Les cabinets d’expertise comptable surfent sur la digitalisation de la profession pour diversifier la nature de leurs activités, en se tournant vers des missions à forte valeur ajoutée, à commencer par le conseil. Le point avec Nicolas Priest, expert-comptable, associé fondateur au sein du groupe Inelys

 

Comment la transformation numérique impacte-t-elle les cabinets d’expertise comptable ? 

Nicolas Priest : La digitalisation des activités d’expertise comptable n’est bien évidemment pas sans conséquences sur la nature même du métier. Au niveau de l’organisation des cabinets, cela va entraîner soit la disparition de certains postes, soit les modifier en profondeur. C’est, par exemple, le cas de l’activité de tenue comptable, c’est-à-dire la saisie comptable, activité à faible valeur ajoutée pour nos clients chefs d’entreprise. Dans les 5 ans à venir, celle-ci devrait être à 80 % prise en charge par les nouveaux logiciels. 

 

Pour se recentrer sur quels types d’activités ?

Nicolas Priest : Dans ce contexte, notre défi sera de réussir à faire évoluer notre positionnement vis-à-vis des chefs d’entreprise et d’être en capacité de leur apporter plus de VA. Cela va être lié aux missions de conseil et d’accompagnement pour lesquelles nous resterons un interlocuteur privilégié afin d’assister les dirigeants dans leurs problématiques fiscales, sociales, ou juridiques. De plus, parce qu’ils ont atteint une taille critique, les sociétés d’expertise comptable ont désormais pour volonté de proposer à leurs clients une palette de prestations beaucoup plus large qu’auparavant qui peuvent aller du recrutement, jusqu’à des offres d’infogérance pour l’informatique, en passant par de la gestion de patrimoine. 

 

Les cabinets doivent-ils stratégiquement rester des généralistes ou se spécialiser par secteurs ou par types de mission ?

Nicolas Priest : Chez Inelys, nous avons pris la décision stratégique de la spécialisation. C’était déjà le cas auparavant sur le marché des activités immobilières et plus spécifiquement la gestion fiscale des loueurs en meublé (investissement en location meublée : statuts LMP et LMNP, en SCI ou SARL de famille) et pour laquelle nous sommes reconnus au niveau national avec un développement commercial très important (+30 % par an). Autre axe prépondérant que nous avons développé : il concerne les CHR (Cafés, Hôtels, Restaurants) qui représentent une part significative de nos clients.  

Aujourd’hui, nous nous tournons également vers d’autres spécialisations qui concernent le domaine de la paie, celui des ressources humaines, et plus généralement les thématiques liées au social. Nous proposons aux PME de plus de 50 salariés une offre packagée pour leur permettre soit d’externaliser intégralement leur service paie et leurs fonctions RH, soit de les garder en interne. Dans ce deuxième cas, nous leur fournissons tout à la fois l’outil de production et les gestionnaires de paie qui vont opérer le paramétrage. Nous lançons également une spécialisation par type de mission. Nous avons au sein de notre groupe deux experts-comptables diplômés en évaluation-transmission d’entreprises. Il s’agit de missions d’accompagnement que nous proposons dans le cadre de cessions ou d’acquisitions avec tout ce qui en découle : valorisation de l’entreprise cédée ou acquise, incidences juridiques et fiscales de l’opération, etc.  

 

Quelles conséquences ont ces évolutions sur votre politique de recrutement ? 

Nicolas Priest : Un constat : nous avons du mal à recruter quels que soient les profils concernés, qu’il s’agisse de comptables, de gestionnaires de paie, spécialistes juridiques, auditeurs. Dans tous ces domaines, nous devons faire face à une pénurie importante de candidats. Les profils que l’on va recruter demain, pour être en phase avec nos objectifs, devront avoir un niveau de compétence et d’expérience plus important et ne concernent pas forcément les métiers traditionnels de l’expertise comptable. https://www.keyexteriors.com/ Je pense, par exemple, aux ingénieurs data, et plus généralement à des candidats possédant de réelles compétences dans le domaine de l’informatique et qui sauront maîtriser les flux de données.