L’intelligence artificielle est en train de révolutionner la médecine. Des méthodes d’imagerie médicale combinées au deep learning et au big data permettent de mieux extraire les biomarqueurs de la progression de la maladie. L’objectif : améliorer le diagnostic et le suivi du patient, et donc sa prise en charge. Mais l’utilisation de l’IA va également contribuer à pousser les frontières pour aller vers une médecine de plus en plus prédictive et personnalisée. Rencontre avec Anas Dogui, healthtech entrepreneur et fondateur de la start-up Imageens. 

 

Comment progresse l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine médical ?

Anas Dogui : On assiste actuellement à une explosion en matière de données de santé qui dépasse, et de loin, la capacité humaine d’analyse. En conséquence, de plus en plus d’acteurs investissent pour développer des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) dans le but d’assister les cliniciens dans leurs prises de décision en termes de diagnostic, de prévention, ou bien encore d’évaluer l’efficacité thérapeutique d’un médicament. 

 

Cela implique-t-il que l’on va vers une médecine plus prédictive et davantage personnalisée ?

Anas Dogui : Effectivement. L’IA est un levier vers une médecine personnalisée et prédictive. On parle d’une médecine de précision où sont pris en compte le métabolisme de l’individu, son environnement et son mode de vie dans le traitement et la prévention des maladies. Sa mise en œuvre en clinique nécessite une bonne capacité à analyser, structurer et intégrer les grands volumes de données cliniques pour l’identification des biomarqueurs pertinents et fiables permettant de  mieux comprendre les maladies et ainsi garantir une meilleure prise en charge du patient. 

 

Votre société, Imageens, est à l’origine de la création d’une solution IA destinée aux cliniciens. Comment fonctionne-t-elle ?

Anas Dogui : Imageens développe une plateforme IA d’analyse d’images médicales qui assiste les radiologues, cardiologues et chirurgiens vasculaires dans leur prise de décision clinique à travers la mesure de biomarqueurs prédictifs et diagnostics du risque cardiovasculaire. Cette technologie a été utilisée par plus de 32 centres internationaux de renommés et dans plus de 77 publications cliniques. De plus, grâce à son produit LABEL, Imageens est capable de structurer et de valoriser les données d’imageries d’entrepôts de données santé pour le développement de nouveaux biomarqueurs pronostiques à plus grande échelle. Label est déployé auprès de la plus importante base de données d’imagerie en Europe suite à son partenariat avec l’AP-HP/EDS et va renforcer le développement de nouveaux algorithmes IA. Aujourd’hui, Imageens travaille à l’obtention de la certification CE (Europe) pour sa technologie et à l’établissement de partenariats avec les grands acteurs du marché pour distribuer ses solutions. 

 

Les données de santé sont des données sensibles. Qu’en est-il de la question de la sécurité concernant ces dernières ? 

Anas Dogui : C’est un véritable défi dont se sont emparés tous les acteurs du secteur et sur lequel Imageens travaille en partenariat avec des entreprises spécialisées dans les questions de cybersécurité. L’entreprise qui va proposer une solution concrète pour protéger les données de santé des patients et la sécurité des transferts de data bénéficiera d’un véritable avantage compétitif. C’est dire si le sujet est important tant pour le clinicien qu’au niveau national. En effet, les puissances de calcul nécessaires à l’élaboration des algorithmes IA nécessitent l’utilisation du Cloud et pose donc des enjeux de souveraineté nationale en termes de technologie employée puisqu’en matière de Cloud, les acteurs américains (comme Google, Amazon ou Microsoft)dominent le marché.