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La France, Pionnière Des Nouveaux Modèles E-Commerce

Le modèle du e-commerce a complètement changé en 20 ans. Dans un monde où il y a plus d’un milliard de sites internet (depuis septembre 2014), plus de 12 millions de sites e-commerce, et plus de 150 000 sites e-commerce rien qu’en France, comment sortir du lot ? Comment créer une entreprise internet qui prospère ? La solution est de créer ou rejoindre une « plateforme » et non pas un simple site, solution où la France est reine.

 

A l’origine du e-commerce, un modèle simple et unique

Lorsque le e-commerce commence à se développer, vers 1995, avec les fameux CD-ROM AOL qui donnaient accès gratuitement au web via un modem « 14400 » ou « 28800 » (hors abonnement téléphonique, évidemment !), le e-commerce était très simple : une entreprise (ou un individu) qui voulait vendre sur internet créait son propre site internet, via une agence web ou en interne, sur un URL dédié, et les ventes commençaient naturellement. A l’époque, on ne comptait que 16 millions d’internautes, et donc sans doute une minorité d’entre eux qui osaient acheter sur internet. Mais la concurrence était inexistante : il n’y avait que quelques sites par catégorie, que quelques agences spécialisées pour créer des sites, que quelques solutions dédiées pour faire son propre site.

Certes, à l’époque de cette première révolution internet et de l’avènement des années 2000, les solutions se sont multipliées ; mais pour vendre sur internet, le réflexe immédiat a été de créer son site, sous sa propre marque, et de dédier ses ressources à l’acquisition client par un marketing qui à l’époque était plutôt rudimentaire, avant l’avènement du social media, du retargeting, du « paid search » et du SEO.

 

Une évolution lente pendant dix ans

Puis, vers 2005, on a commencé à voir une évolution du e-commerce avec l’apparition de ce qu’on continue d’appeler des « places de marché », mais qui n’étaient pas encore des plateformes. Ebay était depuis 1994 la seule véritable place de marché, mais des concurrents se sont lancés sur le créneau, voyant que cela permettait d’augmenter et le nombre de références, et le trafic, et la rentabilité. De même, les agences web ont commencé à être concurrencées par des solutions clé-en-main, qui, au-delà du simple site internet, offraient aussi en un clic, des solutions de marketing, de paiement, et de logistique, le tout pré-intégré et déployable sans pratiquement aucun effort. La France innovait déjà, par l’intermédiaire de Prestashop, le leader en Europe aujourd’hui de cette ubiquité dans les solutions embarquées.

Mais ce qui semblait se présager en 2010 se confirme plus chaque mois depuis quelques années : les sites internet dédiés sont de plus en plus délaissés au profit des plateformes.

 

Une accélération soudaine en quelques années vers les plateformes

Les internautes et cyberacheteurs n’arrivant plus à aller au-delà de la 2e page Google, le SEO ne suffit plus. Il faut rejoindre une plateforme qui attire au moins plusieurs millions de visiteurs uniques chaque mois, et donc qui non seulement aura une présence web importante, un trafic conséquent, une marque reconnue, mais aussi disposera de la confiance des acheteurs. Et donc, seule une plateforme dédiée réunit tous ces éléments. La différence majeure entre une plateforme e-commerce et une place de marché est que la plateforme peut être tout autant B2C que C2C ou B2B. Une place de marché, même si elle peut réunir différents types de vendeurs et acheteurs, est bien souvent B2C : des vendeurs professionnels vendent à des acheteurs particuliers des produits physiques. Une plateforme réunit aussi bien des vendeurs professionnels que particuliers, qui vont vendre des produits physiques ou virtuels, voire des services. Et là encore, la France innove, mais beaucoup plus et plus vite que dans les années 2000.

 

La France a compris avant tout le monde les nouveaux besoins et les nouveaux outils nécessaires

Les acheteurs d’aujourd’hui, rendus impatients par le « tout, tout de suite », ne veulent plus chercher loin des produits ou service dont ils ont besoin. Mieux, ils veulent tout trouver, clé-en-main, en tout simplicité et en toute sécurité. Voire, ils veulent même parfois devenir fournisseurs eux-mêmes de plateformes sur lesquelles ils étaient clients, ou l’inverse, devenir clients après avoir été fournisseurs !

Les acheteurs ont changé de mentalité mais les vendeurs aussi. Les freelancers ont réalisé qu’ils gagnaient parfois plus en travail intermittent et « précaire » qu’en CDI. Pourquoi regardons-nous nos parents avec dédain lorsque nous apprenons qu’ils ont passé leur carrière entière au même poste, alors qu’aujourd’hui un salarié normal veut changer de position tous les deux ans et d’entreprises tous les cinq ans ? De même, pourquoi regardons-nous avec panique des jeunes en situation que nous jugeons précaire, alors qu’eux-mêmes recherchent la flexibilité, le changement constant, et l’excitation du renouveau quotidien ?

Le seul moyen de satisfaire la demande des clients exigeants et impatients est d’avoir assez d’offres, visibles et disponibles immédiatement. Et le seul moyen de se faire rencontrer cette offre et cette demande de manière transparente, équitable, et flexible est la plateforme où des milliers de fournisseurs servent des millions de clients, et non plus un site dédié avec un seul fournisseur. Dans un article précédent, je parlais de l’économie collaborative : en fait c’est l’une des illustrations principales de l’utilisation de ces plateformes. Celles-ci permettent en effet aux « fournisseurs de services » (des particuliers bien souvent, en mode autoentrepreneurs ou artisans) d’utiliser le trafic en pleine croissance et les clients demandeurs de ces plateformes pour gagner leur vie et avoir un métier à plein temps ou à temps partiel, avec des horaires flexibles. 

C’est vraiment une révolution qui démontre que, à la différence du XXe siècle lorsque les salariés rêvaient de l’emploi à vie, et du début du XXIe siècle quand la moyenne d’une position dans une entreprise a largement baissé, aujourd’hui on ne parle même plus d’une « position » en entreprise mais bien du « métier » de freelancer qui offre tous les avantages d’être salarié, avec tous les avantages d’être son propre employeur. 

D’ailleurs, on ne parle plus de métiers ou d’emplois, mais de missions, ou de projets. Et la France a, plus que tout autre pays, pris les devants, créant les leaders de ces nouveaux services. Les innovateurs français offrant ces missions sont nombreux : entre les artisans qui peuvent effectuer des travaux pour la maison (Homio ou Frizbiz), de la cuisine (Vizeat), le ménage (Helpling), les déménagements (Trusk), les gardes d’enfants (Yoopies), les guides touristiques (U2Guide), ou des missions marketing (Crème de la Crème, Side), et évidemment le leader des créations de marketplaces dans le monde, Mirakl!

Le plus fabuleux, c’est que certains fournisseurs deviennent clients : lorsqu’un des entrepreneurs offrant ses services sur ces plateformes crée son entreprise, il a bien souvent recours à la même plateforme qui l’a soutenu pour trouver des étudiants ou entrepreneurs prêts à l’aider pendant une mission ou deux.

C’est pour cette raison que le statut d’autoentrepreneur explose. Ce statut a permis à la France d’offrir un cadre légal aux fournisseurs de services qui découvraient le monde de l’entrepreneuriat et voulaient travailler sur un autre modèle. Modèle qu’ils n’adoptaient pas par dépit mais par choix. Tant et si bien qu’on parle depuis cette année de « microentrepreneur », car il ne s’agit plus nécessairement d’être « seul », ou « autonome », mais bien de créer une structure légale pour facturer ses services via ces plateformes. Le statut est formidable, mais les démarches administratives restent encore trop lourdes, et ne sont pas assez simples pour que le freelancer puisse s’installer immédiatement. Mais ce statut reste ce qu’il y a de mieux, voilà pourquoi en 2016 sur les 500 000 et quelques nouvelles entreprises créées, près de 95% étaient des microentreprises. 

Enfin, c’est cette flexibilité accrue que les belles réussites françaises veulent mettre en avant auprès des expatriés. L’initiative ReviensLeon.com essaye de refaire venir en France les « victimes du brain drain », et l’un des arguments est bien qu’en France on peut trouver aussi une flexibilité accrue semblable à celle du monde anglo-saxon. ReviensLeon est presque une autre plateforme de recrutement !

Alors que certains parlent de précarité, d’autres parlent de flexibilité. Les diplômés d’aujourd’hui ont réalisé que leur vie ne dépendait pas du salariat, mais de l’entrepreneuriat. Mais en lien avec les nouvelles plateformes qui leur permettent de trouver les missions qui leur font gagner leur vie.

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