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La French-American Foundation : lieu d’échange de l’élite transatlantique

De gauche à droite Caroline Naralasetty, présidente de la French-American Foundation – United States, Amina Sabeur, directrice générale de la French-American Foundation – France (FAFF), ainsi qu’Agnès Touraine, présidente du Jury du programme Young Leaders et membre du comité exécutif de la FAFF (Source : French-American Foundation)

L’ancien président américain Bill Clinton, le président français Emmanuel Macron, l’astronaute Thomas Pesquet ou encore les secrétaires d’État Hilary Clinton et Antony Blinken, tous ont suivi le programme Young Leaders de la French-American Foundation.

 

Inaugurée par les Présidents Gerald Ford et Valéry Giscard d’Estaing en 1976, l’organisation sélectionne depuis 1981 dans le cadre de son programme Young Leaders les futures élites politiques, civiles, économiques et militaires des deux pays. Grâce à deux entités sœurs, l’une aux Etats-Unis à New York et l’autre en France à Paris, la French-American Foundation vise à nourrir et approfondir les relations des deux alliés. Caroline Naralasetty, présidente de la French-American Foundation – United States et Amina Sabeur, directrice générale de la French-American Foundation – France (FAFF), ainsi qu’Agnès Touraine, présidente du Jury du programme Young Leaders et membre du comité exécutif de la FAFF, ont accepté de revenir pour Forbes sur l’histoire et l’actualité de l’association.

 

Une organisation bicéphale

La French-American Foundation comprend deux entités distinctes et indépendantes de part et d’autre de l’Atlantique. Pour Caroline Naralasetty, « Cette organisation est tout à fait pertinente. Chaque équipe connaît son public et peut ainsi être plus efficace dans sa programmation et son financement ». Les deux entités se financent notamment grâce à un gala annuel qui compte pour plus d’un tiers des dons. L’organisation française, la FAFF, mise aussi sur les cotisations de ses membres individuels et des entreprises, tandis que l’entité américaine organise des campagnes de levée de fonds.  En France comme aux États-Unis, les membres et bienfaiteurs peuvent être des entreprises ou des particuliers.
Pour la France, Amina Sabeur rappelle que les membres sont très divers et qu’ils vont « de la start-up au grand groupe du CAC 40 et des diplomates aux journalistes,  avec tous un intérêt commun pour les États-Unis ». Avec la pandémie de Covid-19, entraînant l’annulation des galas annuels, le financement est devenu un sujet clé et « il est essentiel », pour Caroline Naralasetty, « de renouer les liens » avec les donateurs et surtout « comprendre que leurs priorités ont changé ». De son côté, après avoir reçu pour ses précédents galas des personnalités comme Bill Gates ou encore le célèbre entrepreneur et styliste américain Ralph Lauren, la French American Foundation – France a décidé de reprogrammer cet événement hautement symbolique dès la fin de l’année.

 

 « Young Leaders » : le programme phare de la French-American Foundation

Young Leaders 1996 à Avignon en France (Source : French-American Foundation – France)

 

Le programme Young Leaders fait la renommée de l’organisation, grâce à la participation de personnalités de premier plan du monde politique, économique et militaire. Si Agnès Touraine rappelle qu’il est « le pionnier des programmes de leadership et le plus emblématique », il n’est pas pour autant sans concurrents. En effet, les programmes de leadership fleurissent au sein des organisations de lobbying comme ceux du German Marshall Fund ou du World Economic Forum. Qu’est-ce qui fait donc la particularité de celui de la French-American Foundation ?

 

Tout d’abord, son format. Le programme Young Leaders de la French-American Foundation s’étend sur deux ans et s’articule autour de deux voyages d’étude de cinq jours, l’un en France et l’autre aux États-Unis. Chaque année, les organisations américaine et française sélectionnent respectivement une dizaine de candidats, avec pour les deux entités une exigence de parité. Les nouveaux « Young Leaders » ont l’opportunité de rencontrer la promotion précédente lors de leur premier voyage et la promotion suivante à l’occasion du second. Aucun rapport, cours de leadership ou séances de coaching n’est imposé aux candidats sélectionnés, « la French-American Foundation n’est pas un institut de lobbying, mais un lieu d’échange », souligne Amina Sabeur. Elle n’a donc pas vocation à produire des livres blancs ou à former idéologiquement les personnes sélectionnées pour le programme. Elle vise plutôt à « créer une alchimie » pour Agnès Touraine et à « offrir un espace d’échanges, de dialogues et de débats sur des thèmes actuels qui traversent les deux sociétés ».
« Un autre atout de la French-American Foundation », indique Caroline Naralasetty « est la petite taille des promotions, ce qui permet de créer une communauté soudée autour des relations transatlantiques ». La sélection des candidats est donc capitale dans le succès du programme. Jusqu’à présent, la fondation peut s’enorgueillir d’avoir sélectionné des présidents de la République française comme Emmanuel Macron (YL 2012) ou François Hollande (YL 1996) et américain comme Bill Clinton (YL 1984), initié par son épouse Hillary Clinton (YL 1983), alors que tous n’étaient à l’heure de leur passage que de jeunes novices en politique.
Le « flair » de l’association ne semble donc pas avoir perdu de sa vigueur au fil des années !

 

Young Leaders 1983 avec Hillary Clinton au centre (Source : French American Foundation – France)

 

Le seul critère de sélection exclusif porte sur l’âge. Tout candidat doit avoir entre trente et quarante ans. Ensuite, il doit déjà avoir accompli d’importantes réalisations professionnelles et avoir été identifié comme leader dans son domaine. Le candidat doit également « montrer son volontarisme et son envie de participer aux activités de l’association, ainsi que son aptitude à prendre des risques » pour Agnès Touraine. Il doit également avoir « développé une vision propre et un regard avisé sur les questions contemporaines » ajoute Caroline Naralasetty.
Le but de l’association, encore une fois, n’est pas de former une élite, mais plutôt de l’accueillir dans toute sa diversité. Si la French-American Foundation a pu être critiquée par le passé pour ne sélectionner que des profils très homogènes, elle reçoit aujourd’hui des candidatures plus éclectiques, notamment du point de vue des expériences professionnelles : entrepreneurs, cadres de grand groupe, membres de la société civile, médecins, chercheurs, artistes, militaires ou encore hommes et femmes politiques.  

 

Le programme évolue avec la société et si sa formule est restée plus ou moins fidèle à l’esprit de 1981, les thèmes abordés lors des voyages d’étude ont grandement changé. Cette année, le voyage se fera à Austin au Texas et portera sur les mutations de l’économie américaine, les mouvements de migration vers la Sun Belt et les investissements massifs dans les entreprises de la Tech.

 

Young Leaders 2018 et 2019 en voyage d’étude à Chicago aux Etats-Unis (Source : French-American Foundation – United States)

 

Les autres événements de l’association

Au-delà du programme Young Leaders, la French-American Foundation – United States a également développé en 2017 un programme intitulé « Transatlantic Forum » destiné à des profils plus jeunes qui chercheraient à constituer leur réseau et s’éveiller à certaines questions d’actualité. Elle organise également des « policy breakfasts » tout au long de l’année en petit comité. Ils sont généralement réservés à des chefs d’entreprise et les membres du comité d’administration de l’entité américaine.
En France, la FAFF organise un événement par semaine et peut compter sur la forte concentration de ses membres dans la capitale. Les événements varient en taille, du petit déjeuner d’une vingtaine de personnes à la conférence autour d’une personnalité française ou américaine de passage à Paris avec plus de cent cinquante invités.

 

Réunion mensuelle du « Transatlantic Forum » (Source : French-American Foundation – United States)

 

Les deux fondations ont plusieurs activités en commun dont la conférence sur la cybersécurité, imaginée il y a huit ans par le Général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d’état-major de l’Armée de l’air et ancien commandant allié Transformation au sein de l’OTAN, et Jean-Louis Gergorin, co-fondateur de la French-American Foundation. Chaque année, le programme réunit près d’une centaine d’experts américains et français pendant deux jours à Washington D.C.. La prochaine édition aura lieu du 30 novembre au 1er décembre 2022 et portera sur “The future of Democracy in the Digital Age: A Transatlantic Discussion on Evolving Geopolitics and Cyber Security”. Les deux fondations organisent également de part et d’autre de l’Atlantique le prix de la meilleure traduction.

 

Conférence sur la cybersécurité de 2019 organisé à Washington D.C. (Source : French-American Foundation – United States)

 

Un réseau puissant d’alumni

Les 600 alumni du programme Young Leaders sont l’épine dorsale de l’organisation et font perdurer le programme notamment en promouvant le programme dans leur réseau et en incitant de nouvelles recrues à candidater, comme le précise Agnès Touraine : « L’ensemble des membres du jury sont d’anciens Young Leaders. L’expérience est unique et il est difficile de sélectionner les candidats, lorsque l’on n’a pas suivi le programme soi-même ».  Les alumni  participent également aux événements que ce soit en tant qu’auditeurs ou qu’intervenants. Amina Sabeur indique que « pour chaque événement organisé, les alumni reçoivent des invitations personnalisées en fonction de leur sujet d’expertise et intérêts ».
Le caractère exclusif de ces échanges et l’application de la fameuse règle de Chattam House, qui impose à tout participant de ne pas divulguer l’identité de l’intervenant ou des autres participants,  instaurent un climat de confiance avec les invités et permettent une plus grande liberté dans le débat. Aucune des interventions n’est enregistrée ou filmée.

 

 

Renforcer les relations transatlantiques

Pour Amina Sabeur, la French-American Foundation n’a pas vocation à créer une diplomatie parallèle, elle souhaite « continuer à fédérer, rassembler et se mettre au service des relations transatlantiques amicales et incarnées », par-delà « les hauts et les bas » géopolitiques. Il s’agit ici de favoriser la « compréhension mutuelle » entre les deux pays, qui a été mise à l’honneur par le secrétaire d’État Antony Blinken (YL 1998) dans sa lettre adressée à la FAFF en 2021 à l’occasion des 40 ans du programme. Elle entend aussi montrer, qu’au même titre du « rêve américain », il existe un « rêve français ». 

Extrait de la lettre du Secrétaire d’État américain Antony Blinken adressée à la FAFF à l’occasion des 40 ans du programme (Source : Rapport d’activité 2020-2021 de la FAFF)

 

Alors que la France est considérée comme le plus vieil allié américain, pour reprendre le mot de félicitations adressé par Joe Biden à Emmanuel Macron lors de sa réélection à la présidence de la République française, l’entente entre les deux pays est loin d’avoir été parfaite et semble s’éroder pour certains. Pour Caroline Naralasetty toutefois, « il ne faut pas sous-estimer l’attrait de la France ». Elle poursuit «  malgré le basculement géopolitique annoncé vers l’Asie, il existe toujours des Américains qui pensent que les liens avec l’Europe dont la France sont importants, notamment avec ce qui se passe en ce moment en Ukraine ». D’ailleurs, c’est également un des rôles de la FAFF que « d’expliquer aux Américains ce qu’est l’Europe dont le fonctionnement peut parfois leur paraître compliqué » remarque Amina Sabeur.

L’attention de la France vers les Etats-Unis est bien plus forte que l’inverse de l’autre côté de l’Atlantique, mais pour Caroline Naralasetty, il y a déjà de nombreux efforts faits autour de la diplomatie et de la culture : « si l’on regarde le panorama des acteurs français aux Etats-Unis, de nombreuses instances promeuvent la langue et la culture françaises comme l’Alliance française, l’Institut français et la diplomatie par les canaux plus traditionnels comme les consulats ou les chambres de commerce, la fondation, elle, offre un autre canal d’échange et de débat ».

« Les États-Unis et la France partagent un socle de valeurs fort » insiste Amina Sabeur. Elle souhaite également rappeler en guise de conclusion les propos tenus par le président de la République Emmanuel Macron (YL 2012) en réaction à l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021, qui s’inscrivent pleinement dans la mission de l’association que de promouvoir l’amitié transatlantique :

 

« Depuis le XVIIIème siècle, les Etats Unis d’Amérique et la France sont liés par un pacte de liberté et de démocratie.»

 

Notes biographiques des intervenants :

Caroline Naralasetty est américaine et francophile. Avant de rejoindre la French-American Foundation – United States en 2021, elle était en charge du développement au Lycée français de New York City.

Amina Sabeur est française et a pris le poste de directrice générale de la French-American Foundation – France en 2021, après seulement 5 ans au sein de l’organisation. Son parcours professionnel l’a successivement menée de la diplomatie à l’entreprenariat. En parallèle de ses activités au sein de l’organisation, elle enseigne à Sciences Po Lille.

Agnès Touraine (YL 1999) est française et a commencé sa carrière aux Etats-Unis au sein du cabinet de conseil McKinsey. Elle préside depuis cinq ans, côté France, le Jury du prestigieux programme Young Leader de la FAFF et est membre de son comité exécutif. 

 

Pour en savoir plus :

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