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Boeing, Voyage Au Cœur Du Réacteur

© Samir Hamladji

Alors que le salon de Farnborough bat son plein, l’avionneur américain Boeing , éternel rival du fleuron européen Airbus, est resté fidèle à la banlieue de Seattle où ses deux usines continuent de faire office de principal employeur de la capitale de l’Etat de Washington et ce en dépit du déménagement de son siège social dès 2001 à Chicago. Reportage au cœur du poumon économique de « Rainy City ».

Le saviez-vous ? Un Boeing 737 décolle ou atterrit toutes les 1,5 seconde. A peine le temps de lever les yeux au ciel ou de tourner la tête que cet « oiseau de fer » a déjà déployé ou replié ses ailes tel l’Albatros de Baudelaire… même si, à la différence de celui-ci, ses ailes de géant ne l’ont jamais empêché de marcher. Ou de voler vers les sommets en l’occurrence. Car, une fois n’est pas coutume, l’entreprise dont l’histoire a commencé à s’écrire dès 1916 à Seattle avant de quitter, en 2001, « la ville de la pluie » pour la bien nommée « ville du vent » de Chicago, a enregistré des résultats impressionnants en 2017. L’un de ses plus beaux millésimes. Ainsi, Boeing a livré davantage d’avions commerciaux que tout autre constructeur et a établi un record industriel avec 763 livraisons l’année dernière. Belle performance. En outre, le groupe dirigé par Denis Muilenberg a engrangé 912 commandes nettes, ce qui représente 134,8 milliards de dollars au prix catalogue. A titre de comparaison, notre champion européen Airbus a livré, sur la même période, 718 appareils.

Malgré l’éloignement géographique entre la « tête » et les « jambes » de « The Boeing Company », l’avionneur continue d’accéder, avec une précision de métronome, aux doléances de compagnies aériennes toujours plus exigeantes. Doux euphémisme lorsqu’il s’agit d’évoquer les prétentions de celles situées dans la péninsule du Golfe, le fameux triptyque « Qatar Airways – Etihad – Emirates ». Il ne fallait pas moins de deux usines, situées à quelques encablures l’une de l’autre, pour contenter l’appétit insatiable de ces chevaliers du ciel. En pleine banlieue de Seattle, les installations d’Everett et de Renton se partagent les tâches. La première est connue pour être « le plus grand bâtiment du monde », selon le Guinness Book des Records avec pas moins de 13,3 millions de m3 et une couverture de 40 hectares au sol. Son homologue de Renton est certes résolument plus modeste (70 000 m2 tout de même), mais bien plus facile à appréhender.

Boeing, « poumon économique » de Seattle

Rendez-vous est donc pris dans cette petite bourgade en ce jeudi après-midi au cœur  du printemps. Comme pour égayer notre venue, Seattle a troqué son manteau de nuages pour une cape d’éclaircies. Le bâtiment, même s’il n’a pas l’envergure de son condisciple d’Everett, reste impressionnant. Des ouvriers ayant terminé leur journée quittent les lieux selon une routine qui, pour certains, dure depuis une trentaine d’années. Car malgré la « délocalisation » du siège à Chicago, Boeing reste le principal pourvoyeur d’emplois de la ville de Seattle. Une prouesse dans une ville qui abrite en son sein d’autres joyaux de l’économie américaine comme Microsoft, Amazon ou encore « l’enfant chéri » Starbucks. Mais une fois dans le « cœur du réacteur », une impression de gigantisme se saisit de nous. Perché sur les passerelles, nous avons tout loisir d’observer les ouvriers s’affairer à proximité des avions, avec rigueur et méthode.

Presque aucun bruit n’émane de ce « centre névralgique » et on ne se lasse pas d’observer ces monstres d’acier, qui, s’ils sont encore dépourvus de leurs ailes pour certains, arborent un revêtement vert émeraude. « Il s’agit d’une coloration qui permet aux appareils de résister à l’oxydation », précise notre guide dépêché par Boeing. Auréolé de ses trente ans de maison, ce dernier n’a rien perdu de sa verve au moment de narrer la légende des 787 et leurs pérégrinations aériennes, et garde un enthousiasme non feint au moment d’évoquer les programmes à venir. A commencer par la « nouvelle star », le 787 BBJ MAX qui a fait une entrée magistrale à Renton au début du mois de mars.

L’horizon comme unique dessein 

Ce dernier né de la gamme 787, dans sa ligne d’assemblage final au moment de notre visite, n’a pas encore reçu l’imprimatur de l’état-major de Boeing. De fait, aucune date n’avait encore été communiquée quant à sa sortie du « temple » de Renton. D’ailleurs, désireux de préserver le secret et même si l’enthousiasme est de mise – avec une certaine réserve tout de même – pour parler du programme, les objectifs et smartphones des photographes plus ou moins avertis sont invités à « mitrailler » ailleurs. La journée s’achève et à peine la lourde porte franchie, Seattle a retrouvé son éclatante grisaille, son « spleen » et son « ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle ».  A se demander si Baudelaire n’est pas venu puiser son inspiration à « Rainy City ».

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