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La vision par ordinateur progresse à vue d’œil

ordinateurSystème de prise de température non invasive à New-York par Remark Holdings

Des voitures autonomes aux drones inspecteurs de canalisations souterraines en passant par l’assistance au diagnostic médical, la vision par ordinateur bouleversera demain notre quotidien. Les premiers signes sont déjà visibles.

 

Les yeux du monde de demain seront-ils ceux de nos ordinateurs ? Plutôt silencieusement, une nouvelle révolution informatique est en marche : celle de la vision par ordinateur. La croissance du secteur devrait d’ailleurs atteindre 48,5 % d’ici 2027, pour un marché estimé à plus de 27 milliards de dollars. Nous commençons à en voir quelques signes avant-coureurs dans la vie quotidienne, notamment aux États-Unis où des milliers de voitures — certes toujours assistées d’un conducteur en chair et en os — circulent de façon autonome sur les routes américaines, bardées de capteurs, de caméras et autres dispositifs numériques. Google, mais aussi de grands constructeurs automobiles, testent ainsi le véhicule de demain qui s’affranchira des limites physiques et intellectuelles de l’humain pour garantir — c’est l’ambition — des déplacements plus sûrs, plus réguliers et moins consommateurs d’énergie.

 

Une acculturation croissante des populations à la vision par ordinateur 

Car si la vision par ordinateur n’est rien d’autre qu’une intelligence artificielle capable d’interpréter correctement des images numériques, son marché est appelé à se développer de façon considérable, sous la pression de l’amélioration continue des algorithmes de « deep learning », couplés à une puissance informatique dont le rythme de croissance ne ralentit pas non. Les premières voitures autonomes — ou semi-autonomes, car elles ne le sont que dans certaines circonstances routières simplifiées — ne sont que l’avant-garde de nos prochains ordinateurs qui verront tout, ou presque.

 

Parmi les applications des plus inattendues aux plus prévisibles, on peut citer l’analyse par intelligence artificielle d’images numérisées de jeunes footballeurs afin de détecter les futures stars du ballon rond : le jeu de plus de 200 000 jeunes joueurs serait ainsi déjà analysé et décortiqué par des ordinateurs. Toujours aussi inattendue, la vision par ordinateur permettrait également de détecter de « faux » dégâts automobiles, une fraude qui coûterait plus de 40 milliards aux assureurs américains à l’heure actuelle. 

 

Les banques elles-mêmes se dotent de système de détection de faux billets de banque, elles qui estiment qu’il en circule pour 2 milliards de dollars, aux États-Unis seulement. Des start-up innovantes, aux États-Unis, mais également en France, commencent à mettre sur le marché des drones équipés de caméras dont les images sont analysées par ordinateur pour détecter des fuites de canalisation. En Californie du Nord, dont les grandes villes comme San Francisco sont alimentées en eau potable par des canalisations enterrées sur des centaines de kilomètres on estime que 20 % du précieux liquide, en provenance de lointains lacs naturels, est perdu pendant ce transport. Alors que l’eau se raréfie de plus en plus, là comme ailleurs.

 

Lutter contre les déserts médicaux

Au-delà de ces exemples choisis parmi des centaines d’autres tout aussi pertinents, ce sont des industries entières qui seront demain bouleversées par la généralisation de cette nouvelle approche technologique. Le secteur de la santé par exemple, et notamment les pays en développement, particulièrement ceux — comme l’Inde — où le nombre de praticiens est faible par rapport à la taille de la population et l’étendue du territoire. Dans ces pays, la téléconsultation, où le médecin peut voir son patient à travers des cabines spécialement équipées, peut être enrichie par la vision par ordinateur dans la mesure où les images transmises au praticien peuvent être analysées en direct et fournir une première aide au diagnostic. Même dans les pays plus développés, la technologie a un bel avenir. Véritable précurseur aux États-Unis, le « Tift Regional Health Système » (TRHS), un système de santé de taille moyenne — à but non lucratif — de l’État de Géorgie. Il compte 135 praticiens dans 30 spécialités médicales et sert une douzaine de comtés. Celui-ci s’est associé avec un fournisseur spécialisé́ dans la distribution de différentes technologies de télémédecine, « Global Partnership for Telehealth », et a progressivement connecté des salles de soins d’urgence, des équipes d’infirmières regroupées en pool, mais travaillant à domicile, des praticiens spécialistes et des équipes d’urgence, souvent à des centaines de kilomètres de l’hôpital principal de Tift Regional. Tous s’échangent des images et des analyses de résultats basées sur la vision par ordinateur.

 

Pendant la pandémie de Covid-19, la vision par ordinateur s’est là encore imposée comme un atout incontournable, à travers plus acteurs, comme Remark Holdings, un groupe américain majeur de la vision par ordinateur, côté au NASDAQ. Remark Holdings a déployé des kits thermiques de biosécurité alimentés par une intelligence artificielle. Ces solutions permettent de vérifier discrètement la température à tous les points pour les employés, le personnel et les invités. Cette même technologie est utilisée par d’autres établissements tels que le casino Wynn à Las Vegas et permet une expérience client beaucoup plus fluide avec un contact humain moins invasif.

 

En France, le sujet est tout autant d’actualité dans domaine avec, par exemple, le cas de la start-up iSlit, qui développe un système de vision par ordinateur assisté par intelligence artificielle destinée à affiner le diagnostic d’un ophtalmologiste. Une base de données contient une centaine de maladies de l’œil et cette base est enrichie par des praticiens de différents pays qui collaborent à la mise au point de la solution. Celle-ci pourrait également être déployée un jour dans des bassins de population qui manquent d’ophtalmologistes, afin de proposer un service de télémédecine spécialisé.

 

Computer vision : la technologie en mode couteau suisse

Autre innovation française, cette fois dans le champ des smart cities. C’est ainsi que la start-up XXII a mis au point une plateforme de services en ligne qu’une ville peut adapter à sa guise pour traiter de nombreux aspects de la ville de demain. Par exemple utiliser la vision par ordinateur pour analyser le trafic routier à une intersection et adapter les feux de signalisation en conséquence. Soit dans le cas d’un embouteillage, soit pour laisser passer un véhicule d’urgence plus facilement. 

 

Le même système peut servir pour analyser une anomalie sur un réseau de distribution d’eau, ou un problème de déchets, et prévenir les services de maintenance en conséquence. Cette technologie, et d’autres équivalentes, peuvent s’adapter également à de nombreuses industries, par exemple la maintenance industrielle (analyse d’une opération) ou la surveillance d’une chaîne d’assemblage, etc. « L’objectif n’est pas de supprimer l’humain, mais de lui fournir une boîte à outils pour l’aider dans sa tâche », résume le fondateur de l’entreprise, William Eldin. 

Et il ne faut pas croire que la vision par ordinateur nécessitera toujours l’usage de caméras sophistiquées ou de puissants systèmes informatiques. Elle est déjà en train de se « démocratiser » pour être disponible via nos terminaux communicants de la vie quotidienne, en particulier les smartphones, déjà dotés de caméras à hautes performances.

 

Ainsi, une start-up suisse, Scandit, vient de lever… 150 millions de dollars pour déployer globalement une technologie qui compte déjà de nombreux clients de référence, notamment dans la grande distribution. L’association de la prise d’images par la caméra du smartphone avec une application mobile de e-commerce ou de gestion de stocks permet ainsi de lire des codes-barres, faire de la reconnaissance de textes, d’objets ou de réalité augmentée. Les algorithmes associés d’intelligence artificielle font le reste : preuves de livraison, maintenance, suivi des stocks, etc. La start-up assure même avoir comme client le système britannique de santé, le NHS, qui s’en sert pour le suivi de la pandémie de Covid-19.

La technologie est même disponible pour le propriétaire individuel de smartphone qui peut ainsi, scanner le code-barres d’un produit dans un magasin et obtenir des informations sur la composition de ce produit. Et il pourra bientôt payer directement de cette façon, une approche également expérimentée par Amazon, aux États-Unis. La vision par ordinateur est bien appelée à changer notre quotidien…

 

Michel Ktitareff, Président de Scale-Up Booster

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