La concurrence est rude sur le marché de la couverture santé complémentaire qui subit également d’importants changements du fait de l’arrivée des technologies numériques et de l’application des nouveaux dispositifs réglementaires comme la Loi ANI, imposant aux entreprises la prise en charge d’une complémentaire santé pour leurs salariés, ou le dispositif « 100 % Santé ». Pour faire face à ces enjeux, les mouvements de concentration s’accélèrent. La preuve avec le Groupe Aésio. Les explications de son président, Patrick Brothier. 

 

Vous êtes à l’origine d’une étude sur les systèmes de santé de 25 pays de l’OCDE. Où la France se situe-t-elle ?

L’étude compare les systèmes de santé de 25 pays de l’OCDE et met en regard leurs points forts et leurs points faibles. La France figure en milieu de tableau. Elle apparaît forte sur le plan curatif, par exemple dans la capacité de traiter les cancers ou les personnes victimes d’affections cardiaques. Nous sommes aussi le pays de l’OCDE qui a les restes à charge les plus bas. Cette accessibilité financière s’explique notamment par la coexistence d’acteurs publics, la sécurité sociale, et privés, les organismes complémentaires. C’est cette articulation, ce mix public-privé, qui permet la grande accessibilité du système de santé français. Il existe cependant d’autres points qu’il faut améliorer et qui expliquent que nous n’apparaissons qu’au milieu de ce classement.

 

Quels sont-ils ?

Signalons, tout d’abord, un réel manque de culture en matière de prévention. Peu de moyens financiers sont mobilisés sur cet enjeu qui, malheureusement, est trop souvent abordé en silos. Pourtant des synergies sont possibles entre l’assurance-maladie obligatoire, les mutuelles que nous sommes, les professionnels de santé, et les associations d’usagers. Ce qui nous permettrait de progresser fortement dans le domaine afin d’optimiser la situation des Français et de réduire les dépenses à long terme sur un certain nombre de champs, les addictions au tabac et à l’alcool, par exemple. D’ailleurs, en comparant la France avec d’autres pays, on s’aperçoit que les plus efficaces sont ceux qui savent articuler les capacités du public et du privé tant au plan de l’organisation des soins, qu’au plan du financement du secteur. Un défi pour lequel nous sommes prêts à prendre toute notre place.

 

Vous avez décidé de prendre en charge à 100 % la vaccination contre la grippe pour vos adhérents non couverts par la sécurité sociale…

Nous avons d’abord pris cette décision pour la sécurité des personnes que nous protégeons, alors que le taux de vaccination n’est pas suffisant. C’est d’autant plus vrai dans le contexte que l’on connaît cette année. Avec l’arrivée de la grippe, s’ajoute au Covid-19 un risque supplémentaire pour les personnes elles-mêmes. Quant au système de santé dans son ensemble, il connaît actuellement une réelle mise à l’épreuve avec la reprise de la pandémie. C’est pourquoi il faut absolument éviter que d’autres malades, atteints par le virus de la grippe, soient amenés à être hospitalisés et viennent mettre à l’épreuve, encore davantage, l’organisation de notre système. 

 

Aésio Mutuelle est née cette année du mariage de trois mutuelles du groupe Aésio : Adréa, Apréva et Eovi-MCD. Pourquoi avoir choisi de fusionner ces trois entités ?

D’abord pour apporter un meilleur service à nos adhérents. Puis, pour aborder de nouveaux enjeux, dont les transformations actuellement en cours et dont nous voulons être acteurs afin de permettre des accès assez larges à ces nouvelles modalités de santé, basées sur la technologie, qui vont émerger dans les 10 prochaines années. On peut parler de l’utilisation du smartphone avec les applications qui vont lui être associés pour nous permettre de mieux accompagner nos adhérents et de leur offrir un volet prévention beaucoup plus personnalisé et efficace. C’est pourquoi il est nécessaire de rendre ces nouveaux usages accessibles économiquement au plus grand nombre. Mais au-delà de cette question, et dans l’esprit mutualiste qui nous anime, nous souhaitons faire du patient, l’acteur de sa propre santé afin qu’il ne subisse pas ces technologies, mais participe activement à leur déploiement et aux choix qui peuvent être opérés. Se regrouper, c’est donc pouvoir disposer d’un modèle économique plus pertinent, plus efficace, pour mieux préparer les enjeux d’avenir. Aésio Mutuelle protège aujourd’hui 2,7 millions de personnes en France.

 

Au-delà de la création d’Aésio Mutuelle, Groupe Aésio est également en train de se rapprocher de la Macif. Quelle forme ce rapprochement va-t-il prendre ?

Dans le cadre de la diversification de nos activités, notamment dans le champ de la prévoyance, nous avions envisagé un premier partenariat avec la Macif qui s’est conclu en 2019 par la création d’une co-entreprise. C’est en cheminant dans nos réflexions communes que nous avons constaté que nous avions la capacité de créer ensemble un groupe mutualiste transversal, très complémentaire. La Macif est un des leaders en assurance de biens et très performant en matière d’assurance-vie. En constituant ce nouveau groupe, qui verra le jour en 2021, nous allons donc couvrir un spectre métier très large, de l’assurance de personnes à l’assurance de biens. Nous avons un potentiel de réalité mutualiste augmenté. A nous de le concrétiser au service des plus de 8 millions de personnes en France que nous allons adresser.