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Luxe : Kering, Gucci Et Saint Laurent Dans La Tourmente

© Getty Images

Kering, maison mère des marques Gucci et Saint-Laurent, est sous le coup d’une enquête fiscale en Italie, l’ancien PPR aurait, en effet, échappé au règlement de 2,5 milliards d’euros d’impôts  entre 2002 et 2017.

Lanterne rouge du CAC 40 dès l’ouverture ce lundi – le titre Kering cédant près de 1,5% dès les premiers échanges -, l’ancien PPR s’est ensuite repris pour naviguer dans le ventre mou de l’indice peu après la mi-séance. Même s’il est habitué à d’autres standards (l’action Kering a progressé de 70% sur l’ensemble de l’année 2017), la chute, même temporaire, est tout de même brutale pour le numéro 2 français du luxe. En cause : des révélations de Médiapart affirmant que le groupe de François Pinault aurait, via sa plateforme de distribution et de logistique LGI basée en Suisse, échappé à la bagatelle de 2,5 milliards d’euros d‘impôts. « Le groupe a économisé environ 2 milliards d’euros d’impôts depuis 2009, dont 1,4 milliard pour Gucci et 180 millions pour Saint Laurent. Si l’on remonte jusqu’en 2002, le chiffre atteint les 2,5 milliards », précise le site d’investigation.  Dans le détail, Médiapart souligne que Kering – à l’époque Printemps-Pinault-La Redoute – a perpétué, après le rachat de Gucci intervenu en 1999, un accord fiscal qui avait été négocié avec le canton du Tessin où est basé LGI, limitant ainsi à 8% son taux d’imposition sur les sociétés. Mais LGI plateforme de logistique et de distribution du groupe, toujours selon Mediapart, « encaisse aussi les ventes en gros aux magasins et l’écrasante majorité des recettes, donc des profits. » Fin de citation.

Des assertions auxquelles Kering s’est empressé de répondre par l’intermédiaire d’un courriel adressé à l’agence de presse Reuters. « Le groupe s’acquitte en Suisse des impôts dus, en conformité avec la loi et le statut fiscal de la société. Ce modèle d’exploitation est connu des autorités fiscales françaises et des autres autorités fiscales compétentes ». Et de poursuivre. « Kering rappelle qu’il a mis en place une gouvernance d’entreprise visant à assurer une conformité totale avec les réglementations fiscales dans les pays où il est présent ».  Ce n’est pas la première fois que Kering dément avec vigueur les informations de Mediapart. Ainsi, l’entreprise avait déjà battu en brèche certains éléments du site d’Edwy Plenel faisant état d’un montage d’évasion fiscale pour rémunérer le patron de la griffe italienne, Marco Bizzari. Pour rappel, Gucci est (déjà) dans le collimateur de la justice italienne qui a mené plusieurs perquisitions à Milan et à Florence en décembre dernier.

Prada et Apple déjà épinglés par la justice italienne

Ainsi, le parquet de Milan soupçonne Gucci d’avoir, pendant plusieurs années, déclaré en Suisse des activités menées en Italie, faisant échapper jusqu’à 1,3 milliard d’euros au fisc italien. L’état-major de Gucci avait alors assuré coopérer pleinement avec les autorités compétentes afin de faire la lumière sur ce dossier. « A la suite d’un article concernant un contrôle conduit par la police fiscale locale dans les bureaux de Gucci à Milan et à Florence, Gucci confirme coopérer activement avec les autorités, et est confiant dans la régularité et la transparence de ses opérations ». Et les autorités italiennes peuvent se  targuer d’être particulièrement efficaces en la matière.  Déjà Prada, en 2013, a dû s’acquitter du remboursement de 470 millions d’euros au fisc italien après avoir déclaré à l’étranger, pendant une dizaine d’années, des revenus réalisés dans la Botte.

Les autorités italiennes ont également réussi, selon le même modus operandi, à « récupérer » 318 millions de la part d’Apple et presque tout autant – 306 millions en l’occurrence – de Google. L’ensemble des « Gafa » est sur le gril puisque les enquêtes se poursuivent en ce qui concerne Amazon et Facebook. Ainsi, l’entité Apple Italia avait été accusée par les services anti-fraude de ne pas avoir payé l’Ires (l’impôt sur les bénéfices des entreprises) de 2008 à 2013. La firme de Cupertino avait alors accepté le principe d’une transaction à la fin de l’année 2015. Une « goutte d’eau » comparée aux revenus colossaux – doux euphémisme – engendrés par le fabricant de l’iPhone. Interrogé aux sujets des accusations touchant Kering, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est contenté d’affirmer que l’enquête irait à son terme. « Il y a une enquête en cours et l’enquête ira jusqu’au bout (…). Le principe de justice fiscale sera défendu dans ce cas-là comme dans tout les autres cas ». Avant tout de même de rappeler, à juste titre, qu’aucune enquête n’avait été ouverte contre Kering sur le territoire français.

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