Des Nuitées : Pourquoi Airbnb Se Limite Au Centre De Paris

La plateforme de location de logements entre particuliers Airbnb a annoncé hier vouloir limiter le nombre de nuitées à 120 par an pour favoriser « un tourisme durable et responsable. Un « geste » d’apaisement à l’endroit de la mairie de Paris… mais qui ne concerne que les quatre premiers arrondissements de la capitale.

« On ne peut pas accepter qu’une plateforme n’applique la loi que dans les quatre premiers arrondissements de Paris, c’est une drôle de conception de la loi ». La réponse de la mairie de Paris – via Ian Brossat, adjoint au logement -, ne s’est guère fait attendre après la « main tendue » de Airbnb désireuse de vouloir limiter à 120 le nombre de nuitées par an dans la Ville Lumière. Une proposition « étonnante » uniquement valable dans les quatre premiers arrondissements de la capitale qui constituent, pour les non-initiés, le « cœur » de Paris. Un « centre névralgique » où Airbnb est déjà extrêmement présent – pour ne pas dire envahissant – comme l’avait déjà dénoncé, il y a quelques mois, l’élu communiste. « Dans les quatre premiers arrondissements, un logement sur quatre ne sert plus à loger des Parisiens ». Et de rappeler également que 754 000 euros d’amendes avaient été prononcées par la justice depuis janvier pour infraction à la réglementation. 

En outre, concernant l’épineuse question du nombre maximal de nuitées  dans la capitale, Paris n’avait – avant « l’offre » de Airnbnb – jamais avancé la moindre doléance, laissant le gouvernement se pencher sur la question. La mairie espérait ainsi que celui-ci offre davantage de latitude aux collectivités, en les autorisant elles-mêmes à fixer le plafond.  Car Paris est l’une des villes les plus sollicitées sur la plateforme. Ainsi, sur les 400 000 logements « disponibles » dans l’Hexagone, près de 70 000 sont situés dans la capitale. Pour faire montre de « bonne volonté », la plateforme américaine a donc décidé de limiter le nombre de nuitées dans la capitale à l’instar de ce qu’elle a déjà proposé pour New York, Londres ou encore Amsterdam (avec des disparités, puisque ledit « plafond » est fixé à 30 nuitées à New York, 60 à Londres et 30 à Amsterdam.)

Un « remède » éprouvé

« Airbnb, en tant qu’acteur responsable, a décidé de mettre en place la limite automatique de la durée annuelle de location des logements dans le centre de Paris pour favoriser un tourisme responsable et durable », développe l’entreprise valorisée à 31 milliards de dollars. Et de louer également, comme évoqué plus haut, un remède ayant déjà fait ses preuves. « Nous savons que la limitation automatique du nombre de nuitées est un outil efficace, qui évite les abus et ce, sans aucun coût pour la collectivité », abonde Emmanuel Marill, directeur de Airbnb France. Comment, en pratique justement, faire respecter cette limite ? Dans le détail, les propriétaires qui voudraient outrepasser ces quatre mois seront littéralement bloqués par l’application.

Un compteur indiquera en temps réel sur toutes les annonces publiées sur la plateforme le nombre de nuitées déjà effectuées. Une mesure qui permettra à l’hôte de « prendre ses dispositions » à mesure de l’approche de l’échéance. En attendant la mise en place du dispositif dès le mois de janvier 2018, Paris fourbit ses armes et a déjà pris des mesures, dont la plus emblématique d’entre elles prendra effet à partir du mois de décembre prochain. Ainsi, toute personne désireuse de louer  son logement à Paris en meublé touristique sur une plateforme numérique type Airbnb devra obligatoirement détenir un numéro d’enregistrement. « Avec ce numéro d’enregistrement, nous pourrons surveiller le nombre de nuits maximales, toutes plateformes confondues », a précisé Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris l’été dernier à l’AFP, car « chaque logement ne peut avoir qu’un seul numéro d’enregistrement.

Bordeaux (aussi) à l’offensive

Outre Paris souvent érigée en fer de lance de la « bataille » contre Airbnb, la municipalité de Bordeaux s’est également mise au diapason et a rejoint la lutte contre ce qu’elle considère être de la « concurrence déloyale » à l’égard des hôteliers traditionnels.  Ainsi, parmi la dizaine de plateformes locatives, les statistiques du site Airbnb font état de 6 000 locations sur sa plateforme fin 2016 à Bordeaux. « La croissance du nombre d’hébergements concernés est exponentielle : +200% entre 2013 et 2014, +100% en 2015 et +100% en 2016 », précisait la mairie de Bordeaux l’été dernier. En attendant, Airbnb continue de jouer avec les nerfs de la mairie de Paris avec cette proposition « à deux vitesses » excluant de la réglementation 16 arrondissements sur 20. Une curieuse conception, en effet, du tourisme « durable et responsable » portée aux nues par la firme de San Francisco.

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