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Permis de conduire : ne laisser personne sur le bord de la route

permis@Gettyimages

Passée inaperçue tant les retraites monopolisent le débat, la proposition de loi du député Sacha Houlié visant à “faciliter le passage et l’obtention de l’examen du permis de conduire” mérite pourtant que l’on s’y attarde. Celle-ci s’attaque en effet à une problématique essentielle : comment permettre au plus grand nombre de passer son permis de conduire, synonyme d’indépendance et de liberté ?

 

Adoptée à l’unanimité en 1ère lecture à l’Assemblée nationale, cette proposition de loi comprend plusieurs mesures importantes pour lever les freins à l’obtention de ce précieux sésame, que 85% des jeunes estiment nécessaires afin d’accéder à l’emploi d’après une récente étude Ipsos/Institut Montaigne. Création d’une plateforme digitale nationale d’information pour centraliser les dispositifs de financement du permis, extension de la possibilité de recourir au Compte Personnel de Formation, possibilité d’organiser des cours de code dans les lycées hors temps scolaire ou encore recours à des agents publics ou contractuels pour pallier le manque d’inspecteurs : ces mesures vont dans le bon sens, mais seront-elles suffisantes pour rendre la route accessible à tous ?

Avoir son permis, c’est d’abord avoir les moyens de le passer (1 600 €, en moyenne, d’après le rapport Dumas, avec de fortes disparités territoriales). En augmentant le nombre d’agents capables de faire passer l’examen pratique, le gouvernement devrait parvenir à réduire le délai de passage du permis, et ainsi en réduire le coût moyen. Pour autant, si l’on peut saluer la volonté de rendre plus lisibles les différentes aides auxquelles peuvent prétendre les candidats, force est de constater que ces dernières (permis à un euro par jour, Compte Personnel de Formation, aides locales) ne permettent pas d’en faire un examen abordable pour tous. Aujourd’hui, 30 % des 18-26 ans n’ont pas leur permis de conduire et pour plus d’un tiers d’entre eux, le coût de l’examen est le critère le plus bloquant (sondage Ipsos/IM). Le CPF, notamment, ne peut être utilisé que s’il est crédité, et n’est donc pas un outil mobilisable par les plus jeunes.

 

Mais au-delà de la barrière financière, d’autres freins – difficulté d’apprentissage, troubles cognitifs, mauvaise maîtrise de la langue française, isolement géographique – ne trouvent pas leur réponse dans la proposition de loi actuelle. Pour rappel, le taux de réussite à l’examen du code de la route atteignait 54,7 % en 2021. Dans certains départements, moins d’une personne sur deux le passe avec succès (la Creuse, le Val d’Oise, la Corse du Sud, la Seine Saint-Denis mais aussi les DROM-TOM). Comment, dès lors, s’adresser à ces publics en difficulté, pour lesquels le permis est un prérequis, que ce soit pour leur vie personnelle ou professionnelle (25 % des personnes en recherche d’emploi ont dû refuser une offre ou une formation, faute de solution de mobilité) ?

Comme dans d’autres domaines, la puissance publique ne peut malheureusement venir en aide à tous les cas particuliers. Un accompagnement personnalisé se révèle parfois indispensable : qui d’autre que les acteurs de proximité – entreprises, tissu associatif – pour prendre le relai ? Il est dans l’intérêt de chacun de généraliser l’accès à la mobilité : le permis de conduire ne doit en aucun cas être un frein aux souhaits de déplacements de nos concitoyens.

 

Dès lors, tous les acteurs de la société civile ont un rôle à jouer : assurons-nous qu’en matière de permis de conduire, personne ne sera laissé sur le bord de la route.

 

Tribune  rédigée par David Tuchbant Président de Roole, fondateur de l’initiative Permis-solidaire.org, en partenariat avec le réseau Mob’In, fédération des acteurs de la mobilité inclusive.

 

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