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Investir pour l’économie de demain

PAR JANE AMBACHTSHEER, RESPONSABLE GLOBALE SUSTAINABILITY, ET HELENA VIÑES FIESTAS, RESPONSABLE GLOBALE ADJOINTE SUSTAINABILITY, BNP PARIBAS ASSET MANAGEMENT

 

Les investisseurs ont un rôle crucial à jouer dans la transition vers un modèle de croissance économique bas carbone, protectrice de notre environnement et inclusive en matière de diversité. Certaines institutions financières et certains gérants d’actifs ont adopté une approche proactive et prospective nécessaire à la réalisation des objectifs de développement durable de l’ONU et de ceux fixés par l’Accord de Paris en 2015 pour lutter contre le réchauffement climatique.

Ensemble, ces objectifs constituent la voie vers une économie durable nous permettant, en tant qu’investisseurs, de préserver les rendements sur le long terme des fonds que nous confient nos clients. Pour atteindre ces objectifs, nous devons nous donner les moyens de nos ambitions en mettant en place des processus rigoureux, une gouvernance solide et des équipes spécialisées en investissement durable. C’est ce que propose notre stratégie globale sustainability, lancée en mars de cette année, et dans laquelle nous détaillons la manière dont nous appliquerons les critères d’investissement durable pour l’ensemble de nos gestions.

Jane Ambachtsheer

Quel investisseur pour un futur durable ?

L’investisseur pour un futur durable met la sustainability au cœur de sa stratégie. Cela signifie intégrer les critères ESG – environnement, social, gouvernance – dans l’intégralité de ses processus d’investissement, de la recherche à la construction de portefeuille. Cela veut aussi dire être un gérant actif, en utilisant le vote et l’engagement pour accompagner les entreprises dans l’amélioration de leurs pratiques ESG, mais aussi les régulateurs dans l’évolution du cadre juridique et réglementaire. Mais cela passe également par une évolution des mentalités et un changement de paradigme dans la culture d’entreprise et des convictions d’investissement. Les processus liés à l’investissement durable (intégration ESG, etc.) doivent être régis par des principes communs adoptés formellement et supervisés par une gouvernance claire et dédiée.

La volonté d’aborder les problématiques 
de long terme est également un élément essentiel du rôle de l’investisseur pour un futur durable. Le changement climatique a par exemple un impact social et environnemental, mais également un impact économique. Cela représente des risques que l’investisseur doit anticiper, mais aussi des opportunités sur lesquelles il peut capitaliser. En 2016, nous nous sommes engagés à aligner d’ici à 2025 l’ensemble de nos actifs sous gestion sur les objectifs de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique nettement en dessous de 2 °C. Pour y parvenir, nous avons renforcé notre politique charbon et utilisons le Sustainable Development Scenario (SDS) de l’Agence internationale de l’énergie comme scénario de référence pour la carbo-intensité de nos investissements. Nous sommes néanmoins convaincus qu’il faut aller au-delà ; nous aspirons à la création d’un scénario 1,5 °C : une base de travail nécessaire à la réorientation des flux de capitaux. Nous travaillons en collaboration avec nos pairs et nos clients pour progresser ensemble dans cette approche. À titre d’illustration, nous participons activement aux travaux de Climate Action 100+, une coalition rassemblant plus de 300 investisseurs et représentant plus de 30 000 milliards de dollars. Elle a pour objectif de pousser les plus grands émetteurs de gaz 
à effet de serre à améliorer leur gouvernance sur le changement climatique, à réduire leurs émissions et à renforcer leur communication financière liée au climat. Ce dialogue avec les entreprises a porté ses fruits avec une entreprise comme le groupe Shell par exemple, qui s’est engagé publiquement en mars 2019 à baisser de moitié son empreinte carbone d’ici à 2050, et de 20 % d’ici à 2035.

Helena Viñes Fiestas

Mesurer et tenir compte de la parité au sein des conseils d’administration

Plusieurs études montrent que les conseils d’administration paritaires prennent de meilleures décisions, favorisant ainsi le développement d’une culture d’entreprise supérieure1. Une culture d’entreprise forte
 est un élément moteur essentiel pour se différencier, fédérer, réussir et alimenter la création de valeur d’une entreprise pour toutes ses parties prenantes, y compris ses actionnaires. Une autre donnée à prendre en considération est la diversité des équipes de management : si les femmes constituent environ 40 % des employés des entreprises de l’indice S&P 1500, elles ne représentent que 6 % des dirigeants2.

Les liens de causalité entre la diversité des employés, du leadership, des administrateurs et la performance des entreprises restent à établir, mais il nous paraît important de développer notre recherche dans ce domaine encore peu exploré par le monde académique.

Dans le cadre de notre stratégie globale sustainability, nous nous sommes engagés 
à mesurer et à publier un indicateur sur la diversité des conseils d’administration des entreprises dans lesquelles nous investissons. C’est une donnée publique mais encore sous-exploitée aujourd’hui, qui sera calculée pour chacun de nos portefeuilles et communiquée à nos gérants, pour leur permettre d’intégrer cet élément dans leur prise de décision d’investissement. C’est ainsi que cette thématique pourra être prise en compte 
de manière plus systématique dans la valorisation des sociétés qu’ils détiennent.

Il y a urgence à agir ensemble pour œuvrer vers un avenir plus durable et inclusif. La communauté financière se doit de contribuer à un avenir meilleur et une économie plus pérenne, et devenir ainsi un réel architecte du futur.

(1) « Toxic Corporate Cultures – and How To Deal with Them », www.brinknews.com, 28 février 2019.

(2) « Closing the Gender Gaps: Advancing Women in Corporate America », Goldman Sachs, octobre 2018.

 

 

 

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