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Mehdi Dziri, directeur général d’Ubiq : « Le télétravail offre aujourd’hui la liberté de s’affranchir de son lieu de travail pour déterminer son lieu de vie »

Medhi Dziri, directeur général d'Ubiq.Medhi Dziri, directeur général d’Ubiq.

Le bureau se réinvente et ne se limite aujourd’hui plus à un espace de production valorisé en mètres carrés. C’est en tout ce que constate Mehdi Dziri, directeur général d’Ubiq, une plateforme spécialisée dans la recherche de solutions de bureaux en France. Selon lui, l’explosion du coworking en France est le signe que cette nouvelle vague n’est plus uniquement réservée aux entrepreneurs ou travailleurs indépendants. Entretien.

Que propose concrètement Ubiq comme services ?

Mehdi Dziri : Ubiq est la plateforme de référence des bureaux flexibles en France et permet à chaque entreprise de trouver, visiter, et choisir la bonne solution de bureau pour son équipe. Sur Ubiq.fr les entreprises peuvent naviguer et échanger directement avec plus de 3200 offres de bureaux et bénéficier de l’accompagnement des experts Ubiq pour trouver le lieu de vie parfait pour leur équipe. Ainsi en fonction de leur organisation, de leur croissance, de leur rythme de télétravail, nous aidons nos clients à trouver le bureau, ou le système de bureaux réels et virtuels qui leur convient.

De plus grâce à l’exploitation de nos données sur l’offre de bureaux en France, nous souhaitons contribuer à la réduction de l’impact carbone du bureau en relouant les mètres carrés inutilisés ou en permettant à nos clients de rechercher leur bureau en partant de l’adresse de leurs collaborateurs et trouver ainsi les espaces limitant l’impact lié au trajet domicile-travail.

Nos clients sont essentiellement des entreprises, des collectivités, et des bailleurs à qui nous permettont de comprendre toutes les nouvelles solutions de bureaux de manière agnostique.

Par exemple, une collectivité peut nous soliciter pour savoir s’il est intéressant de créer un espace de coworking sur son territoire. Nous l’aidons alors à étudier la viabilité et le potentiel du projet en amont de son exploitation. Ces offres vont dans le sens du rééquilibrage de l’activité économique sur l’ensemble du territoire. C’est aussi un moyen de développer l’économie locale tout en rapprochant les travailleurs de leur lieu de vie.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse du projet ?

Au lancement en 2012, le projet existait sous le nom de Bureaux à partager. Le concept était simple et novateur : permettre aux entreprises avec des mètres carrés en trop de sous-louer tout ou partie de leurs bureaux. En 2021 que nous avons décidé d’opter pour le nom Ubiq, en référence au don d’ubiquité qu’ont maintenant les travailleurs. Les offres en sous-location constituent encore aujourd’hui une part importante des offres disponibles sur Ubiq.fr, mais nous ne proposont pas uniquement des bureaux partagés. Les offres de coworking, de bureaux opérés ou de bureaux traditionnels sont aujourd’hui sur Ubiq.fr.

Est-ce que la montée en puissance du géant Wework a contribué à l’essor du coworking ?

Effectivement, Wework a contribué à populariser ce concept, mais Wework est arrivé en France en 2016 et les coworkings existaient déjà. Dès 2010, nous assistons à une multiplication des tiers lieux et lieux d’incubation qui ont contribué à l’émergence du coworking. Le marché s’est ensuite structuré avec de gros acteurs comme Wework – qui gère à ce jour plus de 130 000 mètres carrés d’actifs en France, mais plein d’autres comme Wojo, Morning ou Spaces,

Le coworking restait réservé à une classe spécifique de travailleurs comme les entrepreneurs ou les startuppers… Est-ce que cette vague de démocratisation concerne plus de monde aujourd’hui ?

Le coworking n’est plus du tout réservé aux populations de travailleurs indépendants ou de startuppers. L’écosystème est aujourd’hui plus varié et même des grands groupes du CAC 40 sont aujourd’hui installés dans des espaces de travail mêlant espaces de travail privatifs et espaces communs partagés. Ils ont compris l’intérêt de diversifier leur stratégie immobilière et de favoriser les contrats flexibles par rapport aux baux commerciaux classiques.

Le coworking dans l’imaginaire collectif est souvent associé à un grand open space partagé entre plusieurs organisations. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, il s’agit de plus en plus de plateaux privatisés, pensés sur-mesure et équipés en fonction des besoins de l’entreprise.

De la même manière, nous constatons l’émergence d’une nouvelle offre dans les grandes villes : les bureaux opérés. Il s’agit d’une offre de bureaux flexible avec tous les services du coworking (travaux, mobilier, internet, ménage, café, entretien…) mais dans un espace indépendant entièrement privatif

Chez Ubiq, entre 500 et 700 entreprises utilisent nos services chaque mois et nous assistons à de plus en plus de diversité dans les profils. Ce n’est plus un service réservé aux start-up et cela ne concerne plus uniquement Paris. Il y a 5 ans, 70 % de nos recherchent ciblaient Paris intra-muros mais ce taux est aujourd’hui en dessous des 50 %. Lyon, Bordeaux, Marseille ou encore Lille ou Nantes sont devenues très attractives, au même titre que de nombreuses autres plus petites villes.

La crise sanitaire a-t-elle amplifié l’adoption au coworking ?

La crise a évidemment agi comme un catalyseur, même si le mouvement autour du coworking prend de l’ampleur depuis maintenant 10 ans. Fin 2021, le nombre d’espaces de coworking a augmenté de 60 % par rapport à l’année 2019 (2800 espaces au total contre 1700 en 2019). La crise sanitaire a favorisé cette transformation, notamment grâce à la généralisation du télétravail.

Nous sommes sortis du prisme du prisme du bureau unique physiquement incarné. Le bureau peut aujourd’hui être un écosystème de lieux à la fois physiques et virtuels et les échanges entre équipes sont davantage hybrides. De plus, Il y a un brouillage plus marqué entre vie professionnelle et personnelle et cela annonce une plus grande mixité des usages. Demain aller au bureau ne voudra plus simplement dire aller travailler mais permettra également de faire une course, pratique une activité, recharger son véhicule électrique, s’engager pour une cause ou un mouvement.

À l’inverse, le télétravail offre aujourd’hui la liberté de s’affranchir de son lieu de travail et déterminer son lieu de vie. Ainsi les entreprises ont besoin de définir leur stratégie et leur vision de l’organisation du travail. Les parcours des collaborateurs évoluent et ils peuvent parfois avoir besoin d’équiper leur domicile pour télétravailler dans de bonnes conditions ou d’avoir accès à un espace de coworking proche de chez eux.

De même, nous pourrions imaginer que l’aménagement des bureaux n’est pas un investissement en Capex pour les neuf prochaines années, mais qu’il est évolutif, dynamique et s’adapte en temps réel aux habitude et rythme des collaborateurs. D’où l’émergence de service permettant d’externaliser ces sujets et gagner en flexibilité.

Comment identifier ces nouveaux usages ?

Nous avons une pratique très particulière chez Ubiq, nous expérimentons chaque semaine un nouveau mode de travail. Pour cela, chaque semaine nous déménageons en équipe dans un nouvel espace, ou testons une nouvelle solution qui nous invite à dépasser les frontières du bureau traditionnel. Dernièrement, nous avons par exemple testé le Téletravan et donc travaillé dans un van entièrement aménagé et équipé d’une connexion internet. Nous avons également créé un openspace en plein air à 1800 mètres d’altitude au cœur de la montagne ariègeoise. Ou encore, nous avons testé les espaces collaboratifs du métavers Horizon de Facebook. Après chaque expérimentation, nous produisons des contenus et documentons en tout honnêteté ces expériences sur nos réseaux.

Nos médias sont donc de bons outils de veille mais le bureau de demain n’existe pas dans l’absolu, il faut construire et imaginer pour chaque entreprise le modèle de bureau et l’organisation du travail qui lui correspond.

Nous voyons aussi de grands acteurs de l’immobilier et de l’hôtellerie investir ce marché… Est-ce synonyme d’une maturité envers le travail hybride ?

Le marché du bureau se tourne progressivement vers l’offre de services diversifiés et se rapproche de l’hôtellerie avec des services comme la restauration, le ménage ou encore la conciergerie. Ce n’est donc pas très surprenant de voir des acteurs historiques du secteur saisir l’opportunité.

Par exemple, par l’intermédiaire de leur filiale de coworking Wojo, Accor Hôtels a utilisé son maillage sur tout le territoire pour aménager dans les espaces communs et les chambres de ces hôtels en espaces de travail et propose ainsi près de 400 Wojo spots. Airbnb s’est également mis à proposer de nouveaux critères de recherche sur sa plateforme pour cibler des lieux adaptés au télétravail.

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