Le monde du transport de marchandises a considérablement été bousculé par la crise du Covid.  Parmi les acteurs qui organisent ces flux internationaux, Derudder est une entreprise qui s’appuie sur une expérience de plus d’un siècle, sans négliger l’apport des nouvelles technologies pour répondre aux enjeux actuels. Pour en savoir plus, nous avons posé quelques questions à Julien Derudder, son président.

 

Derudder est un organisateur de transports qui a plus d’un siècle. Quelles sont les grandes composantes de votre activité ?

Julien Derudder : Derudder est une entreprise familiale qui a plus de 115 ans. Nos principales activités sont la commission de transports, la représentation en douanes, et la logistique, c’est-à-dire la gestion de stocks. Nous sommes présents sur trois sites, avec un bureau commercial à Paris, le stockage à Valence, et au Havre de l’organisation de transports et de la représentation en douanes, pour des opérations sur toute la France depuis que notre métier l’autorise. En effet, avec l’avènement du dédouanement centralisé national, il n’est plus nécessaire de disposer de multiples agences locales. 

 

Quels sont les clients auxquels vous vous adressez ?

Julien Derudder : Nos clients vont de la PME à la multinationale en passant par l’ETI (entreprise de taille intermédiaire). Les PME viennent chercher chez nous une palette complète de services tandis que les grands groupes viennent plutôt rechercher une expertise particulière

 

Quelles ont été les grandes évolutions de l’entreprise ?

Julien Derudder : Depuis que j’ai repris l’entreprise il y a une dizaine d’années, nous l’avons redynamisée mise en avant l’expertise de nos hommes et notre innovation informatique. Ainsi, nous nous efforçons d’attirer les meilleurs collaborateurs en repensant les espaces de travail et nous investissons fortement dans l’IT pour pouvoir proposer des services supplémentaires à notre clientèle. Il y a un an, nous avons lancé une plateforme numérique, Customeo qui permet aux clients de passer leurs instructions en ligne, de suivre les statuts en temps réel de leurs marchandises, de pouvoir chatter avec nos équipes, et de récupérer tous leurs documents. Demander une douane devient aussi simple qu’un achat en ligne. Cela n’a pas d’équivalent dans le monde, et nous ciblons les grands comptes avec cette plateforme. 

 

Est-ce que la crise du covid a accéléré le lancement de cette plateforme ?

Julien Derudder : Non, c’était déjà prévu, mais c’est bien tombé. Mais il est vrai qu’avec le développement du télétravail et le chaos maritime, les demandes en ce sens ont augmenté. Customeo est aussi arrivé six mois avant le Brexit, permettant aux clients de maintenir facilement leur flux. 

 

Quels ont été les impacts récents du chaos dans les transports maritimes ?

Julien Derudder : Il y a un chaos qui a été provoqué par le Covid, les fermetures de ports et l’évolution des choix des consommateurs, ainsi qu’une pénurie de conteneurs. Il faut aussi évoquer le fait qu’à partir du 1er janvier, les compagnies maritimes ont dû filtrer leurs navires car elles n’avaient plus le droit d’émettre trop d’oxyde de souffre (SOx). Et en plus de cela, il y a eu des événements comme l’Evergiven, le navire qui s’est échoué dans le canal de Suez. Ce contexte est venu renforcer la demande de visibilité des clients sur leurs conteneurs. Nous avons déployé en avril une seconde plateforme dédiée au Freight Forwarding « MyRudder », qui autorise cette visibilité sur les marchandises et fournit avec une ETA prédictive, c’est-à-dire l’heure estimée d’arrivée du navire, calculée par une intelligence artificielle.

 

Il y a donc un enjeu important de transparence sur les livraisons ?

Julien Derudder : Tout à fait, il y a de plus en plus d’acteurs qui essaient de donner de la visibilité, en se « pluggant » aux AIS des navires, ou sur les systèmes de tracking des camions Il faut relever aussi le développement du easy quote et du easy booking. Les plateformes digitales doivent permettre d’obtenir un prix immédiat en ligne. Aujourd’hui, certaines compagnies maritimes et certains gros transitaires digitaux vous autorisent déjà à demander une cotation, mais sur des flux très standardisés. Pour pouvoir faire des devis complets en ligne, il faut des outils informatiques beaucoup plus développés, avec des intelligences artificielles capables de lire correctement des grilles de prix, puis reconstituer des tarifs complexes.

 

Quelle utilisation faites-vous de la blockchain ?

Julien Derudder : Nous l’utilisons pour prendre des photos à valeur probante, de marchandises en conteneur. Une fois que le commis a pris la photo, Ces photos prises lors de visite remontent aussitôt sur la plateforme  « MyRudder », où le client peut les consulter en temps réel.