Cap sur l’industrie 4.0. Les entreprises sont désormais dans l’obligation d’intégrer les technologies de l’industrie du futur pour gagner en compétitivité et entrer dans un cercle vertueux. Cela exige désormais d’être plus ouvert sur l’extérieur, de multiplier les partenariats et d’avoir la capacité de tester au plus vite des concepts. Rencontre avec Stéphane Magana, directeur général de l’association TEAM Henri-Fabre et président de la société Inovsys

 

Comment se situe la France en matière d’industrie du futur par rapport à ses voisins européens ?

Stéphane Magana : Après plusieurs vagues de désindustrialisation, la France cherche à rattraper son retard. Plusieurs programmes ont été lancés pour atteindre cet objectif tant au niveau national que régional. L’industrie du futur va permettre de renforcer la compétitivité de nos industriels soit en consolidant l’existant, soit en l’étendant. Aujourd’hui, les entreprises sont dans l’obligation d’intégrer les technologies de l’industrie 4.0 si elles veulent prendre des marchés. C’est, à terme, une question de vie ou de mort. 

 

Pour mettre en place un écosystème vertueux, il faut non seulement que les grands groupes mais également que les PME franchissent le cap… 

Stéphane Magana : L’enjeu est, effectivement, tant présent au niveau de la supply chain des grands groupes, qu’à celui des PME qui conçoivent leurs propres produits et ont besoin d’intégrer de nouvelles technologies pour se développer. Or, ces dernières évoluent à un rythme de plus en plus soutenu. Du coup, il est devenu nécessaire d’aller chercher l’innovation à l’extérieur puisqu’il est devenu quasiment impossible de tout maîtriser en interne. C’est ce que font les petites structures compte tenu de leur configuration. Mais cela concerne également les structures plus importantes qui doivent apprendre à innover autrement. 

 

L’innovation est au cœur de l’association TEAM Henri-Fabre dont vous êtes le directeur général. Six ans après la création de ce pôle d’innovation mutualisée, quel bilan en tirez-vous ?

Stéphane Magana : TEAM Henri-Fabre facilite l’émergence et l’accélération de projets d’innovation par la mise en commun des enjeux des acteurs de l’écosystème : grandes et petites entreprises issues des secteurs public ou privé, acteurs industriels et académiques. Il s’agit donc d’une mutualisation des intérêts et des moyens. Nous aidons également les entreprises, et en particulier les PME, à intégrer les technologies de l’industrie du futur. Nous jouons également un rôle de développement pour les soutenir dans la recherche de nouveaux business. L’activité de TEAM Henri-Fabre se décline donc selon ces trois axes : innover, intégrer, développer. Nous disposons aujourd’hui de 15 millions d’euros de moyens innovants dans les domaines de la robotique, de l’impression 3D, des nouveaux matériaux… Plus de 80 personnes sont présentes au sein de notre technocentre. Nous avons développé plus de 30 millions d’euros de projets d’innovation (soit une trentaine de projets) à partir des enjeux industriels des différents donneurs d’ordre (EDF, Airbus, SNCF…) qui sont présents dans la structure, tout en accompagnant plus de 500 PME.

 

Dans cet ensemble, quelle place est assignée à Inovsys, l’entreprise dont vous êtes le président ? 

Stéphane Magana : Inovsys, entreprise partenaire de TEAM Henri-Fabre, a pour actionnaires principaux Airbus et EDF. La société a pour objectif d’accélérer et de sécuriser les projets d’innovation de nos clients. Nous aidons ces derniers à sourcer les nouvelles technologies, à les tester rapidement, puis à les qualifier afin de les intégrer dans les process de production de manière optimale. Nous servons plus de sept filières dont l’automobile, les transports ferroviaires, l’aéronautique, les matériaux… Cela nous permet d’aller chercher des technologies et de les faire basculer d’une filière vers une autre, mais aussi de les agréger pour les utiliser de manière innovante. Nous avons ainsi adapté des buses rotatives utilisées pour le nettoyage de cuves dans le domaine de l’agroalimentaire pour le nettoyage de pièces mécaniques de haute précision pour l’aéronautique. Autre exemple : en cette période Covid, nous avons développé un masque en impression 3D qui correspond exactement à la taille du visage (via un scan réalisé avec un iPhone) en collaboration avec Anatoscope, une start-up de Montpellier spécialisée dans le morphing. 

 

Quels sont les grands projets à venir sur lesquels vous travaillez ?

Stéphane Magana : Dans le cadre du plan France Relance, nous en sommes en train de monter un projet d’impression 3D de 12 millions d’euros pour le secteur du nucléaire qui en intègre tous les acteurs principaux (EDF, CEA, Naval Group, TechnicAtome, Framatome, Orano). Il est piloté par TEAM Henri-Fabre, tandis qu’Inovsys est chargée de l’expertise en matière d’impression 3D.