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Consignes colis connectées : vers la fin du chacun pour soi ?

Le contexte inflationniste actuel bouscule nos habitudes de consommation. Pour compenser la hausse des prix, les offres promotionnelles et autres bons plans comme les nouveaux circuits de seconde main, sont de plus en plus plébiscités en France, y compris sur internet. Afin que les acteurs de cette filière soient en mesure de traiter l’afflux croissant de colis dans des conditions qui répondent en même temps à des enjeux économiques et écologiques, une solution s’impose : la mutualisation des flux dans des points de livraison, retrait et dépôt de retours qui soient denses, à grande capacité d’accueil, et ouverts, afin d’être partagés par tous les acteurs du commerce, qu’ils soient en ligne ou de proximité.

 

Saturation des réseaux de distribution de colis

Deux années de pandémie et une inflation croissante auront eu raison des habitudes de consommation des Français. Fin 2021, selon une étude de la FEVAD et de Médiamétrie, ils sont plus de 42 millions à faire des achats en ligne. Si l’inflation et le contexte économique actuels ne sont pas favorables au e-commerce, qui enregistre une baisse notable (-17% selon la FEVAD) au cours du second trimestre 2022, le niveau des ventes de produits reste toutefois supérieur à celui de l’avant-pandémie, avec notamment +29% pour les principales places de marché (FEVAD). Ces volumes continuent donc de solliciter fortement les circuits de livraison de colis. Avec l’installation de nouvelles habitudes d’achat, et des flux en augmentation, les besoins de lieux de prise en charge des livraisons, retours et stockage de colis ne cessent d’augmenter, notamment dans les zones urbaines à forte densité. Les canaux actuels, que ce soit la livraison à domicile et ses 30 à 40% de colis non livrés à la 1ère tentative, ou les points relais, peinent à les absorber dans de bonnes conditions, notamment avec l’essor des ventes de produits d’occasion entre particuliers.

Cette situation est en outre loin d’être optimale d’un point de vue économique, alors même que le prix et la disponibilité du carburant varient au gré des différents conflits, en France comme à l’étranger, et que les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux coûts et modes de livraison : le retrait hors domicile est déjà utilisé par près de 7 cyberacheteurs sur 10, selon la FEVAD.

Enfin, la multiplication des trajets pour livrer un même colis ne répond pas aux attentes des acheteurs qui sont sensibles à l’empreinte carbone du mode de livraison choisi.

Il est essentiel et urgent de faire évoluer la gestion du dernier kilomètre avec des offres plus économiques, plus écologiques, et plus rationnelles. Déjà, et c’est une pratique bien intégrée en France, il s’agit de consolider les flux, donc de privilégier le hors domicile en regroupant des livraisons et retours de colis en points relais, et de densifier pour cela les points de dépôt et de retrait de colis en zone urbaine. C’est là que les consignes colis prennent tout leur sens !

 

Déployer des réseaux efficaces et ouverts à tous les acteurs

Actuellement sur le marché français, des réseaux de consignes colis exclusives se multiplient. Il n’est ainsi plus rare de trouver au même endroit plusieurs de ces mobiliers urbains installés côte à côte en extérieur ou à l’intérieur des galeries marchandes, chacun correspondant à une enseigne ou transporteur spécifique. Pour le client final, quel casse-tête pour se souvenir si la consigne fonctionne avec telle ou telle enseigne au moment de choisir son point de livraison ! En ce qui concerne les livreurs indépendants, s’ils travaillent pour plus d’une enseigne, ce sont autant de codes d’accès ou de terminaux à gérer. Quelques exceptions se développent toutefois sur le marché : citons par exemple les casiers Cliquez et Retirez de la marque Decathlon qui, placés à l’extérieur de ses magasins, peuvent recevoir des colis d’autres transporteurs en plus des flux e-commerce de l’enseigne.

D’autres pays, comme l’Angleterre ou le Japon, ont d’ores et déjà déployé des réseaux multi-acteurs, privilégiant ainsi l’optimisation de l’espace et surtout, l’expérience utilisateur, car le consommateur peut récupérer tous ses achats au même endroit, quels que soient l’enseigne ou le transporteur choisis. C’est une ambition que nous pouvons avoir pour la France également : densifier le réseau de consignes colis connectées contribue à consolider et absorber les flux de livraison, particulièrement importants dans les grandes agglomérations et notamment en région parisienne. Cela favorise son adoption par le plus grand nombre car elles sont disponibles partout. Dans cette démarche, les intérêts du e-commerçant, du client, du transporteur et du propriétaire foncier peuvent tout à fait s’aligner.

 

Penser l’espace urbain autrement

Au-delà de la mutualisation des équipements entre les acteurs, l’espace public doit se saisir de la problématique des livraisons en zone urbaine, comme il l’a fait pour la mobilité en mettant en place des offres de vélos partagés par exemple. Pour optimiser les flux, des consignes colis connectées doivent être intégrées à l’espace urbain pour servir au mieux la communauté vivant autour. Au-delà des achats en ligne, une consigne pourrait également accepter les échanges entre particuliers, ou proposer le retrait d’achats faits dans les commerces de proximité. Il est en effet plus que nécessaire d’enfin réconcilier le commerce en ligne et le commerce physique. En tant que lieu de dépôt et de sécurisation d’achats disponible 24h/24, une consigne automatique est aussi le point idéal pour accueillir d’autres types de services, comme les articles de pressing ou des commandes d’un commerce de proximité. La technologie dont nous disposons aujourd’hui est suffisamment flexible et ouverte pour permettre une utilisation partagée entre plusieurs acteurs et multimodale.

La gestion de l’espace urbain est un facteur de bien-être pour les citoyens et de croissance pour les commerçants. Les municipalités ont tout intérêt à se saisir du sujet et à promouvoir avec ambition l’installation à grande échelle de systèmes partagés de livraison.

 

L’avenir ne s’envisagera pas sans une véritable optimisation des livraisons, pour servir l’intérêt général sans pour autant remettre en cause la stratégie des différents acteurs : transporteurs, logisticiens, enseignes, et surtout, les consommateurs.

 

Tribune rédigée par Benoit Berson, Directeur de l’activité Consignes Colis Quadient

 

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