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Jean-Michel Henrard, cofondateur de Dust Mobile : « Les téléphones mobiles sont devenus dans de nombreux cas les talons d’Achille des entreprises et des États »

Dust MobileJean Michel Henrard, cofondateur de Dust Mobile

Fondée en 2017, Dust Mobile a développé “SIM Cybercell” : une solution de protection des communications et des cartes SIM, destinée aux gouvernements et aux entreprises. En novembre dernier, l’entreprise est parvenue à boucler un tour de table de 12 millions auprès de Tikehau, de Omnes et du fonds innovation défense, souscrit par le ministère des Armées et géré par Bpifrance. Jean Michel Henrard, cofondateur de la scaleup, a accepté pour Forbes France de nous en dire plus sur ses ambitions de développement.

Comment vous est venue l’idée de créer Dust Mobile ?

Je suis issu des domaines des télécoms et des industries de Défense et Sécurité comme Airbus Défense ou Thales. L’idée était de savoir si on pouvait amener plus de sécurité dans les transmissions mobiles, en anticipation de l’explosion des menaces cyber qui pèsent sur le secteur. Si bien qu’en janvier 2017, nous avons initié avec François d’Ormesson 3 ans de R&D avec pour objectif premier de couvrir les surfaces de risques non prises en compte en termes de cyberdéfense des communications mobiles. Nous avons donc travaillé au développement d’une offre complémentaire à celles déjà existantes.

Entre 2017 et 2019, nous avons financé notre effort en R&D avec nos propres fonds. Puis, nous avons bouclé un tour de table de 3 millions d’euros en 2019 afin d’exposer notre solution technique au marché. C’était une première étape pour se rendre compte à quel point notre solution répondait réellement à des attentes.

La première génération de Dust Mobile a séduit et nous avons reçu de nombreux retours positifs. Elle est aujourd’hui adoptée dans plusieurs environnements industriels, gouvernementaux et de secteurs comme la banque, la finance, le transport, l’énergie, l’audit, etc… 50% de nos clients font partie du secteur public et 50% du privé, 50% de nos clients sont basés en Europe et environ 30% en Amérique du Nord.

Notre levée de fonds de 12 millions d’euros en novembre dernier va nous permettre d’étendre notre présence dans plusieurs pays comme l’Allemagne, l’Espagne et la Grande-Bretagne. Elle est également destinée à accompagner notre croissance car nous faisons face à une très forte demande.

Quel est le principe de Dust Mobile ?

Nous avons conçu une carte SIM propriétaire, durcie et maitrisée, comme un outil de confiance à part entière, un moyen de sécuriser entièrement les moyens de communication mobile où que ce soit dans le monde. Nous couvrons aujourd’hui 684 réseaux mobiles à travers le globe et nous restons agnostiques tant vis à vis des équipements que des solutions applicatives utilisées par nos clients. Ces mesures de protection sont natives, transparentes pour l’utilisateur et permettent de faire face à tous types d’attaques réseau – comme le risque d’interception malveillante ou d’être géolocalisé à son insu par exemple.

Nous sommes le leader sur ce nouveau segment des opérateurs mobile de cyberdéfense et nous contribuons à une chaîne de sécurité souveraine grâce à de nombreux partenaires comme, parmi d’autres, Tehtris, Pradeo ou encore Ercom. Cette chaîne est mise à disposition de gouvernements, d’OIV (opérateurs d’importance vitale) ou encore des entreprises qui souhaitent se défendre contre toute tentative d’espionnage économique.

Comment faites-vous pour vous différencier sur un marché de la cybersécurité plutôt saturé ?

Le champ des surfaces d’attaque est vaste. Dust Mobile se concentre et couvre celui lié aux transmissions mobiles. Notre rôle de les détecter, d’alerter nos clients et de déployer automatiquement des contre-mesures. Notre solution n’est pas intrusive et le collaborateur n’a pas à changer ses habitudes.

En parallèle, nous militons pour une protection d’un continuum de gestion des risques qui concerne toutes les chaînes de sous-traitance depuis les donneurs d’ordre jusqu’au fournisseurs de sous-ensembles. C’est d’autant plus important aujourd’hui avec la prépondérance du téléphone portable dans les échanges de données personnelles et professionnelles parfois sensibles. Ils sont devenus dans de nombreux cas les talons d’Achille des entreprises et des États.

Le premier challenge a été de répondre à la sureté des cas d’usage et des besoins opérationnels spécifiques, puis l’enjeu s’est focalisé sur la résilience et le fait de pouvoir assurer une continuité des services même dans le cadre d’un scénario de crise. En effet, la cyber défense repose sur ces deux piliers que sont la sécurité et la résilience. Et enfin, le troisième challenge concerne le fait de répondre à une expérience utilisateur enrichie avec des services d’opérateurs comme les communications unifiées, le télétravail qui a connu un grand bond depuis la crise sanitaire.

Comment évaluez-vous l’état de la maturité des organisations face aux enjeux de cybersécurité ?

Nous avons dépassé le stade de l’évangélisation sur les risques cyber et nul doute que les récentes cyberattaques médiatisées ont permis d’accélérer la prise de conscience sur ces sujets. Il en est de même pour les risques liés aux téléphones mobiles et autres objets connectés qu’il ne faut pas sous-estimer.

Nous sommes aujourd’hui davantage sollicités pour répondre à des besoins précis : autrement dit, nous accompagnons nos clients dans le déploiement de nos solutions sans contrainte en ce qui concerne leurs modèles et leurs propres critères de sécurisation. Ainsi, nous sommes accompagnons parfois même l’ensemble des filiales d’un groupe implanté à l’international.

Quelles recommandations de bonnes pratiques feriez-vous aux entreprises en termes de sécurité mobile ?

Ma principale recommandation est de toujours s’interroger sur le niveau de confiance que vous accordez à votre équipement, à votre application, au réseau sur lequel vous vous connectez comme par exemple le wifi en dehors bien sûr de son lieu de travail ou de la maison.

Quelles sont vos ambitions de développement pour 2023 ?

D’abord humaines et collectives. Notre ambition est de doubler nos effectifs de talents d’ici l’année prochaine pour atteindre 60 collaborateurs. J’invite d’ailleurs celles et ceux que la cyberdéfense passionnent, se lancent dans la vie professionnelle ou ont une expérience dans nos domaines, à s’intéresser à Dust Mobile.

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