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A400M, « Le Boulet » Au Pied d’Airbus

© Getty Images

L’avion de transport militaire, qui a accumulé les déboires en tout genre ces dernières années, pourrait encore avoir besoin d’un « délai supplémentaire » pour être pleinement opérationnel.

Les nuages s’amoncellent dans le ciel de l’A400M, confronté, une fois de plus, à des soucis techniques. En effet, selon un rapport confidentiel du ministère allemand de la Défense cité par Reuters, Airbus, « pilote » du programme militaire tant décrié pourrait avoir besoin de 12 à 18 mois supplémentaires pour résorber toutes les difficultés auxquelles l’A400M est confronté depuis quasiment sa sortie d’usine. « Etant donné le sous-financement du programme et les demandes attendues liées aux pénalités de retard, Airbus ne fera pas les investissements nécessaires pour réaliser les améliorations requises », est-il indiqué dans le rapport. Et d’asséner le coup de grâce : « l’utilisation opérationnelle de l’avion est de ce fait menacée ». Principales pommes de discorde désignées par le vocable « améliorations requises » : le déploiement des parachutistes et les mesures défensives.

Répondant spécifiquement sur ces « deux points », Airbus, via un porte-parole, s’est borné à déclarer dans la plus pure tradition inhérente à ces sujets sensibles que « le programme A400M avait fait des progrès importants ces douze derniers mois dans les domaines des mesures défensives et du déploiement des parachutistes ». Immédiatement suivi par le directeur de la diivision Airbus Defence and Space, Dirk Hoke, qui s’est évertué – avec plus ou moins de conviction – à déminer la polémique naissante auprès de Reuters, arguant mener des discussions « très constructives avec tous les pays clients européens depuis une réunion tenue fin mars ». Fin de citation.

L’Allemagne hausse (encore) le ton

Mais cet énième retard devrait échauder encore un peu plus Berlin qui multiplie les mises en garde contre Airbus. Déjà en février, le ministère de la Défense allemand établissait un « triste » recensement : un seul des huit avions de transport était pleinement opérationnel. Anecdote cocasse et signe de la « guigne » frappant ce programme, l’A400M, à cause d’une panne moteur, n’a pas été en mesure de ramener à bon port la ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, alors en déplacement en Lituanie. Invité également à réagir à ce fameux rapport confidentiel, une porte-parole du ministère de la Défense n’a fait aucun commentaire sur le fond, rappelant néanmoins insidieusement Airbus à ses obligations. « Nous suivons très étroitement l’évolution du projet », a-t-elle dit, notant donc qu’Airbus avait « l’obligation de trouver des solutions, ce qui expliquait les négociations avec les pays clients ».

La situation devient résolument critique pour l’A400M qui enchaîne les ratés et les surcoûts au point de peser allègrement sur les comptes de sa maison-mère, comme en atteste le propos liminaire de Tom Enders, patron de l’avionneur, lors de la présentation des résultats annuels du 22 février dernier. « Nous avons honoré les engagements pris l’année dernière en termes de performances et d’objectifs à l’exception de l’A400M ». Avec, en prime, une provision inattendue de 2,2 milliards d’euros.

« L’A400M est et reste un enfant à problèmes »

 « Réduire les risques et renforcer l’exécution de ce programme est absolument prioritaire en 2017 », a ajouté Tom Enders. Dans le détail, Airbus a livré 17 A400M en 2016 contre 11 en 2015, et deux depuis le début de l’année 2017. Signe supplémentaire, s’il en fallait, de la désaffection croissante pour le programme, l’Allemagne, qui avait pour ambition initiale de céder 13 A400M, devrait finalement les utiliser « pour ses propres besoins », faute d’acquéreurs intéressés… mais également faute de pouvoir disposer des 40 autres appareils commandés par Berlin qui se font toujours attendre.  

Les surcoûts engendrés par les retards et autres « difficultés » techniques s’élèvent d’ores et déjà à près de 10 milliards d’euros pour l’Allemagne. Tobias Lindner, membre du parti des Verts et de la commission budgétaire, avait d’ailleurs, en mars dernier, fustigé la renégociation du contrat de l’A400M en 2010 fondée sur des attentes irréalistes en ce qui concerne les capacités de ventes à l’étranger. Et d’asséner, cinglant : « L’A400M est et reste un enfant à problèmes ».

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